La junk food, ou malbouffe en français, est accusée de nombreux maux : prise de poids, maladies chroniques…
Avec l’augmentation du coût des aliments, de nombreux Français se tournent vers ces aliments, peu chers et pourvoyeurs de calories nécessaires à notre survie.
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La « junk food », littéralement « nourriture déchet » ou « nourriture camelote » en anglais, est un terme fréquemment utilisé pour décrire des produits alimentaires de mauvaise qualité, voire nuisibles à la santé. En français, la junk food est souvent appelée « malbouffe » et fait référence à une nourriture de faible valeur nutritive et de forte teneur en graisses ou en sucres.
Lors que l’on parle de junk food ou de malbouffe, on pense tout de suite à la nourriture des fast-foods : hamburgers, pizzas dégoulinantes de fromage, frites bien grasses, sodas… Toutefois, la notion de junk food possède une dimension beaucoup plus vaste que les seuls aliments vendus en restauration rapide.
Sont considérés comme de la junk food tous les aliments riches en graisses saturées, en calories, en sucres ajoutés, en sel et/ou ultra-transformés. Ainsi, on peut y classer les chips, les barres chocolatées, la pâte à tartiner, les bonbons et confiseries… mais aussi les plats préparés prêts à réchauffer.
Au-delà des valeurs nutritionnelles de ces aliments, sont souvent pointés du doigt les additifs, les contaminants issus de la transformation et des emballages…
C’est pour cette raison que les sodas light, contenant des édulcorants (et donc des additifs), sont aussi considérés comme de la junk food malgré un apport calorique et glucidique nul.
Enfin, les aliments marketés comme sains, tels que les steaks végétaux ou encore les carottes râpées du supermarché, peuvent également se retrouver dans cette catégorie. Nombreux additifs, présence de sucre et/ou de sel ajouté, perte de vitamines à la transformation… peuvent expliquer cette catégorisation.
S’il est aujourd’hui difficile de quantifier le nombre de Français qui consomment de la junk food, notamment car sa définition est imprécise, une chose est sûre : la malbouffe est un marqueur de précarité.
En effet, la junk food répond à deux problématiques : elle est en général moins chère que les aliments perçus comme sains et est riche en calories (nécessaires à notre survie). Cela en fait donc une solution de choix lorsque nos revenus sont bas.
Ainsi, avec la hausse des prix que nous subissons actuellement, le recours à la malbouffe connaît, lui aussi, une inflation. Avec une augmentation de prix de plus de 30% en un an sur les fruits et légumes frais, de plus en plus de Français n’ont de choix que de se tourner vers les aliments qu’ils peuvent encore se procurer…
Avec une explosion des cas d’obésité (passés notamment de 8,5 à 17% entre 1997 et 2020 en France) et des maladies chroniques dans les pays occidentaux sur ces dernières décennies, la recherche s’est tournée vers le coupable idéal : la junk food.
Plusieurs études ont donc investigué le lien entre la junk food et :
Ainsi, la malbouffe pourrait avoir des conséquences, non pas uniquement sur notre santé physique, mais aussi sur notre santé mentale.
Les chercheurs ont ainsi avancé plusieurs hypothèses qui pourraient expliquer ce lien entre junk food et santé mentale :
Les aliments ultra-transformés, riches en sucres, en sel et en graisses saturées (en d’autres termes, la junk food) sont ainsi soupçonnés d’augmenter les risques pour notre santé mentale, tandis qu’un régime méditerranéen (riche en acides gras insaturés, en fibres, en vitamines et antioxydants) les limiterait.
Pourtant, ce n’est pas si évident. Les études montrent en effet une corrélation, c’est-à-dire un lien entre les deux variables (consommation de junk food et dépression par exemple), mais pas un lien de causalité. Il est davantage probable que la dépression entraîne une augmentation de la consommation de malbouffe, plutôt que l’inverse. Et il n’est donc, à ce jour, pas possible de conclure qu’une alimentation équilibrée riche en végétaux pourrait aider à prévenir la dépression.
