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Aspartame : risques pour la santé et mobilisation européenne

Rédigé par L'équipe de rédaction de MEDADOM | 13/02/25 07:30

Depuis juillet 2023, l’aspartame (E951), largement utilisé dans les produits allégés et sans sucre, est classé comme « cancérogène possible pour l’être humain » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce classement s’ajoute à plus de 30 ans de recherches pointant ses effets nocifs potentiels, notamment un risque accru de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et même de prise de poids à long terme, en contradiction avec son image de substitut au sucre.

Une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), publiée dans la revue PLOS Medicine il y a trois ans, renforce ces inquiétudes. Menée sur la cohorte NutriNet-Santé, qui suit plus de 105 000 adultes en France depuis 2009, elle a permis d’évaluer précisément l’exposition des participants à l’aspartame à travers leurs habitudes alimentaires.

Selon Mathilde Touvier, coordinatrice de l’étude, la consommation de cet édulcorant augmentait de 15 % le risque de développer un cancer, notamment du sein et des cancers liés à l'obésité, comme les cancers colorectaux ou de l'endomètre. Toutefois, ces résultats nécessitent encore des confirmations à plus grande échelle.

 

Une mobilisation européenne pour son interdiction

 

Une pétition pour alerter les autorités

Face à ces risques, les organisations Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka ont lancé une pétition à l’échelle européenne pour exiger l’interdiction de l’aspartame. Elles interpellent la Commission européenne ainsi que les chefs de gouvernement des États membres, appelant à l’application du principe de précaution qui impose de retirer du marché les substances jugées potentiellement dangereuses pour la santé publique. Cette initiative mobilise onze pays européens, dont la France, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni.

 

Des études jugées encore insuffisantes

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fixé la dose journalière admissible d’aspartame à 40 mg/kg. Pour un adulte de 70 kg, cela équivaut à neuf canettes de soda light par jour. Pourtant, des effets néfastes ont été observés même à des doses bien inférieures, notamment avec une demi-canette quotidienne.



Le classement du CIRC repose également sur des études européennes et américaines ayant mis en évidence un lien entre la consommation d’aspartame et certains cancers, comme le carcinome hépatocellulaire (cancer du foie).

Toutefois, ces résultats restent à confirmer. Comme le souligne l’agence dans la revue The Lancet, « ces données ne sont pas encore totalement cohérentes dans l’ensemble des études disponibles ». C’est pourquoi l’aspartame est resté dans la catégorie 2Bcancérogène possible »), alors que les cancérogènes probables figurent en catégorie 2A et les cancérogènes avérés en catégorie 1.

 

L'étude NutriNet a notamment poussé le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), l'agence spécialisée de l'OMS, à classer l'aspartame comme "cancérogène possible" en l'intégrant dans la catégorie 2B – la catégorie 2A, elle, intègre les cancérogènes "probables", quand la catégorie 1 désigne les cancérogènes "avérés". Celle-ci regroupe les agents pour lesquels les données sont "limitées" ou bien "insuffisantes". En l'état, cela ne dit pas grand-chose, sinon qu'il faut poursuivre les travaux de recherche.

Francesco Branca, responsable de l’OMS, avait d’ailleurs nuancé ces conclusions en déclarant : « Nous ne conseillons pas aux entreprises de retirer leurs produits, ni aux consommateurs d’arrêter totalement leur consommation ». Une position qui, pour les associations mobilisées, ne suffit pas à écarter le risque et justifie la poursuite de leur combat pour une interdiction stricte de l’aspartame en Europe.

 

Un enjeu de santé publique : des consommateurs en attente d’actions concrètes

 

D’après un sondage réalisé pour Foodwatch, un Européen sur deux consomme régulièrement des produits contenant de l’aspartame, soulignant un véritable enjeu de santé publique. Face à ces préoccupations, une majorité de consommateurs européens se prononce en faveur d’une interdiction de l’aspartame, privilégiant le principe de précaution pour protéger leur santé.

L’aspartame, présent dans de nombreux produits allégés et boissons light, est au cœur d’un débat scientifique et réglementaire. Classé « cancérogène possible » par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) en 2023, son innocuité reste controversée. Tandis que l’EFSA et l’OMS considèrent qu’il ne représente pas de danger aux doses recommandées, certaines études soulignent des risques potentiels pour le métabolisme et le microbiote intestinal, en plus de ses effets suspectés sur le diabète et les maladies cardiovasculaires.

Dans ce contexte, les experts appellent à une réduction de son usage et une meilleure information des consommateurs, alors que les industriels mettent en avant son rôle dans la lutte contre l’excès de sucre et l’obésité.

 

Réglementations européennes : un cadre strict pour protéger la santé publique

 

Le principe de précaution, inscrit à l’article 191 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) et dans la législation alimentaire générale (règlement CE n° 178/2002), impose à l’Union européenne d’agir en faveur de la santé publique en l’absence de certitudes scientifiques absolues. Par ailleurs, l’article 114, paragraphe 3 du TFUE oblige la Commission européenne à prendre des mesures basées sur les données scientifiques les plus récentes pour protéger les consommateurs.



Concernant les additifs alimentaires, le règlement (CE) n° 1333/2008 fixe des critères stricts pour leur autorisation. Selon l’article 6.1, un additif ne peut être inclus dans la liste des substances autorisées que s’il remplit trois conditions :

  • Il ne présente pas de danger pour la santé aux niveaux d’utilisation proposés, selon les preuves scientifiques disponibles ;
  • Il existe un besoin technologique justifié, qui ne peut être satisfait par d’autres moyens économiquement et technologiquement réalisables ;
  • Son usage ne doit pas induire le consommateur en erreur.

Ces réglementations renforcent la nécessité d’une réévaluation approfondie de l’aspartame à l’échelle européenne, au regard des nouvelles études et des préoccupations grandissantes des consommateurs.

Point d’alerte : bien que  l’interdiction de l’aspartame pourrait entraîner une substitution par une consommation accrue de sucre, notamment de sucre raffiné, dont les effets sur la santé publique sont bien établis. Une consommation excessive de sucre est associée à des risques pour la santé, tels que l’obésité, le diabète de type 2 et certains types de cancers.

Il est donc important de veiller à ce que les patients disposent de solutions alternatives adaptées, permettant de réduire les risques pour leur santé sans les exposer à d’autres dangers liés à l’excès de sucre.

 

Les médecins généralistes en téléconsultation peuvent vous orienter vers des spécialistes en nutrition, diabétologie par courrier d’adressage. 

 

 

Sources :