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Causes et prise en charge de l’obésité
L'obésité est un trouble multifactoriel pouvant entraîner de lourdes complications. Pourquoi devient-on obèse ? Est-ce une fatalité ?

L’obésité, caractérisée par un excès de masse grasse, est un trouble touchant 17% des adultes français, soit 8 millions de personnes (selon l’INSERM et le Ministère de la Santé).

Dans le monde, l’obésité concernerait 400 millions d’êtres humains et serait responsable de 10 à 13% des décès en Europe.

 

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Qu’est-ce que l’obésité ?



Définition de l’obésité

 

L’obésité se définit comme un excès de poids et de masse grasse et des modifications de la graisse (tissu adipeux), entraînant des conséquences néfastes pour la santé. 

Facteur de risque de nombreux pathologies chroniques, l’obésité peut conduire à une réduction de l’espérance de vie et a des répercussions psychologiques et sociales indiscutables.



Comment savoir si l’on est obèse ?

La mesure du tour de taille permet de diagnostiquer une obésité abdominale


À l’heure actuelle, le diagnostic de l’obésité repose sur le calcul de l’Indice de Masse Corporelle (IMC).

L’IMC est calculé à partir de la taille (en mètres) et du poids (en kilogrammes). Pour calculer l’IMC, on divise le poids par la taille au carré : IMC = P/T²
La corpulence de référence définie par l’OMS est entre 18,5 et 25kg/m². Au-delà de 25 kg/m², on parle de surpoids, et au-delà de 30 kg/m², on est face à une obésité. L’IMC est un outil relativement simple à mettre en œuvre pour évaluer la corpulence d’une personne et estimer la masse grasse d’un individu.

Cependant, l’IMC n’est pas toujours un excellent indicateur des facteurs de risques associés à l’obésité. En effet, des sportifs de haut niveau peuvent avoir un IMC les classant dans l’obésité tandis que leur masse grasse est normale voire faible. C’est pourquoi il est intéressant d’associer le calcul de l’IMC à la mesure du tour de taille. Le tour de taille permet d’évaluer la graisse abdominale (autour des viscères), dont l’excès est associé à un risque accru de complications, indépendamment de l’IMC.

Un tour de taille supérieur à 80cm chez les femmes (hors grossesse) et à 94cm chez l’homme caractérise l’obésité abdominale (d’après la Haute Autorité de Santé). Pour mesurer mon tour de taille :

  • Je me tiens debout, pieds joints et bras le long du corps.
  • Je mesure directement sur la peau, sans vêtement, à la fin de l’expiration.
  • Je place le mètre à mi-chemin entre le bas de ma dernière côte et le haut de l’os de mon bassin.




Quels sont les différents grades d’obésité ?



Si je suis obèse, les objectifs de prise en charge dépendront du degré de mon obésité, de mon tour de taille et de la présence ou non de comorbidités (pathologies associées).

Pour définir mon obésité, je peux me référer au tableau de classification de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), utilisé par la Haute Autorité de Santé (HAS) : 

IMC (en kg/m²)

Classification de l’OMS / HAS

18,5-24,99

Valeur de référence

25-29,99

Surpoids

30-34,99

Obésité classe I, modérée

35-40

Obésité classe II, sévère

Au-delà de 40

Obésité classe III, massive



L'obésité massive était également appelée "obésité morbide".



Quelles sont les causes de l’obésité ?

 

Selon l’INSERM, l’obésité est une pathologie aux causes complexes et dont tous les mécanismes biologiques n’ont pas encore été entièrement élucidés.


Pourquoi grossit-on ?

 

La prise de poids s’explique par un déséquilibre entre les dépenses et les apports énergétiques. En d’autres termes, je consomme plus d’énergie que je n’en dépense, ce qui se traduit par une accumulation de graisses de réserves. Nos changements alimentaires et une augmentation de la sédentarité expliquent donc en partie pourquoi la prévalence de l’obésité a triplé depuis les années 1970 :

  • Les aliments ultra-transformés contiennent souvent des calories « vides », c’est-à-dire beaucoup d’énergie pour peu de nutriments intéressants.
  • Les portions sont de plus en plus grandes.
  • L’alimentation est disponible partout, tout le temps, nous incitant à manger plus.
  • Les déplacements quotidiens et les activités professionnelles physiques diminuent.

Lorsque j’apporte plus d’énergie au corps que je n’en dépense, l’évolution vers le surpoids puis l’obésité se fait en deux étapes :

  • Je prends du poids : mes adipocytes (cellules graisseuses) se gorgent de graisse et le surpoids apparaît (phase dynamique).
  • Mon poids reste élevé : mes adipocytes se multiplient, cela augmente ma capacité à stocker de la graisse et permet une prise de poids supplémentaire (phase statique).

