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Le reflux gastro-œsophagien : comment en finir avec les brûlures d'estomac ?
Douloureux et gênant, le reflux gastro-œsophagien concerne 30 à 40% de la population.

Brûlures d’estomac, remontée acides, reflux gastriques, RGO… autant de termes pour désigner le reflux gastro-œsophagien. Gênant et douloureux, il concerne en France 30 à 40% de la population, dont 5 à 10% qui en souffrent au quotidien.

Qu’est-ce que le reflux gastro-œsophagien (RGO) ?



Comment définir le RGO ?

Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est une maladie chronique qui concerne deux entités du système digestif : 

  • L’estomac, d’une part, qui produit un liquide très acide (suc gastrique) pour digérer le bol alimentaire
  • L’œsophage, de l’autre, le tube qui transporte la nourriture du pharynx (la gorge) à l’estomac grâce à des contractions de l’œsophage 
  • Entre les deux, un sphincter (un muscle servant de fermeture) empêche la remontée du contenu de l’estomac vers l’œsophage 

Le reflux gastro-œsophagien consiste en un ensemble de symptômes gênants (ou de complications) liés au passage du contenu gastrique dans l’œsophage. Le liquide gastrique remonte alors le long de l’œsophage, et parfois même jusqu’à la bouche.

Le reflux gastro-œsophagien peut être physiologique. Il est présent naturellement :

  • Chez les nouveau-nés et les nourrissons car leurs mécanismes anti-reflux sont immatures et leur alimentation exclusivement liquide
  • Chez les personnes âgées, car le contrôle nerveux de la motricité de l’œsophage diminue
  • Chez les femmes enceintes, surtout lors du dernier trimestre, car la pression abdominale augmente, favorisant les reflux gastriques
  • Après un repas trop copieux ou la consommation d’eau gazeuse

En revanche, le reflux gastro-œsophagien devient pathologique lorsqu’il :

  • Se prolonge
  • Se répète
  • Entraîne des symptômes gênants
  • Provoque des complications, via les lésions de la muqueuse œsophagienne 

Aujourd’hui, 30 à 40% de la population occidentale a régulièrement des symptômes du reflux gastro-œsophagien, et 5 à 10% les subissent quotidiennement. La prévalence de ce trouble tend d’ailleurs à augmenter dans les pays occidentaux.

L’incidence augmente fortement après 50 ans.



Quelle est la cause du reflux gastrique ?

La cause du reflux gastro-œsophagien est une défaillance du système anti-reflux. Pour diverses raisons, le sphincter ne joue plus son rôle et laisse remonter le contenu gastrique vers l’œsophage, ce qui provoque le RGO.

La défaillance peut être due à un relâchement anormal, temporaire ou permanent, du sphincter. Le reflux gastro-œsophagien peut être accentué par divers facteurs :

  • Une hernie hiatale, une anomalie dans le placement de l’estomac
  • Une augmentation de la pression abdominale (grossesse, vêtements serrés, prise de poids…)
  • Un relâchement du diaphragme, lié à l’âge ou au poids (prise ou perte)
  • Un ralentissement de la vidange gastrique, en cas de repas difficile à digérer (gras, lourd…)
  • L’obésité, notamment accompagnée de graisse abdominale, augmente la pression abdominale et est un facteur de risque d’hernie hiatale, elle-même à l’origine de reflux gastro-œsophagien
  • Certains médicaments, tels que les hormones (progestérone) et des traitements de maladies cardiovasculaires (inhibiteurs calciques, dérivés nitrés) peuvent provoquer ou aggraver un reflux gastro-œsophagien
  • La constipation, qui en demandant des efforts de poussée supplémentaire, augmente la pression abdominale, ce qui favorise le RGO. De même, le ballonnement peut amplifier les symptômes.

Le tabac et l’alcool joueraient un rôle négatif supposé sur le reflux gastro-œsophagien, mais les preuves manquent pour l’affirmer totalement.

Quels sont les symptômes du reflux gastro-œsophagien ?

