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La trypophobie est-elle une vraie phobie ?

07/11/22 08:30

Selon le journal Ouest France, 16 % de la population souffrirait de trypophobie (11 % des hommes et 20 % des femmes). Considérée plutôt comme un profond dégoût qu’une phobie incapacitante, la trypophobie est la peur des surfaces remplies de trous ou de bosses, tels que les pommeaux de douche par exemple. Découvrez si vous êtes trypophobe et comment soigner cette phobie.

 

Qu'est-ce que la trypophobie ?

 

La trypophobie, ou peur des trous, bosses ou aspérités en forme de grappe, est une sensation de malaise créée par des images ou des vidéos faisant apparaître des trous. La fleur de lotus par exemple est un déclencheur assez fréquent de trypophobie si vous en souffrez.

Selon l’Information Hospitalière, la trypophobie est la “peur irraisonnée et panique des petits trous et de toutes les formes géométriques très rapprochées les uns des autres (convexes ou circulaires)”.
 
L’Association Américaine de Psychologie ne considère pas la trypophobie comme une maladie ni comme une phobie au sens où elle ne créerait pas une incapacité dans la vie de tous les jours, mais plutôt un profond dégoût et une répulsion.

 

De nombreux montages photos et vidéos mettent en scène des parties du corps humain (mains, visage, etc.) transformées pour intégrer de nombreux trous, et ce, afin de tester votre malaise lorsque vous êtes exposé à ces contenus. Pour une personne atteinte de trypophobie, l’image d’une main avec de nombreux trous à sa surface provoquera un fort sentiment de dégoût.

Les manifestations de cette phobie sont diverses :

 

Attention : La trypophobie est à ne pas confondre avec la trypanophobie, qui est la peur panique et incontrôlée des piqûres et des injections.

 

Qu’est-ce qui provoque la trypophobie ?

La trypophobie peut avoir plusieurs causes. Son origine proviendrait d’un réflexe ancien mis en place pour éviter les dangers, ou encore d’une association inconsciente à des choses qui dégoûtent ou inquiètent, comme la maladie.

Comme les autres phobies, la trypophobie peut aussi trouver son origine dans une exposition traumatique, souvent vécue durant l’enfance. Une image ou une situation ayant déclenché un sentiment de peur intense peut conditionner durablement la personne à éviter certains stimuli similaires. Ce processus de conditionnement, renforcé par des épisodes d’attaques de panique, peut entraîner un comportement d’évitement face aux motifs troués ou répétitifs.

Ces expériences traumatiques, parfois liées à un stress post-traumatique, alimentent un cercle vicieux : l’exposition répétée ou même l’anticipation de ces motifs déclenche un état anxieux, amplifie les peurs initiales et rend leur gestion plus difficile. Avec le temps, cette dynamique peut s’intégrer dans un tableau plus large de troubles anxieux, où chaque nouvelle confrontation au stimulus ravive une crise de panique ou une réaction anxieuse. 

 

Comment savoir si on a la trypophobie ?

La trypophobie se manifeste par une aversion ou une peur intense à la vue de motifs composés de petits trous ou de formes géométriques rapprochées. Pour déterminer si vous en souffrez, observez vos réactions face à des images comme les nids d'abeilles, les têtes de graines de lotus ou des éponges. Si ces visions provoquent chez vous des symptômes physiques comme des palpitations, des sueurs, des nausées ou des frissons, il est possible que vous soyez concerné(e).


Les personnes souffrant de trypophobie peuvent également ressentir des angoisses intenses, voire des crises de panique, lorsqu'elles sont exposées à ces motifs. Ces réactions peuvent se manifester par une sensation de perdre le contrôle, une peur de devenir fou ou une détresse aiguë. Ces symptômes sont souvent similaires à ceux observés dans les troubles anxieux comme le trouble panique ou l'anxiété généralisée.

 

Si ces attaques de panique ou ces crises d'angoisse deviennent fréquentes ou excessives, il est recommandé de consulter un professionnel de santé mentale. Un diagnostic précis permettra de distinguer la trypophobie d'autres troubles d'anxiété et de mettre en place une prise en charge adaptée. 


Le diagnostic de la trypophobie, bien qu’elle ne soit pas officiellement classée comme une phobie, est réalisé par un professionnel de santé. Celui-ci cherchera à comprendre ce qui déclenche cette réaction, comme les motifs de trous ou de formes rapprochées, et analysera les émotions ressenties (peur, malaise, dégoût…).


Il prêtera également attention aux réactions physiques ou comportementales, par exemple l’envie de fuir ou une sensation de tension corporelle. Pour mieux cerner l’intensité et l’impact de ces réactions, des outils ou des questionnaires spécifiques peuvent aussi être utilisés. Si elle n’est pas traitée, la trypophobie peut évoluer vers une dépression.

