Les compulsions alimentaires correspondent à des prises alimentaires impulsives et irrépressibles, entraînant un sentiment de perte de contrôle.
Pouvant être sources d’une grande souffrance émotionnelle, elles concerneraient 30 à 40% des adultes obèses, mais aussi les individus sans problèmes de poids.
En cause, des mécanismes liés à la volonté de contrôler son poids et son alimentation, mais pas seulement.
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D’après le Larousse médical, la compulsion alimentaire est « une des formes les plus répandues de compulsion (un trouble du comportement caractérisé par une envie irrésistible d'accomplir certains actes, à laquelle le sujet ne peut résister sans angoisse). Elle se traduit par une impulsion soudaine à absorber un aliment donné en dehors des heures habituelles des repas, souvent en dehors de toute nécessité métabolique et de la sensation de faim qui en découle. ».
Le dictionnaire ajoute d’ailleurs que « les compulsions alimentaires entraînent souvent un sentiment de culpabilité. Elles ne sont anormales que lorsqu'elles sont répétitives et poussent le sujet à une recherche active des aliments. Elles peuvent aller jusqu'à la boulimie, dans laquelle le sujet est régulièrement pris d'une envie irrépressible de nourriture, dont il absorbe des quantités massives.
La conséquence de la compulsion alimentaire, qui augmente notablement l'apport calorique quotidien, est la prise de poids. ».
En d’autres termes, les compulsions alimentaires se définissent par un besoin irrépressible de manger, sans faim et bien au-delà de son rassasiement, accompagné d’un sentiment de perte de contrôle.
Ce qui caractérise une compulsion alimentaire c’est :
Ainsi, les compulsions alimentaires diffèrent du simple « grignotage » (petites quantités sur des temps longs) ou d’une collation (souvent prévue), ou de ce qu’on l’on appelle la gourmandise.
De plus, les compulsions alimentaires sont généralement associées à des pensées culpabilisantes et dévalorisantes.
Les compulsions alimentaires peuvent :
Il n’existe ainsi pas un modèle unique de compulsions alimentaires.
L’hyperphagie boulimique est un trouble des conduites alimentaires (TCA), aux côtés de l’anorexie mentale et de la boulimie.
Les compulsions alimentaires sont un symptôme de l’hyperphagie boulimique, et sont ainsi généralement appelées « crises d’hyperphagie » ou « binge eating » en anglais.
En effet, l’hyperphagie boulimique se caractérise par des crises récurrentes (au moins 1 jour par semaine pendant 6 mois) durant lesquelles une grande quantité de nourriture est ingérée, sur des temps courts et avec un sentiment de perte de contrôle. Contrairement à la boulimie, l’hyperphagie boulimique n’induit pas de comportements compensatoires inappropriés (vomissements provoqués, utilisation de laxatifs ou de diurétiques, activité physique excessive…).
Avoir envie de manger sans avoir faim est courant et normal. Il s’agit le plus souvent d’envies de manger émotionnelles (EME).
Toute variation de l’humeur (stress, tristesse, colère, honte, déception, culpabilité, mais aussi joie, excitation…) et toute forme d’inconfort physique ou psychologique (fatigue, douleur, ennui…) peut provoquer une envie de manger.
Cette envie de manger émotionnelle, qui n’est pas une compulsion alimentaire (bien qu’elle puisse être impulsive), se matérialise par une motivation à manger dans le but de réguler une émotion, en :
Tout le monde, ou presque, a des envies de manger émotionnelles. Pour répondre à ces EME, il faudra alors consommer des aliments réconfortants :
Répondre à ces envies de manger émotionnelles n’entraîne pas de compulsions alimentaires. Le plus souvent, c’est d’ailleurs plutôt la lutte CONTRE ces envies qui les génèrent.
En effet, les envies de manger émotionnelles nous aident à maintenir un équilibre psychologique en rétablissant nos variations d’humeurs, tout comme le sommeil, un câlin avec quelqu’un que l’on aime ou une séance de sport (mais l’un ne se substitue pas à l’autre !).
Après avoir mangé un aliment réconfortant (du chocolat, du saucisson ou du fromage par exemple), on se sent mieux et on passe à autre chose : on est réconforté. Au repas suivant, sans aucune intervention consciente de notre part, on a moins faim et on mangera un peu moins que d’habitude. Ainsi, les envies de manger sont, non seulement normales, mais également neutres sur le poids.
