La spiruline est une microalgue bleue-verte consommée sous forme de complément alimentaire, à laquelle on attribue de nombreux bienfaits.
D’après une étude menée par l’Allied Market Research, le marché mondial de la spiruline représenterait 346 milliards de dollars en 2018, avec une croissance de 11% par an. Les Français en consommeraient, quant à eux, 400 tonnes par an.
Riche en protéines, en vitamines, en minéraux et en antioxydants, que peut apporter la spiruline dans une alimentation saine et existe-t-il des risques à la consommer ? MEDADOM vous explique tout.
La spiruline, qu’on qualifie communément d’algue, est en fait une cyanobactérie ou « microalgue ». Consommée comme complément alimentaire, la spiruline n’est donc ni une algue, ni une plante, mais un produit à base de bactéries microscopiques bleues, capables de photosynthèse, du genre Arthrospira.
La spiruline tient son nom de sa forme, proche d’une spirale. A l’heure actuelle, trois espèces de spiruline sont commercialisées, sur les 36 espèces comestibles.
La spiruline existerait depuis 3,5 milliards d’années. La spiruline forme à la surface des eaux douces et chaudes (au moins 25°C) des filaments spiralés, en utilisant la lumière.
La spiruline est d’ailleurs consommée comme aliment traditionnel depuis plusieurs siècles, principalement sous forme de galette :
En Europe, la spiruline a connu une expansion comme complément alimentaire à partir des années 1970.
En France, la spiruline est le plus souvent vendue sous forme de poudre déshydratée, de couleur bleue-verte.
En tant que complément alimentaire, la spiruline est souvent accompagnée de nombreuses promesses pour la santé. Et il est vrai que la spiruline contient des nutriments intéressants :
De plus, la spiruline contient de nombreux minéraux :
D’un point de vue vitamines, la spiruline n’a pas non plus à rougir. Elle est riche en vitamines B1, B2, B3, B5 et B9.
De plus, elle renferme une grande quantité de vitamine K1, utile pour la coagulation, et de vitamine E, antioxydante.
La spiruline contient également une quantité importante de vitamine B12, dont l’alimentation végétarienne ou végétalienne peut manquer. C’est pour cela que de nombreux sites vantent les bienfaits de la spiruline pour les végétariens. Malheureusement, la vitamine B12 de la spiruline se trouve sous une forme inactive et ne permet pas une supplémentation efficace.
Enfin, la spiruline contient de nombreux pigments et antioxydants (β-carotène, lutéine, phycocyanine…). Ces composés lutteraient contre le stress oxydatif des cellules, au même titre que la vitamine C et la vitamine E, présentes naturellement dans une alimentation équilibrée.
Selon l’origine géographique, le mode de culture et de transformation, la composition de la spiruline peut bien évidemment varier.
Des études se sont penchées sur les bienfaits de la spiruline et ont évoqué quelques effets potentiels de la spiruline :
Ces effets doivent encore être confirmés par des études de plus grande envergure, mais les résultats semblent être prometteurs.
La spiruline n’est aujourd’hui pas considérée comme médicinale en France ou en Europe. Elle n’est donc pas inscrite sur la liste des plantes médicinales et n’est pas évaluée par l’agence national de sécurité du médicament et des produits de santé (l’ANSM). Elle n’a d’ailleurs pas non plus fait l’objet d’évaluation des risques par l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Toutefois, comme tout complément alimentaire, la consommation de spiruline n’est pas dénuée de risques. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a d’ailleurs émis un avis relatif à ces risques en 2017.
Ce rapport fait suite à la déclaration de plusieurs cas d’effets indésirables, aussi bien dans la littérature scientifique, qu’issus du dispositif de nutrivigilance de l’ANSES.
Entre la création du dispositif de nutrivigilance et février 2017, l’agence de sécurité des aliments (ANSES) a reçu 49 déclarations d’effets indésirables potentiellement attribuables aux compléments alimentaires contenant de la spiruline. Seules 10 déclarations étaient assez documentées pour être analysées.
