Santé décomplexée

Journée mondiale de la prévention au suicide

Rédigé par L'équipe de rédaction de MEDADOM | 10/09/24 06:30

La France est l'un des pays européens les plus touchés par le suicide, avec environ 10 000 décès et 200 000 tentatives annuelles, soit près de 28 décès par jour selon le baromètre de Santé publique France, publié le 4 février 2024. La santé mentale, particulièrement chez les jeunes, s'est détériorée depuis le confinement de 2021 lié au Covid-19.

Les pouvoirs publics jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le suicide. Leur engagement est indispensable pour mettre en place des politiques de santé mentale efficaces, assurer un accès équitable aux soins, et créer des programmes de sensibilisation et de prévention.
En investissant dans la formation des professionnels de santé, le soutien aux personnes en crise, et la réduction des facteurs de risque tels que la précarité ou l'isolement social, les gouvernements peuvent sauver des vies. 

La Journée mondiale de la prévention du suicide, célébrée le 10 septembre, sensibilise à l'importance de la santé mentale. Cette journée, soutenue par l'Association Internationale pour la Prévention du Suicide (IASP) et par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), rappelle l'importance de l'engagement public dans la prévention, à travers des politiques de santé mentale, un accès équitable aux soins, et des actions concrètes pour protéger les plus vulnérables.

 

La prévention :  des signes de détresse à tout âge

 

La prévention du suicide est une priorité de santé publique qui nécessite une attention particulière à chaque étape de la vie. Les signes de détresse peuvent varier selon les âges, mais leur reconnaissance est cruciale pour intervenir à temps. Cet article explore les indicateurs de risque de suicide chez les enfants, les adolescents, les adultes, et les seniors, afin de mieux comprendre comment les repérer et agir efficacement.

En France métropolitaine, les tentatives de suicide concernent surtout les jeunes de 17 ans avec une forte hausse des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois : 18 % des jeunes en 2022, contre 11,4 % en 2017. Le risque suicidaire est majoré pour les personnes ayant un antécédent de tentative de suicide :

  • 75% des récidives ont lieu dans les 6 mois suivant une tentative de suicide ;
  • La survenue d’une tentative de suicide multiplie par 20 le risque de tentative dans l’année suivante, et par 4 le risque de suicide ultérieur.

 

Chez les enfants

Bien que le suicide soit rare chez les jeunes enfants, il est important de ne pas sous-estimer les signes de mal-être. Les enfants peuvent exprimer leur détresse de manière différente, souvent à travers des comportements plutôt que des mots. 

Voici quelques signes à surveiller :

Changements de comportement Un enfant qui devient soudainement introverti, agressif, ou qui se replie sur lui-même peut signaler un malaise profond.
Perte d'intérêt pour les activités Lorsqu'un enfant cesse de s'intéresser aux jeux ou aux activités qu'il aimait autrefois, cela peut indiquer un trouble émotionnel.
Troubles du sommeil ou de l'alimentation Des difficultés à dormir, des cauchemars récurrents, ou une perte d'appétit peuvent être des signes d'anxiété ou de dépression.
Discours sur la mort Même si les enfants peuvent avoir une compréhension limitée de la mort, des remarques fréquentes sur le désir de "disparaître" ou de "partir pour toujours" doivent alerter.

 

Les sites dédiés à la prévention du suicide jouent un rôle crucial en offrant un soutien immédiat et des ressources à ceux qui en ont besoin. Ils proposent souvent des lignes d'écoute gratuites, disponibles 24/7, permettant aux personnes en détresse de parler à des professionnels formés ou à des bénévoles empathiques. 

 

Chez les adolescents

L'adolescence est une période de transition marquée par des bouleversements émotionnels et physiques, ce qui peut augmenter le risque de comportements suicidaires.
Voici les signes à surveiller chez les adolescents :

Isolement social Un adolescent qui s'éloigne de sa famille ou de ses amis peut être en détresse. L'isolement est souvent un signe précurseur de dépression.
Changements drastiques d'humeur Les sautes d'humeur extrêmes, le désespoir, ou une irritabilité intense peuvent indiquer une souffrance psychologique.
Comportements autodestructeurs L'automutilation, l'abus de substances, ou la prise de risques excessifs sont des indicateurs inquiétants.
Messages préoccupants Les messages sur les réseaux sociaux ou les confidences à des amis sur le fait de "ne plus vouloir vivre" doivent être pris très au sérieux.

 

Chez les adultes

Chez les adultes, le stress lié au travail, aux responsabilités familiales, ou à des difficultés financières peut exacerber les troubles mentaux. Voici les signes à repérer :

Sentiments d'impuissance ou de désespoir Un adulte qui se sent constamment accablé ou qui ne voit plus d'issue à ses problèmes peut être à risque.
Changements d'apparence ou de routine Une négligence de l'hygiène personnelle, des absences fréquentes au travail, ou un retrait des activités sociales sont des signes de dépression.
Abus de substances Une consommation accrue d'alcool ou de drogues peut être une tentative de gérer la douleur émotionnelle.
Paroles ou écrits préoccupants Un discours pessimiste constant ou des lettres d'adieu sont des signes clairs qu'une intervention est nécessaire.