Mais l’augmentation des apports énergétiques et de la sédentarité ne suffit pas à expliquer l’obésité. Tout le monde n’est pas égal face à la prise de poids : à apport énergétique égal, certaines personnes prennent plus de poids que d’autres. 

Au sein d’une population, la corrélation entre les apports énergétiques et le poids est assez faible selon une étude de Sobal & Stunkgard, parue en 1989. Le bilan énergétique de nombreux obèses se situe même en dessous de la moyenne de la population. 

L’idée que l’obésité provient donc juste d’une ingestion trop importante de nourriture est donc fausse.



L’obésité, une simple question de volonté ?



Absolument pas ! Une vision très simpliste de l’obésité consisterait à dire que pour revenir à un poids d’équilibre, il suffirait de manger moins et de bouger plus.

Les études montrent pourtant que l’obésité a des mécanismes beaucoup plus complexes. De nombreux facteurs pourraient contribuer à l’évolution du poids vers l’obésité.



Prédisposition génétique à l’obésité

On ne choisit pas d’être obèse. 

Une étude parue en septembre 2021 dans la revue Nature Reviews Genetics nous rappelle que l’obésité serait de 40 à 70% héréditaire. Un individu aurait alors 2 à 8 fois plus de risques d’être obèse si un membre de sa famille l’est aussi.

Il existe « de nombreux gènes impliqués dans la prise de poids, l’obésité sévère et/ou les complications de l’obésité » identifiés par des chercheurs français de l’INSERM et du CNRS. Sauf exceptions*, chaque gène impliqué, pris isolément, a des conséquences faibles sur le poids. L’interaction de ces gènes avec des facteurs environnementaux peut alors devenir significative sur la masse et la composition corporelle. 

*On appelle « obésité monogénique » une obésité liée à une anomalie sur un seul gène. Ce cas de figure est rare et se dépiste très précocement chez l’enfant au regard de la sévérité de la maladie.

 

 

Les facteurs environnementaux de l’obésité

Outre l’alimentation et l’activité physique, d’autres facteurs liés à l’environnement pourraient également influencer le risque de développer une obésité :

  • Je dors peu, je travaille de nuit.
  • Mes repas sont irréguliers.
  • J’ai des troubles du comportements alimentaires : boulimie, hyperphagie (consommation compulsive d’aliments pour me réconforter).
  • Je bois beaucoup d’alcool.
  • Je subis beaucoup de stress, j’ai des troubles anxieux.
  • Je prends des médicaments qui favorisent le gain de poids (anxiolytiques, antidépresseurs…).
  • J’ai arrêté de fumer sans être aidé.

Le risque d’obésité augmente déjà durant la vie fœtale en cas de : tabagisme, diabète de la mère, prise de poids excessive durant la grossesse…

Enfin, le microbiote (aussi appelé flore intestinale) pourrait également jouer un rôle dans la survenue de l’obésité.

Prise en charge de l’obésité



Quelles sont les complications de l’obésité ?


L’obésité peut entrainer de nombreuses complications.

 

Obésité et diabète de type 2

L’obésité est un facteur de risque du diabète de type 2 : 44% des cas de diabète de type seraient imputables au surpoids et à l’obésité. L’insuline, l’hormone qui régule la quantité de sucre dans le sang ne joue alors plus son rôle et le glucose d’accumule. On parle d’insulinorésistance.


Les maladies cardiovasculaires

En cas d’obésité, le risque de développer des maladies cardiovasculaires augmente, notamment :


Obésité et maladies chroniques

De nombreuses pathologies chroniques sont associées au surpoids et à l’obésité. On retrouve notamment :

  • Des maladies hépatiques : stéatose hépatique non-alcoolique (dite « maladie du foie gras »)
  • Des pathologies respiratoires : syndrome d’apnée du sommeil, hypoventilation
  • Des troubles articulaires : arthrose (à cause de la surcharge sur les os et articulations)
  • Des pathologies rénales
  • Des troubles hormonaux : troubles du cycle menstruel, baisse de la fertilité
  • Des complications dermatologiques : mycose, psoriasis

En plus de cette liste non-exhaustive, certains cancers pourraient également être favorisés par l’obésité. Au total, l’obésité serait responsable de 2,8 millions de décès dans le monde chaque année. Cela en fait la 5ème cause de mortalité selon l’OMS.