 

Quelles sont les causes de la trypophobie ? 

 

L’origine de ce trouble serait primitive : les trypophobes seraient mal à l’aise car ces trous sont caractéristiques de certaines espèces animales venimeuses. Il semble donc que d’un point de vue de l’évolution et de survie de l’espèce, la trypophobie soit un moyen de protection afin d'éviter de s’exposer aux dangers de certaines espèces.


En effet, certains animaux toxiques arborent sur leur peau ou leur carapace des formes colorées et contrastées qui évoquent des trous. La trypophobie serait donc issue d’une association de votre cerveau entre les images de multiples trous et un danger imminent.

 

Cependant, comme beaucoup de phobies qui ont une origine primitive, la trypophobie devient une maladie lorsqu’elle n’est plus du tout adaptée pour la survie de l’espèce, ce qui est le cas aujourd’hui dans notre société qui n’est plus ou beaucoup moins exposée aux prédateurs et autres animaux dangereux.

 

Une autre cause peut être d’origine familiale : il a été montré que les proches d’une personne trypophobe avaient plus de chance d’en être eux-mêmes atteints.

 

De plus, les phobies comme la trypophobie peuvent survenir suite à une exposition traumatique, souvent durant l’enfance. Être exposé à une image qui provoque un profond sentiment d’angoisse peut être un précurseur de cette phobie, par principe de conditionnement.

 

Comment se soigner de la trypophobie ?

 

Face aux symptômes de la trypophobie, des solutions comme la thérapie comportementale ou des techniques de relaxation peuvent aider à reprendre le contrôle : 

trypophobie : une des phobies courantes

Comment traiter la trypophobie ?

 

Comme toute phobie, il existe des techniques pour traiter la trypophobie et aider à se désensibiliser progressivement, autrement dit, à se déconditionner de cette peur intense des trous. Ces approches ont pour objectif de réduire l'impact des déclencheurs en travaillant sur la perception et les réactions.

 

Tout d’abord, un professionnel de santé commencera par évaluer la trypophobie, éventuellement à l’aide de tests pour déterminer à quel point les motifs troués provoquent des symptômes physiques ou un état anxieux. En fonction de la gravité des réactions, plusieurs solutions thérapeutiques peuvent être envisagées :

La thérapie d’exposition cette méthode repose sur une confrontation progressive aux images ou objets troués. Par étapes, la personne sera exposée à ces stimuli dans un cadre sécurisé, jusqu’à ce que son anxiété diminue et que ses réactions s’atténuent. Ce type de thérapie est particulièrement efficace pour désensibiliser le cerveau et permettre de mieux gérer vos émotions.
La thérapie cognitive et comportementale (TCC)  cette approche combine des exercices pratiques et un travail sur les pensées. Elle aide à identifier et à remplacer les pensées irrationnelles ou catastrophiques liées aux trous par des réflexions plus objectives et réalistes.

 

Dans certains cas où l’anxiété est aiguë ou très envahissante, des traitements médicamenteux peuvent être envisagés en complément de la psychothérapie. Par exemple :

  • Les benzodiazépines, qui agissent rapidement pour réduire l’anxiété
  • Les anxiolytiques, souvent utilisés pour diminuer les symptômes les plus marqués
  • Les antidépresseurs, notamment ceux qui régulent la sérotonine, peuvent être prescrits pour traiter les troubles anxieux chroniques liés à la trypophobie.

 

Le saviez-vous ? Le niveau de grande anxiété que vous ressentez à la vue des trous s’estompe puis disparaît en environ 45 minutes, même si vous continuez à être exposé aux images. Observer votre organisme se calmer automatiquement vous aidera à comprendre qu’il n’y a rien à craindre à la vue de ces images ou ces objets.

 

Qui consulter pour une trypophobie ?

La trypophobie devient handicapante pour certaines personnes car on retrouve des surfaces remplis de trous ou d’aspérités dans la vie de tous les jours :

  • Certains aliments : fraises, tranche de pain, framboises, gruyère, etc.
  • Les bulles liées à la levure dans les préparations alimentaires (pâte à gâteau, pancakes).
  • Pommeaux de douche ;
  • Les nids d’abeille ou de guêpes ;
  • Fleur de lotus ;
  • Animaux tachetés ;
  • Etc.

 

Il est très difficile pour certaines personnes de supporter la vue de  ces objets ou des images visant à tester votre niveau de trypophobie.

Le traitement de la trypophobie est possible en thérapie cognitive et comportementale, auprès de psychologues cliniciens ou de psychiatres spécialisés et formés aux techniques de déconditionnement et à la restructuration cognitive.

Si vous ne souhaitez pas consulter pour la trypophobie, vous pouvez trouver des ressources sur internet, avec de nombreux conseils pour surmonter cette peur, comme sur cet article par exemple.

 

 

 

Sources :