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Le scorbut réapparait : de quoi s'agit-il ?

Autrefois surnommé la « peste des marins », le scorbut est une maladie causée par une carence sévère en vitamine C (acide ascorbique), bien connue pour avoir décimé les équipages maritimes des siècles passés. Pourtant, cette maladie, qui semblait éradiquée dans les pays industrialisés, réapparaît de manière surprenante.

Plusieurs cas récents ont été rapportés, notamment dans les populations vulnérables et sous-alimentées, remettant en lumière les dangers d'une déficience nutritionnelle pourtant évitable. Comment expliquer cette réémergence d'une pathologie que l’on pensait oubliée ?

Comprendre le scorbut : une maladie de carence en vitamine C 

 

Le rôle de la vitamine C dans l’organisme 

La vitamine C, ou acide ascorbique, est un nutriment essentiel que l’organisme humain ne peut pas produire seul. Elle joue un rôle clé dans plusieurs fonctions biologiques, notamment en tant que puissant antioxydant et cofacteur enzymatique. L’une de ses fonctions principales est de favoriser la synthèse du collagène, une protéine structurale essentielle pour la solidité et la cohésion des vaisseaux sanguins, des os, des cartilages et des tissus conjonctifs. Le collagène, en formant une matrice stable dans ces tissus, prévient les déchirures et maintient l’intégrité des organes.

La vitamine C intervient également dans la cicatrisation des plaies et le maintien de la santé des gencives, protégeant ainsi des infections et des saignements. Elle facilite l'absorption du fer d’origine végétale par l’organisme, réduisant ainsi le risque d’anémie ferriprive. En agissant comme antioxydant, elle protège les cellules contre les dommages causés par les radicaux libres, ralentissant ainsi le vieillissement cellulaire et réduisant les risques de maladies cardiovasculaires et de certains cancers.

Une carence en vitamine C entraîne des symptômes variés, allant d'une fatigue intense et de douleurs musculaires à des manifestations plus graves comme les saignements des gencives, des ecchymoses spontanées et des hémorragies sous-cutanées. En l’absence de vitamine C, le collagène perd sa solidité, les tissus se fragilisent, et le corps devient vulnérable aux infections et aux blessures qui cicatrisent difficilement.

 

Historique et disparition progressive

Le scorbut a été identifié dès l’Antiquité. Au cours des explorations maritimes des XVe et XVIIIe siècles, il est devenu l’une des causes principales de mortalité en mer. La découverte de la vitamine C a permis une prévention efficace, grâce aux agrumes et autres aliments riches en acide ascorbique, éradiquant le scorbut des sociétés modernes dès le XIXe siècle.

 

Les facteurs de réémergence du scorbut dans les sociétés modernes

 

Des populations à risque

La résurgence du scorbut est principalement observée chez les personnes en situation de précarité, les personnes âgées isolées, les sans-abri et les patients ayant des troubles alimentaires ou des pathologies chroniques. Certains patients sous dialyse ou ayant subi une chirurgie bariatrique peuvent également être touchés, car leur capacité d'absorption de la vitamine C est diminuée.

 

Négligence alimentaire dans les sociétés modernes

La hausse du coût de la vie et les régimes restrictifs sont également des causes significatives de malnutrition en vitamine C. Les personnes qui consomment peu de fruits et de légumes frais en sont les principales victimes. Par ailleurs, une méconnaissance des besoins nutritionnels peut amener certains individus à privilégier des régimes alimentaires ultra-transformés pauvres en nutriments, incluant la vitamine C.

 

Les symptômes trompeurs

Le scorbut peut se manifester par une fatigue intense, des saignements, et des lésions cutanées, des ecchymoses qui sont souvent confondus avec d'autres pathologies, ce qui retarde le diagnostic. Par exemple, les lésions cutanées peuvent être confondues avec une vasculite, retardant ainsi un traitement pourtant simple par supplémentation en vitamine C.

Prévention et traitement : comment lutter contre le retour du scorbut ?

 

Les besoins en vitamine C et les recommandations diététiques 

Pour prévenir le scorbut, un apport quotidien de 10 mg de vitamine C est suffisant, même si l'OMS recommande généralement une dose quotidienne plus élevée pour une santé optimale. Cet apport peut être facilement atteint en consommant des fruits frais (comme les agrumes) et des légumes (poivrons, brocolis, tomates), mais reste inatteignable pour certaines populations vulnérables.

 

Diagnostic et intervention rapide

La détection du scorbut repose principalement sur les symptômes cliniques, complétés par un dosage de la vitamine C dans le sang si nécessaire. Un traitement curatif consiste en une supplémentation en vitamine C, à raison de 1000 mg par jour, qui entraîne une amélioration notable des symptômes en quelques jours seulement.

 

Actions sociales et éducatives 

Sensibiliser le public et les professionnels de santé sur le retour possible du scorbut est essentiel pour éviter de nouvelles carences. Les programmes de nutrition, en particulier pour les populations vulnérables, et l’éducation nutritionnelle jouent un rôle clé dans la prévention de cette maladie évitable.


Alors que l'éradication du scorbut semblait acquise, le retour de cette maladie rappelle l'importance des équilibres nutritionnels même dans les sociétés modernes. Il est impératif de garantir un accès adéquat aux aliments frais et de sensibiliser les populations aux dangers de la carence en vitamine C, notamment auprès des plus vulnérables. Une alimentation équilibrée, associée à une prise de conscience des symptômes de cette maladie, peut prévenir efficacement ce mal historique et garantir une meilleure santé pour tous.

 

 

Sources :