Conséquences psychologiques de l’obésité

Au-delà des complications physiques, le retentissement psychologique et social de l’obésité, dans une société focalisée sur la minceur, est immense. Baisse de l’estime de soi, dépression, discrimination au travail et dans la vie sociale et sentimentale… ces facteurs ne doivent pas être ignorés.

 

 

 

 

Prévention et traitement de l’obésité


Une activité physique est essentielle pour la prise en charge de l’obésité

 

Peut-on prévenir l'obésité ?

Comme pour toutes les maladies chroniques, la prévention est le meilleur moyen de limiter la survenue ou l’aggravation de l’obésité. Si je suis déjà en surpoids, ma prise en charge doit être globale et personnalisée, tout en tenant compte de mon environnement social et de mon comportement alimentaire. Elle passera notamment par :

  • La mise en place d’une activité physique régulière. Il n’est pas nécessaire de courir un marathon : 30 minutes d’activité physique modérée par jour est un bon objectif que je peux me fixer. Marcher, prendre les escaliers plutôt que l’ascenseur, danser, nager, faire du vélo… toute activité qui me met en mouvement est bénéfique et diminue le risque d’évoluer vers l’obésité !

  • Me stabiliser ou perdre du poids. Réapprendre à manger avec plaisir et de façon saine est un facteur de réussite de la prévention de l’obésité. La perte de poids ne doit pas être trop rapide et doit pouvoir être maintenue dans la durée. Une perte de poids se fait sur le long-terme pour diminuer la masse grasse de façon plus efficace.

Selon mes facteurs de risque, afin de prévenir l’obésité, il pourrait également être judicieux de :

    • Améliorer mon sommeil et mon niveau de stress : exercices de relaxation, méditation, compléments alimentaires…
    • Être accompagné si je souffre de troubles du comportement alimentaires (psychiatre, psychologue).
    • Réduire ma consommation d’alcool.
    • Discuter avec mon médecin de ma prise de poids si je prends des médicaments.


Que faire si je suis obèse ?

Tout d’abord, il n’est pas nécessaire de culpabiliser. Être obèse n’est pas un choix, ce n’est pas de ma faute. Toutefois, l’obésité n’est pas non plus une fatalité. L’approche dépend du type d’obésité et de la présence de comorbidités.

La prise en charge est alors pluridisciplinaire : médecin généraliste, endocrinologue, diététicien, psychologue, kinésithérapeute…

Je peux me faire accompagner par mon médecin et un diététicien-nutritionniste pour amorcer une perte de poids. Quelques kilos perdus peuvent déjà améliorer ma santé : bilan sanguin amélioré, diminution des douleurs articulaires et du risque de diabète…
Les objectifs seront définis et réévalués avec les professionnels de santé tout au long de la prise en charge de mon obésité.

Je garde toutefois en tête que les régimes miracles ne fonctionnent pas et sont dangereux. Je privilégie une perte de poids saine et durable, comme préconisée par le Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids (le GROS).

Enfin, les traitements médicamenteux sont rares. En effet, plusieurs médicaments contre l’obésité ont été retirés du marché suite à des effets indésirables graves. La recherche avance toutefois sur des formes rares d’obésité monogénique.



La chirurgie bariatrique

La chirurgie de l’obésité, appelée chirurgie bariatrique, est réservée aux formes les plus sévères associées à des complications. Il ne s’agit pas, là non plus, d’une solution miracle. Les contraintes alimentaires qui en découlent sont lourdes, et à maintenir à vie.

Plusieurs techniques chirurgicales de l’obésité existent :

  • L’anneau gastrique : grâce à un anneau placé sur le haut de l’estomac, il ralentit le passage des aliments et limite la quantité d’aliments ingérés.
  • Le bypass gastrique : court-circuite une partie de l’estomac et de l’intestin grêle pour réduire l’absorption des aliments.
  • La gastrectomie longitudinale (ou sleeve) : réduit la taille de l’estomac et accélère le sentiment de satiété.

En France, 60 000 interventions ont été réalisées en 2016 et 40 000 en 2019, selon le Ministère de la Santé. L’orientation vers la chirurgie en cas d’obésité devient donc plus pertinente. 

Ces techniques visent uniquement à réduire les apports alimentaires et nécessitent des changements comportementaux en parallèle pour une prise en charge globale de l’obésité. Comme le rappelle l’HAS, « La chirurgie ne permet pas, à elle seule, de perdre du poids et de le stabiliser dans le temps. Elle n’est efficace qu’à condition de modifier ses habitudes alimentaires, d’augmenter son activité physique et d’être suivi médicalement à vie ».

L’obésité n’est pas une fatalité, je n’attends pas pour me faire accompagner.




Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

Sources :