L’hypersensibilité est un trait de personnalité largement méconnu qui touche une part significative de la population mondiale. Vulgarisée dans les années 2000 par Elaine Aron, psychothérapeute et chercheuse en psychologie, l’hypersensibilité touche 15 à 20 % de la population mondiale.
En France, cela concernerait près de 11 millions de personnes. MEDADOM vous informe sur ce qu’est l’hypersensibilité, quelles sont ses causes, ses signes et comment mieux vivre avec cette spécificité.
L'hypersensibilité reflète un trait de caractère marqué par une réactivité plus prononcée sur les plans émotionnel et sensoriel. Une personne hypersensible présente une grande émotivité et peut être décrite par ses proches comme étant très sensible, « à fleur de peau ».
Ce trait de caractère correspond à une sensibilité élevée du système nerveux central qui entraîne une intensité plus forte dans la façon dont la personne ressent les émotions, les stimuli sensoriels (comme les sons, la lumière ou les odeurs) et les interactions sociales.
Être hypersensible ne signifie donc pas simplement être émotive ou vulnérable émotionnellement. Cela implique également une capacité d'empathie plus développée.
On reconnaît une personne hypersensible en observant un ou plusieurs de ces symptômes :
Une forte hypersensibilité émotionnelle | Les hypersensibles vivent leurs émotions intensément, ce qui engendre souvent du mal-être, de l’épuisement et une tendance à pleurer facilement. Cette forte réactivité affective peut aussi générer un sentiment de culpabilité. |
Une réactivité inhabituelle aux stimuli sensoriels | Face aux bruits forts ou aux lumières vives, les hypersensibles se sentent vite stressés, qui peut aller jusqu'au burn-out émotionnel et sensoriel. Au niveau professionnel, elles pourraient se sentir mal dans les espaces ouverts et bruyants comme les open-space. |
Une empathie profonde | Très empathique, la personne hypersensible ressent intensément les émotions des autres, ce qui augmente sa propre vulnérabilité et son hypersensibilité émotionnelle. |
Une difficulté à gérer le stress | Rapidement stressé, l’hypersensible a du mal à affronter les situations conflictuelles ou exigeantes. Il aura besoin de plus de temps pour récupérer émotionnellement ! |
Un besoin fréquent de solitude | Les hypersensibles, souvent introvertis, ressentent le besoin régulier de s’isoler et de “se recharger” pour éviter l’épuisement lié aux interactions sociale |
Une sensibilité importante à la critique | Très sensibles au jugement, ils peuvent facilement interpréter les critiques comme des attaques personnelles, jusqu’à en ressentir un profond mal-être. |
Le mécanisme physiologique de l'hypersensibilité est aujourd’hui partiellement compris. Des recherches ont identifié une variation du gène transporteur de la sérotonine (5-HTTLPR) qui pourrait influencer la perception des stimulus environnementaux.
Cette sensibilité exacerbée pourrait être due à une modulation des processus cognitifs et émotionnels. Elle augmenterait du même coup la vulnérabilité à l'anxiété ou à la dépression.
Par ailleurs, des études en neuro-imagerie ont démontré que cette variation génétique est aussi associée à une hyperactivité de l'amygdale. Cette région du cerveau est impliquée dans le traitement des émotions, ce qui renforcerait encore l'impact des expériences négatives vécues.
D’après les connaissances actuelles, l’environnement semble essentiel dans l’expression des traits hypersensibles. Un environnement calme et stable pourrait protéger un enfant génétiquement prédisposé contre un trouble psychique ou une difficulté comportementale.
À l’inverse, un contexte familial difficile (précarité, violence, alcoolisme…) peut favoriser le développement de l'hypersensibilité, et rendre la personne plus vulnérable sur les plans émotionnel, cognitif et comportemental. Ce type d’environnement influence notamment les capacités d’adaptation cognitive face au stress et aux défis quotidiens.
L’hypersensibilité est souvent associée à d’autres particularités ou troubles psychologiques comme l'anxiété, le Haut Potentiel Intellectuel (HPI), ou encore le Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH).
Scientifiquement, ces liens ne signifient pas nécessairement que l'hypersensibilité en est la cause ou la conséquence directe, mais plutôt qu'elle partage avec eux certains mécanismes neurologiques communs (comme la sensibilité émotionnelle et la gestion différente des stimuli).
L’hypersensibilité n’est pas diagnostiquée par un test médical standard car elle n’est pas considérée comme un trouble, mais comme un trait de personnalité.
Son identification repose sur une combinaison d’autoévaluations, d’observations cliniques, d’entretiens et de l’analyse des antécédents personnels et familiaux.
Des questionnaires d’auto-évaluation validés scientifiquement, comme le test de la chercheuse Elaine Aron, permettent d’explorer ses propres réactions émotionnelles, sensorielles et relationnelles.
Ces outils aident à mieux se comprendre, notamment dans la manière dont on réagit face aux critiques, aux environnements bruyants ou à la surcharge émotionnelle.
Comprendre son hypersensibilité permet également de mieux adapter sa gestion du stress au quotidien. En identifiant ses déclencheurs émotionnels et ses besoins spécifiques, une personne hypersensible peut mettre en place des stratégies pour préserver son équilibre psychologique — parfois avec l'aide d'un thérapeute formé.