Parmi celles-ci, 4 présentaient une imputabilité vraisemblable ou très vraisemblable à la spiruline. Les effets rapportés étaient très variés :
Dans les autres pays européens, d’autres signalements d’effets indésirables ont été faits à l’encontre de la spiruline, avec entre autres :
Les études, quant à elles, montrent principalement des effets de type allergique, rhumatologique et hépatique, ainsi que des troubles digestifs et des maux de tête.
Ces symptômes ne sont évidemment pas systématiques en cas de consommation de spiruline et semblent relever d’une sensibilité individuelle, probablement liée au système immunitaire.
Il est également très probable que les effets dépendent de la dose consommée, a fortiori si les doses ont été élevées rapidement, sans augmentation progressive.
De plus, la spiruline contient un acide aminé, la phénylalanine. Cela signifie que les personnes atteintes de phénylcétonurie (une maladie génétique rare liée à l’accumulation de phénylalanine dans l’organisme) doivent être vigilants quant à sa consommation. L’ANSES en déconseille la consommation dans ce cas.
La consommation de spiruline est également fortement déconseillée chez les personnes allergiques.
Enfin, au-delà des effets liés à la spiruline en elle-même, les compléments alimentaires qui en contiennent peuvent être contaminés par :
Aujourd’hui, il n’existe pas encore de seuil maximum en microcystines dans les compléments alimentaires contenant de la spiruline, mais l’ANSES estime qu’il serait judicieux d’en fixer un.
La qualité de la fabrication (notamment des eaux de production) influe évidemment sur les risques de contamination.
Au vu de toutes les informations disponibles, la spiruline ne semble toutefois pas présenter de risques à faible dose (moins de quelques grammes par jour chez l’adulte), sauf peut-être chez des individus plus sensibles.
Il est parfois recommandé de consommer au maximum 5 grammes par jour, mais cela peut amener à un dépassement de la limite maximal d’apport en β-carotène.
La consommation de spiruline doit en effet être démarrée progressivement, en augmentant les doses petit à petit. En l’état actuel des connaissances, il convient de ne pas dépasser quelques grammes par jour pour un adulte pour la spiruline séchée en poudre.
Le format sous lequel est vendu la spiruline a également un impact sur la dose à consommer. Lorsqu’il s’agit d’un extrait, tel que la phycocyanine, la dose recommandée est alors inférieure puisque concentrée.
Il convient de suivre les recommandations du fabricant pour éviter tout surdosage.
La spiruline est de plus en plus disponible dans les rayons. On la retrouve dans de nombreux points de vente :
Il convient toutefois d’être vigilant quant à la qualité de la spiruline achetée.
Au vu des risques de contamination de la spiruline (cyanotoxines, bactéries et métaux lourds), l’ANSES recommande de « privilégier les circuits d’approvisionnement les mieux contrôlés par les pouvoirs publics : conformité à la réglementation française, traçabilité, identification du fabricant ».
A ce titre, le label de l’agriculture biologique permet l’assurance de contrôles de traçabilité supplémentaires par rapports aux compléments alimentaires conventionnels. Toutefois, il ne garantit pas une contamination moindre.
Pourtant, 90% de la consommation française est issue de l’importation, principalement depuis la Chine, l’Inde et les Etats Unis où le coût de production est inférieur. Une étude menée par la Fédération des Spiruliniers de France et Darwin Nutrition pointe toutefois qu’ « au-delà de problèmes de contamination, relevés notamment par l’ANSES dès 2017, la spiruline industrielle n’offre généralement aucune information de traçabilité, présente des qualités gustatives dégradées et une richesse nutritionnelle moindre que la spiruline paysanne produite en France ».
Il est donc important de choisir des circuits contrôlés, mais il n’existe toutefois, à ce jour, pas de preuve que la spiruline bio est meilleure que la spiruline conventionnelle.
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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :