Santé décomplexée

Pourquoi et comment devenir flexitarien ?

Rédigé par Amanda Huguet-Millot | 08/09/23 06:30

Au pays du bœuf bourguignon et de la blanquette de veau, les traditions culinaires sont claires : la viande (ou le poisson) est la pièce maîtresse, et le reste, un accompagnement. La France est d’ailleurs le pays européen dans lequel les habitants consomment le plus de viande bovine.

Ainsi, réduire sa consommation de viande et devenir flexitarien peut être compliqué. Pourtant, 21% des Français l’ont fait, soit plus de 9,3 millions de personnes, selon l’étude France AgriMer datant de 2020.

Et pour cause, les risques d’une consommation excessive de viande sont désormais connus et il faut trouver des solutions. Que les motivations soient d’ordre éthique, environnemental, sanitaire ou financier, comment devenir flexitarien ?

 

 

Qu’est-ce que le flexitarisme alimentaire ?

 

Que veut dire « flexitarien » ?

 

Le régime flexitarien, aussi appelé « flexitarisme » est un mode d’alimentation prônant une consommation de viande et de poisson limitée.

Apparu aux Etats Unis dans les années 1990, le flexitarisme consiste donc à limiter les aliments carnés (chair de la viande, du poisson et des fruits de mer), tout en ne les excluant pas totalement.

L’alimentation flexitarienne diffère ainsi du végétarisme par la flexibilité dans l’alimentation, incluant occasionnellement de la viande ou du poisson, là où le végétarisme consiste à exclure totalement ces aliments. Moins contraignant, on pourrait alors parler de régime « semi-végétarien ».

Au-delà des bienfaits de réduire la viande sur la santé, l’alimentation flexitarienne permet d’aller vers une alimentation plus durable au niveau environnemental, à son rythme.

 

Quels sont les aliments à réduire ou à supprimer dans le régime flexitarien ?

 

Dans un régime flexitarien, aucun aliment n’est exclu, c’est seulement la fréquence qui change !

Concrètement, une alimentation flexitarienne réduit la fréquence de consommation de :

  • Viande et volaille ;
  • Poisson ;
  • Mollusques et fruits de mer ;
  • Charcuterie.

À l’heure actuelle, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) recommande de :

  • Privilégier la volaille et limiter les autres viandes (porc, bœuf, veau, mouton, agneau, abats) à 500g par semaine.
  • Consommer du poisson 2 fois par semaine, dont un poisson gras (sardines, maquereau, hareng, saumon).
  • Limiter la charcuterie à 150g par semaine.

Les recommandations concernant la viande ont d’ailleurs été revues à la baisse au cours des dernières années, car les études ont montré qu’une consommation excessive de viande rouge était défavorable à la santé et à l’environnement.

Puisque le flexitarisme consiste à diminuer sa consommation de viande et de poisson et de ne pas en manger tous les jours, il est tout à fait possible d’être flexitarien et de respecter les recommandations sur l’équilibre alimentaire.

Mais qui dit « moins » peut aussi dire « mieux ». Le flexitarisme peut ainsi également inciter à consommer moins de viande, mais de meilleure qualité. Ainsi, pas d’impact sur le budget, mais une viande de meilleure qualité gustative, plus respectueuse du bien-être animal et de l’environnement.

 

Comment devenir flexitarien ?

 

Contrairement au végétarisme, l’alimentation flexitarienne est, comme son nom l’indique, flexible. Il est donc possible d’aller, à son rythme, vers une alimentation moins riche en chair animale, et contenant de plus en plus de sources de protéines végétales.

Le flexitarisme propose ainsi de diversifier encore davantage son alimentation, et de consommer tous les groupes d’aliments, mais dans des proportions différentes.

 

Pour devenir flexitarien, il donc conseillé de :

  • De diminuer sa consommation de viande et de poisson progressivement. Un mode d’alimentation ne se transforme pas du jour au lendemain. Il est par exemple possible de commencer par 2 à 3 jours par semaine sans viande, en commençant par réduire la viande rouge.
  • De privilégier la viande et le poisson de bonne qualité, en choisissant les signes officiels de la qualité et de l’origine (agriculture biologique, Label Rouge…).
  • D’enrichir son alimentation en fruits et légumes.
  • D’augmenter la fréquence de consommation de légumes secs (pois chiche, haricots secs, lentilles…) et de céréales, idéalement complètes. De véritables alliés du régime flexitarien ! En association, ils permettent d’obtenir des protéines complètes, dont la qualité est proche de celles de la viande.
  • Si le passage au flexitarisme s’avère difficile, pourquoi ne pas tester les substituts végétaux à la viande : galettes végétales, steak de soja… ? Attention toutefois, ces produits sont souvent des aliments ultra-transformés et leur consommation devrait rester occasionnelle.
  • De consommer des fruits à coques et des graines oléagineuses.
  • D’explorer de nouvelles recettes et types de cuisine, afin de conserver le plaisir à table !