À ce jour, la recherche scientifique ne valide pas de classification officielle en profils distincts d’hypersensibles.
L’hypersensibilité est plutôt considérée comme un trait de personnalité qui se manifeste selon un spectre, avec des variations individuelles importantes.
Les travaux de la psychologue Elaine N. Aron, pionnière dans ce domaine, décrivent quatre caractéristiques centrales de la haute sensibilité, résumées par l’acronyme D.O.E.S. :
Selon cette approche, chaque personne hypersensible n’exprime pas nécessairement ces quatre aspects avec la même intensité.
Ainsi, il n’existe pas de « profils types » au sens strict, mais plutôt des manières diverses et personnelles de vivre l’hypersensibilité, influencées par la personnalité, le vécu et l’environnement !
Bien que l’hypersensibilité ne soit pas une pathologie, elle peut parfois engendrer une souffrance émotionnelle réelle : fatigue, anxiété, sentiment d’isolement ou difficultés relationnelles.
Lorsque ces manifestations affectent significativement la qualité de vie, il est pertinent de consulter un professionnel de santé.
Un médecin généraliste peut orienter vers un psychanalyste, un psychologue ou un psychiatre selon les besoins. Une thérapie adaptée — qu’elle soit d’approche psychanalytique, cognitive ou intégrative — peut aider à mieux comprendre son fonctionnement et à développer des outils pour réguler ses émotions et son rapport au monde.
Dans certains cas, une psychothérapie régulière permet de travailler en profondeur sur les schémas émotionnels et relationnels, tout en renforçant l’estime de soi et la capacité à poser des limites.
En se concentrant sur la présence mentale et la pleine conscience, la méditation permet aux hypersensibles de mieux réguler leurs émotions et de développer une plus grande résilience face au stress et aux stimuli extérieurs.
Elle offre un espace pour observer les pensées et les émotions sans s'y attacher, ce qui peut être particulièrement bénéfique pour les personnes hypersensibles qui ont tendance à être submergées par leurs réactions émotionnelles.
En outre, la méditation aide à renforcer la connexion entre le corps et l'esprit, ce qui est essentiel pour les personnes hypersensibles qui peuvent ressentir les sensations physiques de manière plus intense.
En pratiquant régulièrement la méditation, elles apprennent à reconnaître et à apaiser les tensions corporelles associées au stress émotionnel.
Pratiquer quotidiennement un sport est aussi une deuxième piste intéressante pour réduire le stress et les tensions ressentis en cas d’hypersensibilité.
En effet, l'activité physique aide à libérer des endorphines, des neurotransmetteurs qui agissent comme des analgésiques naturels et des régulateurs de l'humeur.
Ces endorphines procurent une sensation de bien-être et de calme, aidant ainsi à atténuer les réactions émotionnelles intenses souvent associées à l'hypersensibilité.
De plus, l'exercice physique offre une bulle de bien-être positive, permettant aux hypersensibles de se concentrer sur les sensations physiques de leur corps plutôt que sur leurs pensées et émotions.
Cette focalisation sur le mouvement et la respiration aide progressivement à apaiser l'esprit et à réduire les niveaux de stress et d'anxiété.
Par ailleurs, la pratique régulière d'une activité physique contribue à améliorer la qualité du sommeil, un élément important pour les personnes hypersensibles qui sont plus sensibles aux troubles du sommeil.
Pour les personnes hypersensibles, apprendre à lâcher prise est une compétence essentielle pour mieux gérer leur sensibilité émotionnelle et réduire leur niveau de stress.
Lâcher prise implique d'accepter les choses telles qu'elles sont, sans chercher à les contrôler ou à les changer.
Cela signifie également être capable de laisser aller les pensées et les émotions négatives qui peuvent surgir, plutôt que de s'y accrocher. La méditation, la respiration consciente et d'autres techniques de pleine conscience aident à cultiver cette attitude de lâcher prise.
Il est par ailleurs important pour les personnes hypersensibles d'apprendre à identifier et à modifier les pensées et les croyances qui alimentent leur besoin de contrôle et de perfectionnisme.
En reconnaissant et en remettant en question ces schémas de pensée, elles peuvent progressivement apprendre à adopter une attitude plus souple et ouverte face à la vie !
L’hypersensibilité n’est pas un trouble mental, mais un trait de caractère marqué par une façon différente d’être sensible. L’intensité affective et émotionnelle est aussi plus élevée.
La gestion de l’hypersensibilité passe par une meilleure connaissance de soi, l’apprentissage de techniques de régulation émotionnelle et l’écoute de son intuition pour éviter la surcharge.
On ne « devient » pas hypersensible, mais des événements marquants ou des périodes de fragilité émotionnelle peuvent intensifier les réactions et rendre les pleures ou la sensibilité plus fréquente.
Sources :
Psychologue.Net - Vers une définition de l'Hypersensibilité
Top Santé - Etes-vous hypersensible ? 9 signes révélateurs
Le Figaro Madame - Sept conseils pour vivre au mieux avec son hypersensibilité