Qu’est-ce que la cirrhose du foie ?
Définition de la cirrhose hépatique
La cirrhose hépatique est une pathologie grave, caractérisée par des lésions irréversibles du foie.
Toutes les maladies chroniques du foie peuvent éventuellement se transformer en cirrhose du foie si leur évolution est prolongée (en général entre 10 et 20 ans).
En effet, l’inflammation liée à ces maladies entraîne la destruction des cellules du foie. Le foie est un organe capable de se régénérer, mais en cas d’agression chronique, les cellules se régénèrent de façon anarchique en formant une quantité importante de tissu cicatriciel, appelée fibrose.
D’autres lésions peuvent coexister en fonction de la cause, comme la présence d’une quantité excessive de graisses dans le foie (stéatose hépatique).
La modification de la structure tissulaire du foie perturbe son fonctionnement et peut entraîner des complications.
La cirrhose du foie est donc irréversible et ne peut pas régresser. Toutefois, elle peut être stabilisée par une prise en charge médicale précoce afin de limiter ses conséquences délétères.
Chaque année, la cirrhose du foie provoque environ 15 000 décès en France, ce qui en fait la 5ème cause de mortalité.
Causes de la cirrhose du foie
De nombreuses maladies chroniques et facteurs d’agression du foie peuvent éventuellement se transformer en cirrhose hépatique. Trois causes majeures expliquent 90% des cirrhoses du foie :
- L’alcool : métabolisé par le foie, l’alcool agresse et détruit les cellules hépatiques. En cas de consommation excessive et prolongée d’alcool, une cirrhose peut se développer. 50 à 75% des cirrhoses sont des cirrhoses alcooliques.
- L’hépatite virale chronique : les virus de l’hépatite attaquent spécifiquement le foie. Dans 15 à 25% des cas de cirrhose hépatique, le virus en cause est celui de l’hépatite C, et dans 5% celui de l’hépatite B.
- La stéatohépatite non-alcoolique (ou NASH pour Non-Alcoholic SteatoHapatitis), aussi appelée maladie du foie gras ou du soda. Cette maladie chronique apparaît principalement chez des personnes atteintes d’un syndrome métabolique, associant surpoids ou obésité à des troubles métaboliques (diabète de type 2, hypercholestérolémie, hypertension artérielle…). Le foie se charge alors de graisses, indépendamment de la consommation d’alcool, et peut évoluer en fibrose puis en cirrhose du foie. Au stade de la NASH, la maladie est encore réversible.
Dans les 5 à 10% des cas restants, on retrouve d’autres pathologies à l’origine de la cirrhose hépatique :
- L’hémochromatose : une pathologie génétique responsable de l’accumulation de fer dans les organes, dont le foie, provoquant des inflammations.
- Des maladies auto-immunes : les anticorps agressent alors le foie. C’est notamment le cas de la cirrhose biliaire primitive, qui détruit progressivement les canaux du foie qui acheminent la bile.
Parfois, aucune cause n’est identifiée et on parle de cirrhose cryptogénétique. Ce dernier type est de moins en moins fréquent, car la NASH semble expliquer la plupart de ces cirrhoses.
Toutes les personnes exposées à un facteur de risque ne développent pas une cirrhose du foie, et la vulnérabilité à cette maladie n’est pas totalement élucidée. Une susceptibilité génétique pourrait être en cause.
Quelle que soit la cause de la cirrhose, le tabac est un facteur aggravant reconnu.
Symptômes de la cirrhose
Quels sont les premiers symptômes d’une cirrhose du foie ?
La fibrose, l’étape préliminaire à la cirrhose, se développe le plus souvent silencieusement dans le foie. On parle alors de cirrhose compensée, et cette dernière est difficile à diagnostiquer puisque les symptômes tardent à se faire sentir.
Cela explique un diagnostic plutôt tardif, autour de 55 ans.
Certains symptômes peuvent toutefois évoquer une cirrhose du foie, a fortiori si j’ai ou un plusieurs facteurs de risque (obésité, hépatite chronique, hémochromatose…). Je peux alors remarquer des symptômes non-spécifiques dus à la cirrhose hépatique ou à ses causes :
- Une fatigue ;
- Une perte d’appétit, voire de poids ;
- La paume de mes mains est rouge (érythrose palmaire) ;
- Mes ongles sont blancs ;
- Ma peau présente des tâches rouges, comme si un vaisseau avait éclaté (angiome stellaire) ;
- J’ai des nausées, des vomissements ;
- A la palpation, mon foie paraît volumineux (hépatomégalie) et ferme.
La plupart du temps, la cirrhose du foie n’entraîne pas de douleur pendant longtemps. La cirrhose peut restée compensée tout au long de la vie. C’est le cas dans 1/3 des cas, pour lesquels les patients ne vivront jamais de symptômes. Dans les 2/3 restants, la cirrhose peut se décompenser et engendrer des symptômes, le plus souvent dus aux complications.
Symptômes des complications de la cirrhose
Si la cirrhose hépatique n’est pas prise en charge à temps, elle évolue dans deux tiers des cas vers la décompensation. Le foie ne remplit plus son rôle, entraînant des complications :
- Une insuffisance hépatique : le foie n’est plus en mesure de traiter les toxiques, de produire, d’acheminer et de stocker des molécules essentielles au corps (cholestérol, glucose, bile…).
- Une augmentation de la pression sanguine dans la veine porte (hypertension portale), voire une obstruction de cette veine (thrombose portale).
- Une dilatation des veines de l’estomac ou de l’œsophage (varices).
- Un cancer du foie, en général 15 à 20 ans après l’apparition de la cirrhose du foie.
Des symptômes en lien avec les complications de la cirrhose apparaissent alors :
- Mon teint prend une couleur jaune (ictère ou jaunisse).
- Je vomis du sang.
- Il y a du sang dans mes selles.
- Mon ventre est gonflé et plein d’un liquide (ascite).
- Mes jambes gonflent (œdèmes des membres inférieurs).
- Des troubles neurologiques peuvent apparaître : tremblements des mains, confusion, problèmes de mémoire…
Quels examens pour la cirrhose du foie ?
Des examens permettent d’orienter ou de confirmer le diagnostic d’une cirrhose hépatique :
- Un bilan sanguin, évaluant le fonctionnement du foie et recherchant une hépatite chronique (hépatite B ou C).
- Une échographie abdominale pour observer l’aspect du foie et rechercher une éventuelle hypertension portale.
- La recherche de varices œsophagiennes par une endoscopie digestive haute
- Éventuellement, une biopsie du foie.
Peut-on vivre longtemps avec une cirrhose du foie ?
Comment meurt-on d’une cirrhose du foie ?
Dans le cas d’une cirrhose du foie, ce sont les complications qui peuvent compromettre le pronostic :
- Les varices œsophagiennes et gastriques peuvent se rompre, pouvant être responsables d’hémorragies.
- Des infections peuvent survenir car le système immunitaire est compromis.
- Le rein peut être malmené et être le siège d’une insuffisance rénale chronique (syndrome hépato-rénal).
- La cirrhose peut évoluer en cancer du foie.
Il est toutefois possible de stabiliser la cirrhose du foie et de la maintenir au stade compensé le plus longtemps possible.
Peut-on guérir d’une cirrhose du foie ?
La cirrhose du foie est irréversible. Toutefois, lorsqu’elle est prise en charge à temps, elle peut être stabilisée pour éviter qu’elle ne se décompense.
Le pronostic dépend de nombreux facteurs :
- La cause ;
- La gravité, notamment en fonction de l’âge de la découverte ;
- La présence ou non de complications ;
- La présence d’autres pathologies en parallèle et la santé générale ;
- La réaction au traitement.
Il n’est donc pas possible de guérir d’une cirrhose du foie, mais il est possible de vivre avec durant de nombreuses années.
Traitement de la cirrhose
Le traitement de la cirrhose du foie repose sur 3 fondamentaux :
- Une modification de l’hygiène de vie.
- Le traitement de la cause de la cirrhose.
- La prise en charge des facteurs pouvant aggraver la cirrhose.
Pour maximiser les chances de stabiliser ma cirrhose du foie et d’éviter ses complications, il est essentiel de :
- Arrêter l’alcool totalement : même en petite quantité, l’alcool impacte très négativement mon pronostic.
- Surveiller l’évolution de mon hépatite et observer le traitement prescrit.
- En cas de NASH, être pris en charge par un médecin et un diététicien pour mon poids et les troubles associés (diabète, cholestérolémie…).
- Pour les causes auto-immunes et génétiques : suivre le traitement indiqué.
- Si je suis fumeur, arrêter le tabac.
- Vérifier avec mon médecin et mon pharmacien que les traitements que je prends n’agressent pas mon foie (hépatotoxiques).
Enfin, le traitement de la cirrhose hépatique est également celui de ses complications :
- Si ma cirrhose hépatique a entraîné des varices de taille conséquente, une ligature de celles-ci peut être indiquée pour limiter le risque hémorragique.
- En cas d’hypertension portale, un traitement sera également indiqué. Si je souffre d’ascite ou d’œdèmes des membres inférieurs, un régime contrôlé en sodium me sera proposé.
- En dernier recours, notamment en cas d’insuffisance hépatique ou de cancer, une greffe du foie peut être envisagée.
La cirrhose du foie est une maladie chronique, pour laquelle je devrai mettre en place des ajustements et modifier mon mode de vie. Dans tous les cas, je surveille ma cirrhose en réalisant régulièrement des examens de contrôle.
La prise en charge précoce est la meilleure chance d’une issue favorable. Demandez un premier avis en téléconsultation.
Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :
- Abrégé d’hépato-gastro-entérologie. Cirrhose et complications. Editions Elsevier-Masson 2ème édition - Partie « Connaissances » - 2012
- Ameli – Cirrhose du foie
- Conseil National Professionnel d’Hépato-Gastroentérologie (CNPHGE) - Cirrhose
- INSERM - Cirrhose
- Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) – Cirrhose
- VIDAL Campus – Recommandations : Cirrhose