Les mécanismes sous-jacents des compulsions alimentaires sont multiples. Les compulsions alimentaires peuvent être secondaires à des composantes nutritionnelles mais aussi psychologiques et comportementales.
Faire un régime amaigrissant, qu’il soit très restrictif ou non, est difficile à tenir sur la durée. Et pour cause, cela demande du contrôle pour suivre des règles externes plutôt que ses sensations alimentaires et ses envies. Or ce contrôle mental sur son alimentation (appelé « restriction cognitive ») n’est pas en mesure de tenir face aux besoins du corps !
En effet, lorsque l’on a faim ou envie de manger, c’est que le corps a un besoin à combler (énergétique, nutritionnel ou émotionnel). Si l’on décide de lutter, ce besoin ne disparaît pas et le cerveau développe une focalisation sur les aliments, qui peut devenir une véritable obsession, pouvant être responsable de compulsions alimentaires. Comme si le cerveau n’avait plus qu’un objectif : manger.
Jean-Philippe Zermati, médecin-nutritionniste et co-fondateur du Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids (G.R.O.S) explique ainsi : « Chaque fois que le système volontaire exécutif tente de prendre le contrôle sur les systèmes de régulation physiologiques, la machine s’emballe et se rebelle. Quand le contrôle mental s’oppose à des besoins psychophysiologiques et aux envies qui les expriment, les pensées de nourriture deviennent une préoccupation centrale et le comportement alimentaire devient aberrant et anarchique. C’est alors que la nourriture devient addictive. ».
D’ailleurs, au-delà des besoins nutritionnels non comblés, la simple intention de se restreindre peut entraîner elle aussi des compulsions alimentaires !
D’après l’association Autrement, spécialisée dans les TCA, les deux tiers des gens qui font des compulsions alimentaires ont commencé un régime.
Lorsque l’on mange pour se réconforter, cela nous apaise. Toutefois, si l’on est en restriction, on peut avoir l’impression d’être nul, d’avoir fauté, craqué, voire gâché tout son régime si l’on « cède » après avoir tant lutté.
La culpabilité ainsi générée provoque de nouvelles émotions inconfortables et donc potentiellement de nouvelles envies de manger émotionnelles. L’humeur se dégrade de plus en plus. On rentre alors dans un cercle vicieux, source de compulsions alimentaires, car l’alimentation ne remplit plus son rôle réconfortant et l'on n’arrive plus à être rassasié de l’aliment réconfortant.
C’est ainsi que l’on peut développer des « addictions » comportementales à certains aliments.
Parfois, les compulsions alimentaires peuvent être dues à une autre raison : on peut avoir besoin de se remplir, sans même rechercher de plaisir. L’objectif n’est alors plus de se réconforter, mais de s’assommer pour ne plus rien ressentir.
Ce comportement alimentaire pourrait s’apparenter à un comportement automutilatoire : l’objectif est de se faire mal physiquement pour s’anesthésier émotionnellement.
Dans cette situation, il est essentiel d’être accompagné par un professionnel : psychiatre ou psychologue.
Pour savoir comment freiner ses compulsions alimentaires, il est d’abord nécessaire d’en comprendre la cause.
Si les compulsions découlent d’une volonté de s’anesthésier émotionnellement, le traitement consistera en premier lieu en une psychothérapie. Celle-ci peut s’appuyer sur les thérapies cognitives et comportementales (TCC).
Pour les autres causes de compulsions alimentaires, un travail sur le comportement alimentaire sera indiqué.
Ce dernier consistera ainsi à :
Lorsque l’on souffre de compulsions alimentaires, il peut être judicieux d’être suivi par une équipe pluridisciplinaire.
En cas de compulsions dues à une recherche d’anesthésie émotionnelle, un psychiatre ou un psychologue formé aux TCC est le professionnel le plus indiqué. Les TCC ont fait l’objet d’études et ont montré un réel intérêt sur la prise en charge des crises d’hyperphagie.
Pour les autres types de compulsions alimentaires, le travail peut être fait par des professionnels formés sur le comportement alimentaire, parmi lesquels :
Les compulsions alimentaires peuvent avoir des répercussions sur la santé physique et mentale. Des professionnels de santé peuvent vous accompagner.
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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :