Gastrite : signes, symptômes, diagnostic
La gastrite correspond à une inflammation de la paroi interne de l’estomac. Cette paroi, riche en muqueuses, protège normalement le tube digestif contre le mélange agressif formé par les sucs gastriques et par l’acide chlorhydrique.
Lorsque les sécrétions acides dépassent les mécanismes de défense, de petites plaies, appelées ulcères, peuvent apparaître. Ces atteintes se situent à la jonction entre l’estomac et le premier segment de l’intestin – le duodénum – et constituent la porte d’entrée vers de potentielles complications (perforation, hémorragie).
Qu’est-ce que la gastrite ?
La gastrite désigne donc l’irritation ou l’inflammation de la muqueuse gastrique ; celle-ci peut rester superficielle ou évoluer vers une lésion ulcéreuse plus profonde. Les cellules gastriques libèrent naturellement des protons (ions H⁺) grâce à une pompe à protons ; en excès, ces ions abaissent fortement le pH et renforcent l’action corrosive de l’acide. La paroi répond par un mucus alcalin, mais l’équilibre peut se rompre : la muqueuse devient alors inflammatoire, puis érosive.
Quelles sont les différences entre gastrite aiguë et gastrite chronique ?
La forme aiguë débute brutalement, souvent après un excès d’alcool ou la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Elle s’accompagne de douleurs brûlantes et de nausées, mais régresse en quelques jours si l’agression cesse.
La forme chronique, elle, persiste des mois ou des années ; l’organisme s’adapte, les symptômes peuvent s’estomper, mais la muqueuse continue de se dégrader, exposant, à long terme, au cancer de l'estomac.
Quelle est la durée d’une gastrite ?
Une gastrite aiguë non compliquée guérit généralement en une à deux semaines avec un traitement approprié. La gastrite chronique suit un cours imprévisible : elle peut rester silencieuse, évoluer vers un ulcère duodénal ou nécessiter une surveillance prolongée lorsqu’elle s’associe à Helicobacter pylori ou à une gastrite auto-immune.
Quelles sont les causes de la gastrite ?
Infections bactériennes (notamment Helicobacter pylori)
Helicobacter pylori tolère l’environnement chlorhydrique et s’enfouit dans la muqueuse ; il stimule la sécrétion d’acide, entretient l’inflammation et favorise l’ulcère de l’estomac et l’ulcère duodénal.
Consommation excessive d’alcool, de tabac ou d’anti-inflammatoires
L’alcool altère la barrière muqueuse ; le tabac augmente la sécrétion acide ; les AINS diminuet les prostaglandines protectrices et provoquent des lésions superficielles qui peuvent s’aggraver.
Stress et autres facteurs aggravants
Un stress physiologique majeur (traumatisme, accident vasculaire cérébral, brûlures cutanées étendues, chirurgie lourde) réduit le flux sanguin gastrique et peut déclencher une gastrite « de stress », parfois compliquée d’hémorragie.
Maladies associées (Crohn, reflux, etc.)
La maladie de Crohn, le reflux gastro-œsophagiens et certaines affections auto-immunes participent à l’inflammation intestinale ou gastrique et entretiennent un terrain irritatif.
Quels sont les symptômes typiques d’une gastrite ?
Douleurs à l’estomac, brûlures et nausées
Le signe d’alarme le plus fréquent reste la douleur épigastrique ; elle est souvent décrite comme des brûlures d’estomac, ou parfois comme une brûlure sourde qui irradie dans le dos ou vers le sternum. Une alternance de diarrhée-constipation est aussi possible.
Quels sont les symptômes spécifiques en cas de gastrite chronique ?
La forme chronique est souvent silencieuse ; parfois, une gêne post-prandiale, une digestion lente ou des éructations se manifestent. La découverte peut se faire devant un ulcère gastrique ou une anémie ferriprive due à des pertes occultes dans les selles.
Comment diagnostiquer une gastrite ?
Consultation médicale et interrogatoire
Le clinicien recense antécédents, médicaments et facteurs de risque, puis recherche les signes d’alarme (vomissements sanglants, amaigrissement, suspicion d’hémorragie).
Examens complémentaires : endoscopie, biopsie, test H. pylori
Une endoscopie (ou fibroscopie / gastroscopie) haute visualise la muqueuse ; elle permet d’effectuer des biopsies pour l’analyse histologique et la culture. Des tests respiratoires, sanguins ou sur échantillon de selles complètent le bilan pour détecter H. pylori.
Quels sont les traitements de la gastrite ?
Liste de traitements médicamenteux de la gastrite
Voici les traitements habituellement prescrits :
- IPP (inhibiteurs de la pompe à protons) : réduisent l’acidité et favorisent la cicatrisation.
- Antibiotiques : associés à un IPP lorsque H. pylori est présent.
- Anti-H₂ ou antiacides : actions plus courtes, réservées au soulagement rapide.
En cas d’AINS indispensables, un IPP protecteur est systématiquement associé.
Modifications du mode de vie et de l’alimentation
Voici les recommandations :
- Réduction de l’alcool et arrêt du tabac,
- Repas fractionnés,
- Limitation des aliments très irritants,
- Gestion du stress,
- Arrêt des médicaments gastrotoxiques (priorité),
- Boire suffisamment pour éviter la déshydratation.
Comment éviter les rechutes en cas de gastrite ?
L’éradication complète d’Helicobacter est vérifiée un mois après le traitement ; la poursuite d’un IPP basse dose se discute chez les patients à haut risque d’ulcère. L’absence d’AINS, une alimentation équilibrée et le sevrage tabagique diminuent durablement l’excès d’acidité.
FAQ – Réponses aux questions fréquentes sur la gastrite
La gastrite est-elle grave ?
La majorité des formes aiguës guérissent sans séquelles ; néanmoins, une surveillance s’impose en présence de facteurs de risque, surtout chez les sujets exposés aux AINS ou au tabagisme.
Est-ce que la gastrite peut évoluer en cancer ?
Oui ; certaines gastrites chroniques, notamment à H. pylori ou auto-immunes, augmentent le risque de cancer de l’estomac après plusieurs années, d’où l’intérêt d’un dépistage endoscopique ciblé.
Peut-on soigner une gastrite naturellement ?
Une bonne hygiène de vie atténue les symptômes, mais ni plantes ni compléments alimentaires ne remplacent un traitement médical. Un avis médical spécialisé est indispensable.
Quels sont les signes d’une gastrite chronique silencieuse ?
Une fatigue liée à l’anémie, un test positif pour le sang occulte dans les selles ou la découverte fortuite d’une lésion à l’endoscopie peuvent révéler une gastrite prolongée sans douleur manifeste. Un suivi endoscopique régulier permet de prévenir l’évolution vers une lésion précancéreuse.
Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :
- AMELI - Douleurs à l’estomac et gastrite : manifestations et causes
- MSD Manuals - Gastrite
- Abrégé d’hépato-gastro-entérologie. Ulcère gastrique et duodénal. Gastrite. Editions Elsevier-Masson 2ème édition - Partie « Connaissances » - 2014
- Physiopathologie – bases physiopathologiques de la diététique. Editions Lavoisier 2ème édition - 2014
- Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) - Gastrite