Le signe du lacet est un symptôme du reflux gastro-œsophagien

Comment savoir si j'ai un RGO ?


Les symptômes du reflux gastro-œsophagien peuvent être quotidiens ou intermittents selon mon mode de vie (alimentation, activité physique…).

Le principal symptôme du reflux gastro-œsophagien est la douleur à type brûlure qui remonte dans le thorax, appelée « pyrosis ». Cette dernière peut être accompagnée de régurgitations acides et/ou alimentaires dans la bouche.

Ces symptômes du RGO apparaissent surtout après les repas ou dans certaines positions : quand je suis allongé ou en me penchant en avant. 

Un signe classique qui peut m’évoquer le reflux gastro-œsophagien, est le « signe du lacet » : la douleur apparaît quand je me penche pour lacer mes chaussures. 

Par ailleurs, la position allongée favorisant les reflux et les symptômes, il est possible qu’ils apparaissent surtout la nuit.

D’autres symptômes plus atypiques peuvent accompagner le reflux gastro-œsophagien :

  • Je tousse fréquemment, sans raison
  • J’ai des douleurs dans la poitrine, comme une angine de poitrine
  • J’ai des aigreurs d’estomac, sans brûlure
  • J’ai souvent des inflammations au niveau ORL (laryngite ou pharyngite)
  • J’ai des régurgitations isolées
  • Mes dents s’abîment

Si mes symptômes se calment lorsque je me redresse ou quand je prends des antiacides, il est probable que je souffre de reflux gastro-œsophagien.

Enfin, certains symptômes peuvent évoquer des complications du reflux gastro-œsophagien pour lesquelles il sera nécessaire de faire des explorations : une difficulté à déglutir (dysphagie), un hoquet répété, une altération de l’état général…

Le reflux gastro-œsophagien peut me pousser à changer mes habitudes alimentaires (éviter certains aliments par exemple), perturber mon sommeil et altérer ma qualité de vie. 

Si mon médecin n'est pas disponible, je peux consulter un médecin partenaire MEDADOM en téléconsultation pour m'orienter sur mon reflux gastro-œsophagien.

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Comment est diagnostiqué le RGO ?

Si je suis jeune, avec des symptômes typiques du reflux gastro-œsophagien et sans risque particulier, les examens ne sont pas nécessaires : le médecin pourra me prescrire un traitement pour limiter les brûlures d’estomac et les remontées acides. 

En cas de symptômes atypiques du reflux gastro-œsophagien et/ou si j’ai plus de 50 ans, on pourra me prescrire une endoscopie œsogastroduodénale. Elle consiste à avaler une petite caméra pour évaluer la présence de lésions de la muqueuse, voire d’ulcère

Lorsque l’endoscopie est normale, face à des symptômes atypiques ou à des patients réfractaires aux traitements, il est possible de passer une pHmétrie, qui mesure l’acidité dans le bas de l’œsophage, par une sonde fixée à paroi de l’œsophage, pendant 48 à 96h. 

D’autres tests mesurant les reflux acides et non-acides (non détectés par pHmétrie) existent, mais sont réservés aux reflux gastro-œsophagiens prouvés, avec des symptômes gênants mais résistants aux traitements.



Quels sont les risques du RGO ?


L’œsophagite peptique, qui est une inflammation de la muqueuse de l’œsophage, est présente dans 20 à 30% des cas de reflux gastro-œsophagien.

D’autres complications peuvent survenir en cas de reflux gastro-œsophagien :

  • Un rétrécissement du diamètre de l’œsophage (sténose peptique)
  • Une remontée acide dans les voies respiratoires, entraînant toux, gêne respiratoire nocturne, asthme, infections pulmonaires à répétition…
  • Un remplacement de la muqueuse œsophagienne par de la muqueuse gastrique ou intestinale

Dans certains cas, à force d’abîmer la muqueuse sur de longues années, le reflux gastro-œsophagien sévère peut entraîner des lésions particulières. La muqueuse de l’œsophage prend l’aspect d’une muqueuse intestinale, on l’appelle alors « œsophage de Barrett ». Cette modification est rare, mais parmi les patients qui le présentent, environ 10% développent un cancer particulier de l’œsophage (adénocarcinome).