Chez les seniors

Chez les adultes, le stress lié au travail, aux responsabilités familiales, ou à des difficultés financières peut exacerber les troubles mentaux. Voici les signes à repérer :

Isolement accru Un retrait social soudain, le refus de voir des proches ou de participer à des activités sociales peuvent indiquer un mal-être.
Déclin de la santé mentale ou physique Une aggravation de troubles existants comme la dépression, l'anxiété, ou même des douleurs physiques non expliquées peuvent être des signaux d'alarme.
Préparation à la fin de vie Des actes comme donner ses biens, régler ses affaires, ou rédiger un testament peuvent indiquer que la personne envisage de mettre fin à ses jours.
Manque d'intérêt pour la vie Des expressions de lassitude, de fatigue constante, ou des remarques sur le fait que la vie "ne vaut plus la peine d'être vécue" doivent être prises très au sérieux.

Agir pour prévenir

 

À chaque étape de la vie, la reconnaissance des signes de détresse est essentielle pour prévenir le suicide. La communication ouverte, le soutien affectif, et l'intervention rapide peuvent sauver des vies.

Si vous ou quelqu'un de votre entourage présente ces signes, il est crucial de chercher de l'aide immédiatement auprès de professionnels de la santé mentale. Les actions que nous décidons de mener peuvent faire la différence entre la vie et la mort. La famille, le cadre scolaire et les pouvoirs publics jouent un rôle important et crucial dans la prévention au suicide : 

 

  • Rôle de la famille et des proches : La famille joue un rôle crucial dans la prévention du suicide, en étant souvent le premier cercle de soutien et d'observation. Leur influence peut être déterminante pour repérer les signes de détresse, offrir un soutien émotionnel, et encourager la recherche d'aide professionnelle. Voici les principaux aspects du rôle de la famille dans la prévention du suicide :

  • Programmes de sensibilisation en milieu scolaire, les écoles jouent un rôle clé dans la détection des signes de détresse chez les enfants. Les pouvoirs publics soutiennent la formation des enseignants et la mise en place de programmes de promotion de la santé mentale en milieu scolaire.

  • Interventions des Pouvoirs Publics par l’accès à des services spécialisés : Les autorités de santé publique assurent la disponibilité de services spécialisés en pédopsychiatrie et facilitent l'accès à des soins adaptés via des centres médico-psychologiques (CMP) pour enfants.

 

Qui contacter ?

 

Contacter le 3114

Le 3114, c’est déjà 15 centres répondants en région, constitués de professionnels hospitaliers spécifiquement formés (infirmiers et psychologues) placés sous la supervision d’un psychiatre.

 

Le dispositif VigilanS

Le dispositif VigilanS, créé en 2015 dans les Hauts-de-France, consiste en un système de recontact et d’alerte en organisant autour de la personne ayant fait une tentative de suicide un réseau de professionnels de santé qui garderont le contact avec elle. VigilanS constitue un véritable outil de suivi qui procède en trois étapes :

  • À sa sortie de l’hôpital, le patient reçoit la carte avec le numéro de téléphone de VigilanS, qu’il peut contacter à tout instant afin de maintenir le dialogue ;
  • Si la personne a déjà fait plus d’une tentative de suicide, les vigilanseurs la contactent par téléphone entre dix et vingt jour après sa sortie de l’hôpital pour s’informer de son état de santé. S’il ne répond pas, le médecin traitant et le psychiatre sont contactés. Quant au patient, il reçoit une carte postale personnalisée ou un SMS tous les mois durant quatre mois ;
  • Au bout de 6 mois, toutes ces personnes sont rappelées pour une évaluation téléphonique détaillée de leur situation et de leur état de santé mentale. À la suite de cette évaluation, la veille est soit reconduite, soit terminée car jugée superflue.

 

Les dispositifs d’écoute

Tous ces services d’écoute sont anonymes :

SOS Amitié
Service d’écoute destiné à accueillir la parole de celles et ceux qui, à un moment de leur vie, traversent une période difficile. Permanence d’écoute téléphonique 24h/24, 7j/7. 
Suicide Écoute
Ecoute des personnes confrontées au suicide. Permanence d’écoute téléphonique 24 h/24, 7 j/7.
Fil Santé Jeunes
Écoute, information et orientation des jeunes dans les domaines de la santé physique, psychologique et sociale.
Ligne d’écoute téléphonique anonyme et gratuite 7j/7, de 8 h à minuit.

 

La téléconsultation

La téléconsultation permet à un patient ou à un proche de demander au médecin MEDADOM un courrier à adresser à un confrère pour une prise en charge rapide, ou de solliciter des conseils en ligne. Le médecin, à l'écoute, peut alors offrir des recommandations adaptées et un soutien immédiat.

 

 

Sources :