Enfin, qu’il s’agisse des études sur la santé mentale ou sur la santé physique, la conclusion est la suivante : ce n’est pas la junk food qui est responsable des risques pour la santé, mais l’insuffisance permanente de fibres, de vitamines et d’antioxydants, ainsi que l’excès de graisses saturées, de sucres et de sel, en bref : un manque de diversité alimentaire. Autrement dit, consommer de la junk food ne présente pas de danger pour la santé, mais ne manger QUE de la junk food pourrait entraîner des risques.
Non, la junk food ne fait pas grossir. La prise de poids est liée à une surconsommation calorique issue de tous les aliments, et pas seulement des aliments gras et sucrés.
En d’autres termes : on peut grossir en mangeant des légumes et ne pas prendre de poids en mangeant de la junk food, tout dépend en réalité des apports caloriques en fonction de nos dépenses.
Érigée en bouc-émissaire de l’augmentation du surpoids et de l’obésité dans la population, la junk food est donc supposée être la cause de tous nos maux. Non seulement cette vision est erronée, mais elle est en plus délétère.
Il a par exemple été proposé de taxer la junk food. Non seulement les effets sur la réduction de consommation de ces aliments et de l’obésité sont très incertains, mais elle discrimine à nouveau les populations les plus pauvres qui comptent sur les aliments denses en énergie pour se nourrir.
Comme l’explique un article paru dans Le Monde : « Taxer les produits denses en énergie suppose dès lors qu'il existe des solutions alternatives, aussi bon marché, fournissant autant de calories et meilleures d'un point de vue nutritionnel. Ces alternatives n'existent pas à l'heure actuelle et, étant donné le prix élevé des fruits et légumes et leur faible densité énergétique, il est illusoire d'espérer que la salade remplacera les pâtes au beurre. Ainsi, une taxe sur les aliments denses en énergie s'avérerait inéquitable, en ignorant les contraintes socio-économiques pesant sur les plus démunis. ».
D’autres études montrent d’ailleurs que les foyers comprenant des personnes en surpoids ou obèses, consomment finalement peu de junk food.
Taxer ces produits relèverait donc plus d’une démarche guidée par des a priori que par un réel souci d’efficacité et risquerait d’aggraver la situation des plus démunis dans cette période d’inflation.
Les termes « junk food » et « malbouffe » sont par essence sources d’inquiétudes.
Nous avons en effet tendance à scinder les aliments en « bons » ou « mauvais », « grossissants » ou « non grossissants », notamment à cause des politiques de santé publique, du NutriScore et de l’omniprésence des informations sur les aliments. On appelle ce phénomène « restriction cognitive ».
Comment serait-il alors possible, dans ce contexte, de se nourrir sereinement ?
En effet, les aliments se trouvant dans les mauvaises catégories font l’objet d’un évitement. Les études montrent alors que quand il y a restriction sur des aliments, un effet de transgression se met en place, augmentant la consommation alimentaire totale.
Ainsi, plus un aliment est interdit, plus il devient désirable. C’est notamment le cas des aliments classés dans la catégorie « junk food ».
Autrement dit, si on pense qu’un aliment est mauvais et qu’on essaye d’en limiter sa consommation, on finira par manger plus (de l’aliment en question, mais des autres aussi !). Se restreindre pour maigrir ou ne pas grossir, en y étant souvent poussé par des injonctions sociales, voilà une des explications de la prise de poids.
Au contraire, manger ce qui nous fait envie et plaisir réduit la prise alimentaire totale.
Et si on arrêtait alors d’utiliser les mots comme « junk food » et « malbouffe » ?
Pour changer durablement ses habitudes, il est indispensable de revoir complètement notre perception de l’alimentation : un aliment est mauvais, non pas parce qu’il est calorique ou appartenant à la catégorie « junk food », mais parce qu’il ne nous fait pas envie à ce moment-là.
C’est l’un des principes de l’alimentation intuitive, le fait de manger en suivant ses besoins : faim, envies de manger, satiété et rassasiement.
En mangeant selon ses appétits, sans culpabilité et en se concentrant sur ses ressentis corporels, les études montrent que nous mangeons mieux et moins.
Une solution pour changer ses habitudes en étant plus serein, et sans diaboliser la « junk food ».
Un professionnel de santé spécialisé dans le comportement alimentaire peut aider à mettre en place ce nouveau mode d'alimentation.
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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :