Touchant plusieurs centaines de millions de personnes dans le monde, l’obésité représente aujourd’hui un véritable enjeu de santé publique. Si les causes de cette maladie métabolique chronique sont complexes, l’un des facteurs majeurs ayant été identifiés est une alimentation déséquilibrée. Une équipe de chercheurs français a tenté d’en savoir plus quant à l’impact de l’alimentation et plus particulièrement de l’apport en acides gras omégas 3 et 6 sur l’apparition de l’obésité.
Zoom sur les conclusions de leurs travaux inédits.
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À l’heure actuelle, l’obésité représente un véritable enjeu de santé publique. Cette maladie touche en effet près de 650 millions de personnes adultes à travers le monde et son incidence ne cesse d’augmenter au sein de la population. Ce constat est d’autant plus préoccupant que l’obésité est associée à de nombreuses comorbidités telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, les troubles cognitifs ainsi qu’à une mortalité élevée.
D’où l’intérêt de mieux comprendre les origines de cette maladie métabolique chronique et multifactorielle. Selon des études scientifiques précédemment menées, l’obésité est associée à un dysfonctionnement métabolique mais aussi à une inflammation systémique et une inflammation cérébrale appelée « neuro-inflammation ».
Il s’agit d’une inflammation chronique localisée au niveau du système nerveux central avec augmentation de marqueurs pro-inflammatoires dans la région de l’hypothalamus. Or cette zone du cerveau est celle qui contrôle les comportements alimentaires. Mais jusqu’à présent, la communauté scientifique n’est pas parvenue à identifier la nature des lipides qui pourraient être impliqués dans cette neuro-inflammation.
Si les causes de l’obésité sont complexes et imbriquées, l’un des facteurs principaux ayant été identifiés demeure une alimentation déséquilibrée. Forts de ce constat, des chercheurs français ont tenté d’en savoir plus quant à l’impact de l’apport alimentaire en certains lipides (acides gras) sur l’apparition de l’obésité.
Ces dernières années, les populations des pays développés ont tendance à consommer toujours plus d’acides gras omégas 6. Or ces omégas 6 ont des propriétés inflammatoires reconnues. Pour mener à bien cette nouvelle étude, des chercheurs de l’Inserm, du CNRS et d’Université Côte d’Azur se sont donc penchés sur les acides gras omégas 3 et 6. Ces acides gras sont essentiels au bon fonctionnement de l’organisme et doivent absolument être apportés par l’alimentation vu que le corps n’est pas capable de les fabriquer de lui-même.
Il faut néanmoins veiller à ce que ces apports respectent un certain ratio omégas 6/omégas 3 pour avoir un équilibre entre les propriétés pro-inflammatoires des omégas 6 avec les propriétés anti-inflammatoires des omégas 3.
On retrouve les acides gras omégas 6 dans les huiles de tournesol et de maïs et les acides gras omégas 3 dans les poissons gras ou les huiles de lin, de chanvre, de colza, de noix ou de soja.
À l’occasion de ces travaux, les chercheurs ont souhaité vérifier si les omégas 3 et les omégas 6 participaient au processus de neuro-inflammation et s’ils pouvaient être associés au développement de l’obésité. Ils ont ainsi expérimenté sur des modèles de souris trois régimes alimentaires obésogènes (riches en lipides) avec différents ratios d’acides gras :
L’huile de colza (riche en omégas 3) et l’huile de tournesol (riche en omégas 6) utilisées dans cette étude sont des huiles végétales du commerce.
Les scientifiques ont ensuite analysé les effets de ces différents régimes alimentaires sur la prise de poids et le stockage des graisses, le développement de troubles cognitifs et sur l’inflammation cérébrale des souris.
Après 5 mois d’expérience, l’équipe de chercheurs a constaté des effets différents sur les souris selon le régime alimentaire auquel elles étaient soumises :
D’après ces résultats, un régime enrichi en omégas 6 serait ainsi fortement associé à des altérations métaboliques, inflammatoires et cognitives, alors qu’un régime enrichi en omégas 3 aurait des effets préventifs.
Publiés dans la revue Brain Behavior and Immunity, ces résultats sont précieux en ce sens qu’ils apportent un nouvel éclairage sur les liens entre obésité et inflammation. Jusqu’à présent, l’augmentation de l’état inflammatoire était attribuée à l’obésité. Mais cette nouvelle étude tend à démontrer que l’état inflammatoire dépend en réalité du type de régime alimentaire suivi. En clair, une alimentation riche en omégas 6 serait en cause dans les phénomènes inflammatoires observés et non l’obésité elle-même.
Ces résultats sont également inédits car ils prouvent qu’un régime enrichi en lipides pourrait s’avérer protecteur contre l’obésité et l’inflammation associée, si et seulement si la consommation d’omégas 3 est privilégiée.
Nul doute que les conclusions de cette nouvelle étude permettront à la recherche de progresser en matière de prévention et de lutte contre l’obésité. En attendant, l’équipe de chercheurs envisage d’approfondir ses investigations pour décrypter le rôle joué par certaines cellules du cerveau dans l’apparition de l’obésité.
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