Pour que le passage à une alimentation flexitarienne soit le plus agréable possible, il est conseillé de varier au maximum les aliments de chaque groupe et de les cuisiner dans des recettes variées et bien assaisonnées.

 

 

Pourquoi devenir flexitarien ?

 

Quels sont les bienfaits possibles du flexitarisme pour la santé ?

 

Tout d’abord, il est important de rappeler que l’on peut tout à fait manger équilibré en ayant un mode d’alimentation flexitarien, et n’avoir aucune carence puisque aucun aliment n’est exclu.

Le flexitarisme a également l’avantage de réduire les risques associés à une consommation trop importante de viande rouge et de charcuterie :

  • Cancers: notamment colorectal, du pancréas, du foie ou encore de la prostate.
  • Obésité et diabète de type 2.
  • Maladies cardiovasculaires.

Par ailleurs, en cas d’élevage intensif, le recours fréquent aux antibiotiques peut générer des risques d’antibiorésistance chez l’Homme, par la rémanence des traitements dans la viande. Le flexitarisme pourrait donc aider à limiter les risques d’exposition aux antibiotiques.



Quels sont les autres avantages du flexitarisme ?

 

Toutefois, la santé n’est pas le seul argument en faveur du flexitarisme.

En effet, ce mode d’alimentation pourrait également avoir un impact positif sur l’environnement car la surconsommation de viande et de poisson entraine de nombreux dégâts sur notre planète :

  • Épuisement des stocks de poisson à cause de la surpêche.
  • Déforestation liée au développement de la culture de soja pour nourrir le bétail.
  • Emissions de gaz à effet de serre liés à l’agriculture intensive…

D’après la WWF, en France « entre 25 et 30% de notre empreinte carbone est liée à notre alimentation, avec une forte contribution du secteur de l'élevage ».

Réduire sa consommation de viande et de poisson dans le cadre du flexitarisme pourrait donc contribuer à réduire ces dégâts.

De plus, un avantage non-négligeable à devenir flexitarien, c’est l’aspect financier ! Et oui, la viande et le poisson coûtent chers, tandis que les légumineuses et céréales, par exemple, beaucoup moins. Diminuer sa consommation de produits carnés au profit d’aliments végétaux peut donc avoir un fort impact sur le porte-monnaie.

Une étude de France AgriMer réalisée en 2020 listait d’ailleurs les raisons du passage à ce type d’alimentation évoquées par les flexitariens :

  • Le bien-être et la santé ;
  • L’équilibre alimentaire ;
  • L’environnement ;
  • Des préoccupations budgétaires ;
  • Le bien-être / la cause animale ;
  • Un dégoût pour la viande.

Enfin, plus surprenant, la crise sanitaire a influencé les raisons de devenir flexitarien chez de nombreuses personnes. Ainsi, depuis le COVID, on retrouve beaucoup plus fréquemment la perte de poids et les raisons financières comme motivation à passer au flexitarisme.

NB : Diminuer sa consommation de viande et de poisson ne fait pas nécessairement perdre du poids.

 

Quels sont les inconvénients de manger moins de viande et de produits d'origine animale ?

 

Contrairement au végétarisme, ou encore au végétalisme, le flexitarisme est un mode alimentaire flexible. Ainsi, les impacts sur la vie sociale (aller au restaurant ou être invités chez des amis) sont relativement faibles.

Toutefois, devenir flexitarien n’est pas toujours évident. Tout d’abord, le passage au flexitarisme nécessite de remettre en question nos habitudes alimentaires, dans un pays où la gastronomie est reine, et le produit carné souvent au centre du plat. Le flexitarisme peut ainsi demander plus d’efforts au moment des courses, puis en cuisine.

Parmi les principales difficultés rencontrées chez les personnes s’étant tournées vers ce mode alimentaire, on retrouve :

  • La difficulté à trouver des idées de menus et de recettes.
  • Savoir par quels produits remplacer les protéines animales.
  • Une augmentation du budget courses.
  • La difficulté à se priver de certains aliments que l’on aime.
  • La réduction des choix lorsque l’on mange à l’extérieur.

Le principal frein étant de se passer complètement de la viande et du poisson lorsque l’on aime ça, c’est ce qui explique pourquoi tant de personnes choisissent le flexitarisme plutôt que le végétarisme. Pourtant, le flexitarisme peut également être une étape avant de passer à un mode alimentaire plus rigide (végétarisme, voire végétalisme ou véganisme).

Enfin, d’un point de vue nutritionnel, il est important que l’alimentation flexitarienne puisse convenir à ses besoins. Protéines, fer, zinc, vitamine B12… sont principalement retrouvés dans les produits d’origine animale. Une réduction importante de ces aliments peut donc entraîner des carences.

Le changement de mode d’alimentation peut être compliqué et il peut être utile d’être accompagné par un professionnel de l’alimentation : médecin-nutritionniste ou diététicien.

 

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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

 

Sources :