Formation des métastases dans le cancer du sein : un traitement ?
Le cancer du sein est un cancer plutôt fréquent. S'il se soigne très bien pour la plupart des patientes, le risque de métastases n'est pas exclu. Des données scientifiques très récentes viennent de mettre en lumière comment se forment les métastases, ouvrant la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques.
Quelques données sur le cancer du sein
Le cancer du sein est le type de cancer le plus courant chez les femmes. En France, il touche chaque année quelque 60 000 personnes. Un chiffre qui souligne l'importance du dépistage organisé.
En effet, les campagnes de sensibilisation et les programmes de dépistage jouent un rôle essentiel dans la lutte contre cette maladie. Ils permettent de détecter les cancers à un stade initial, où les chances de guérison sont significativement plus élevées. En effet, lorsque le diagnostic est posé tôt, le taux de survie à cinq ans après le traitement atteint ou dépasse les 90 %.
Néanmoins, le tableau n'est pas entièrement positif. Un nombre non négligeable de patientes diagnostiquées avec un cancer du sein verront leur maladie évoluer en métastases. Une complication grave où les cellules cancéreuses se propagent à d'autres organes du corps.
Les métastases marquent une étape significativement plus difficile à traiter, avec des options thérapeutiques réduites et des pronostics souvent plus sombres. Les métastases constituent la principale cause de décès chez les patients atteints de cancer du sein.
Face à ces défis, le dépistage précoce et les avancées dans les traitements médicaux et chirurgicaux restent nos meilleures armes dans la lutte contre le cancer du sein. C'est pourquoi une équipe de Grenoble étudie les mécanismes moléculaires sous-jacents à la formation des métastases dans le cancer du sein. Leurs derniers résultats ont été publiés dans la revue Cell Discovery.
Un nouveau mécanisme moléculaire mis à jour
Les travaux publiés récemment marquent une avancée majeure dans notre compréhension du cancer du sein, spécifiquement dans le processus menant à la formation de métastases. Cette découverte scientifique pourrait révolutionner le traitement du cancer du sein, en particulier pour les formes les plus agressives et résistantes aux traitements actuels.
Quel est le mécanisme moléculaire de migration cellulaire ?
Au cœur de cette découverte se trouve l'identification d'un mécanisme moléculaire spécifique qui facilite la migration des cellules cancéreuses du sein. L’équipe a identifié l'enzyme SMYD2 comme un acteur clé dans ce processus. SMYD2 modifie d’autres protéines par méthylation, influençant ainsi leur fonction et permettant aux cellules cancéreuses d'acquérir la capacité de se déplacer vers d'autres parties du corps.
La présence anormale de SMYD2 dans les cellules cancéreuses contribue à la motilité et à l'invasion cellulaire, précurseurs des métastases. L'équipe a observé que les souris ne produisant pas SMYD2 développent moins de métastases, soulignant le potentiel thérapeutique de bloquer cette enzyme. L'inhibition de SMYD2 par voie orale pourrait limiter considérablement la propagation métastatique chez la souris, suggérant des pistes de traitement prometteuses pour les humains.
Quels sont les impacts sur la prise en charge ?
La mise en lumière de l'enzyme SMYD2 ouvre de nouvelles voies thérapeutiques. Par exemple, développer des inhibiteurs spécifiques à SMYD2 pourrait empêcher la migration cellulaire, et donc la formation de métastases. Cette stratégie offre une lueur d'espoir pour les 15% à 20 % de patientes atteintes de formes métastatiques du cancer du sein, pour qui les options de traitement sont actuellement limitées.
L'identification de cibles moléculaires spécifiques, comme SMYD2, est capitale pour le développement de traitements ciblés. Ces traitements peuvent potentiellement offrir une efficacité accrue avec moins d'effets secondaires par rapport aux approches thérapeutiques conventionnelles.
Que peut-on faire pour prévenir le cancer du sein ?
Pour prévenir le cancer du sein, voici une liste d'actions à mettre en place :
Alimentation équilibrée | Privilégiez une alimentation riche en fruits, légumes, céréales complètes et protéines maigres. Limitez la consommation de viandes rouges et transformées, ainsi que les aliments hautement transformés et sucrés. |
Réduire la consommation d'alcool | Limitez votre consommation d'alcool à un verre par jour ou moins, étant donné que même une consommation modérée augmente le risque de cancer du sein. |
Activité physique régulière | Intégrez au moins 150 minutes d'activité physique modérée ou 75 minutes d'activité vigoureuse par semaine pour maintenir un poids santé et réduire le risque de cancer du sein. |
Maintien d'un poids sain | L'obésité, surtout après la ménopause, peut augmenter le risque de développer un cancer du sein. Visez un indice de masse corporelle (IMC) dans une fourchette saine. |
Arrêt du tabac | Fumer est associé à un risque accru de nombreux cancers, y compris le cancer du sein. Arrêter de fumer peut réduire ce risque. |
Dépistage et auto-examen | Familiarisez-vous avec vos seins par des auto-examens réguliers et suivez les recommandations de dépistage (mammographies) selon votre âge et votre risque personnel. |
Consultez pour votre Histoire Familiale** | Si vous avez des antécédents familiaux de cancer du sein, discutez avec un professionnel de santé pour évaluer votre risque et considérer un conseil génétique. |
Allaitement | Si possible, l'allaitement peut légèrement réduire le risque de cancer du sein, surtout s'il est prolongé sur plusieurs mois. |
Sources :
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Casanova, A.G., Roth, G.S., Hausmann, S. et al. Cytoskeleton remodeling induced by SMYD2 methyltransferase drives breast cancer metastasis. Cell Discovery. Janvier 2024.