 



Que faire en cas de reflux gastro-œsophagien ?


Comment éviter le reflux gastro-œsophagien ?

Si je souffre de reflux gastro-œsophagien, je peux appliquer quelques conseils simples pour me soulager :

  • Je surélève ma tête de lit (45°) pour éviter la position allongée, qui favorise les reflux
  • J’attends 2 à 3h après la fin du repas pour me coucher
  • J’évite les vêtements trop serrés, qui augmentent ma pression abdominale
  • J’arrête le tabac
  • J’évite les postures, où je suis penché en avant : le jardinage, le sport et la sieste sont déconseillés après le repas



Que manger en cas de RGO ?


La prise en charge des facteurs de risque du RGO

Tout d’abord, il n’est pas nécessaire de mettre en place un régime strict si je souffre de reflux gastro-œsophagien.

Si je suis en surpoids ou si j’ai récemment pris du poids, je consulte un médecin et/ou un diététicien pour prendre en charge cet aspect.

Si je suis constipé, je suis alors les recommandations contre la constipation.

Les conseils pour un repas anti-RGO

Pour éviter les remontées du contenu gastrique dans l’œsophage, il est nécessaire de faciliter le travail de l’estomac et diminuer le temps de séjour des aliments dans celui-ci.

Ainsi, pour limiter l’apparition du reflux gastro-œsophagien :

  • Je mange dans le calme et lentement 
  • Je prends le temps de manger (20 à 30 min au minimum) et je mastique bien les aliments
  • J’évite les repas trop abondants et trop gras, notamment le soir
  • Je peux fractionner mes repas en plusieurs prises, plus petites

Le choix des aliments anti-RGO

Les aliments qui favorisent le reflux gastro-œsophagien diffèrent selon les patients. Selon ma tolérance, je pourrai alors limiter :

  • Les aliments irritants (ceux identifiés comme responsables de mes troubles), qui peuvent être :
    • Des crudités en excès
    • Des aliments épicés
    • Des aliments trop acides : citron, jus d’orange ou de tomate, vinaigre…
    • Des boissons irritantes : café, alcool, eau gazeuse…
  • Les aliments trop gras, qui ralentissent la vidange gastrique : pâtisserie, corps gras, charcuterie, poisson gras, plats en sauce, friture, fruits oléagineux, graines oléagineuses…
  • Les aliments susceptibles de distendre mon estomac et accentuer le reflux gastro-œsophagien :
    • Ceux qui ont un grand volume, tels que les soupes
    • Les aliments fermentescibles ou difficiles à digérer : légumes secs, légumes frais riches en fibres (choux, navet, oignon, concombre, poireaux…)

Pour plus d’information, je consulte la fiche conseil sur l’alimentation en cas de reflux gastro-œsophagien

 


Est-ce que le RGO se soigne ?

RGO-3Le signe du lacet est un symptôme du reflux gastro-œsophagien

Des traitements existent pour soulager les symptômes du reflux gastro-œsophagien et cicatriser les lésions des œsophagites. Ils servent également à prévenir les complications et les récidives.

Le traitement médicamenteux s’adapte à la fréquence, aux symptômes et aux complications éventuelles. Si les symptômes du reflux gastro-œsophagien sont transitoires ou constants, le traitement du reflux gastro-oesophagien est le même, il sera simplement à prendre en continu dans le 2ème cas.

Le médecin pourra alors me prescrire :

  • Des antiacides et alginates, qui neutralisent l’acidité de l’estomac et restent en surface (comme un pansement œsophagien)
  • Des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), qui réduisent la sécrétion acide

Des traitements chirurgicaux existent pour des cas particuliers, mais ne sont jamais prescrits en première intention dans le cadre d’un reflux gastro-œsophagien.

 

Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

Sources :