Qu’est-ce qu’une péritonite ?
Définition de la péritonite
Qu’est-ce que le péritoine ?
Le péritoine est une membrane qui tapisse les parois de l’abdomen et la surface des organes digestifs qu’il contient (foie, intestins, rate, etc.). Grâce au péritoine, les viscères sont isolés dans une cavité appelée « cavité péritonéale », leur permettant d’être maintenus en place, le tout dans un milieu stérile.
Il est important de comprendre ce qu’est le péritoine et son anatomie pour mieux appréhender la péritonite.
Dans sa partie supérieure, le péritoine est accolé au diaphragme et dans sa partie inférieure, celui-ci repose sur les organes pelviens (vessie, utérus et rectum) en formant des replis appelés « culs-de-sac ».
D’un point de vue anatomique, le péritoine est composé de deux feuillets entre lesquels se trouve une fine lame de liquide péritonéal, permettant de lubrifier les organes digestifs et leur permettre de glisser. En cas d’excès de ce liquide, on parle d’ascite.
La péritonite, l’inflammation du péritoine
La péritonite correspond à une inflammation aigüe de la membrane interne du péritoine, celle qui tapisse les viscères de la cavité péritonéale. L’inflammation peut être localisée ou généralisée, et est le plus souvent causée par une infection.
Comme le péritoine est vaste (de 1 à 2 m² selon la corpulence de la personne) et richement vascularisé, l’infection peut rapidement se propager et se transformer en infection généralisée, la septicémie. Cette dernière peut conduire au décès si elle n’est pas prise en charge à temps.
Causes de la péritonite
Selon l’origine de l’infection, la péritonite est classée en trois catégories, selon la classification de Hambourg :
- Les péritonites primaires : ce type, très rare, est lié au passage d’un germe présent dans le sang dans le péritoine (on parle alors de translocation du germe). On peut retrouver ce type de péritonite lors de dialyse péritonéale, par exemple. Les péritonites primaires ne concernent que 1 à 2% des cas de péritonites.
- Les péritonites secondaires se manifestent suite à la diffusion d’une infection localisée dans l’abdomen, principalement par la perforation d’un organe digestif.
- Les péritonites tertiaires caractérisent les péritonites secondaires ayant évolué péjorativement. En effet, dans certains cas, malgré un traitement bien conduit, la cavité abdominale est surinfectée par des microorganismes (bactéries) devenus résistants. Ce type de péritonite nécessite une prise en charge spécifique.
La péritonite aigüe infectieuse est dans 90% des cas secondaire à la perforation d’un organe contenu dans la cavité abdominale.
Les causes de péritonites secondaires peuvent donc être :
- La complication d’une appendicite (péritonite appendiculaire), la principale cause chez les sujets jeunes
- La perforation d’un ulcère gastro-duodénal
- La perforation d’un diverticule du côlon sigmoïde enflammé (diverticulite), une petite poche dans la dernière partie du côlon
- Un abcès à la suite d’une inflammation de la vésicule biliaire (cholécystite)
- Une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) : rectocolite hémorragique ou maladie de Crohn
- Une contamination par des germes lors d’une opération chirurgicale…
Les trois premières causes sont d’ailleurs les plus fréquentes dans les péritonites, mais contrairement aux idées reçues, les péritonites ne sont donc pas toujours secondaires à une appendicite.
Risques de la péritonite
Les tissus sanguins irriguent largement le péritoine. Ainsi, le risque de diffusion de l’infection à tout le corps est élevé, on parle alors de septicémie.
La péritonite aiguë est une urgence chirurgicale, engageant le pronostic vital. C’est pourquoi il est nécessaire, dès les premiers symptômes de consulter un médecin ou de contacter le SAMU en composant le 15.
Quels sont les signes d’une péritonite ?
Symptômes de la péritonite
Les signes typiques de la péritonite sont :
- Ma tension baisse, mon rythme cardiaque s’accélère
- J’ai du mal à respirer
- Je suis confus
- J’ai de la fièvre (39-40°C) ou au contraire ma température est basse (36°C) et j’ai des frissons
- J’ai de fortes douleurs au niveau abdominal
- Mon ventre est dur, mes muscles abdominaux sont contractés (« ventre de bois »)
- Je vomis, mon transit intestinal s’arrête
Note : Dans certains cas, les symptômes de la péritonite peuvent être faibles (voire absents) ou difficiles à évaluer. Je redouble de vigilance si je suis âgé, dénutri ou immunodéprimé ou si je suis en situation d’obésité.
Les symptômes peuvent varier selon la cause de la péritonite, dans les cas le plus fréquents : l’appendicite, la perforation d’ulcère ou de diverticule.
Symptômes de la péritonite appendiculaire
Si je souffre d’une péritonite à la suite d’une appendicite, je pourrais remarquer les symptômes suivants :
- J’ai une douleur en bas à droite du ventre
- Mes symptômes débutent progressivement
- J’ai un peu de fièvre (39-40°C)
- Le toucher rectal pratiqué par le médecin est très douloureux, notamment au niveau du « cul-de-sac de Douglas », l’un des replis du péritoine
- Mon bilan sanguin montre une augmentation des globules blancs (hyperleucocytose)
Symptômes de la péritonite par perforation d’ulcère
En cas de péritonite par perforation d’ulcère, les symptômes suivants peuvent se manifester :
- J’ai mal dans la partie centrale au-dessus du nombril
- La douleur survient brutalement
- Je n’ai pas de fièvre au début
- Si mon médecin pratique un toucher rectal, celui-ci sera également douloureux
Symptômes de la péritonite diverticulaire
Si ma péritonite est secondaire à la perforation d’un diverticule inflammé, ces symptômes peuvent apparaître :
- Une douleur débute progressivement en bas à gauche de mon ventre
- J’ai de la fièvre
- Le toucher rectal est douloureux
- Mon bilan sanguin indique une infection (taux de globule blanc anormalement élevé)
Diagnostic de la péritonite
À partir des symptômes
A partir des symptômes évocateurs, en particulier la contracture abdominale, le médecin pourra statuer sur la présence d’une péritonite.
La recherche de la cause sera appuyée par :
- La localisation de ma douleur
- Le début de celle-ci : brutal ou d’apparition progressive
- La présence ou non de signes infectieux (fièvre, gêne respiratoire…)
Je note donc l’évolution de mes symptômes pour permettre au médecin d’affiner son diagnostic.
En cas de choc septique, le médecin m’orientera vers une opération chirurgicale en urgence, en ne la retardant pas par des examens complémentaires.
À partir d’examens complémentaires
En l’absence de choc septique, le médecin pourra réaliser des examens complémentaires pour définir la cause de la péritonite et aider à la prise en charge.
D’une part, la prise de sang. Celle-ci ne permet pas de poser de diagnostic de péritonite mais permet d’en évaluer la gravité. La culture bactériologique à partir du sang (hémoculture) permettra d’évaluer la présence d’une septicémie.
De l’autre, les examens d’imagerie peuvent permettre de mettre en évidence :
- La présence d’air dans le péritoine (pneumopéritoine), caractéristique de la perforation d’un diverticule, et dans une moindre mesure d’un ulcère
- Des signes spécifiques liés à la cause de la péritonite
Dans tous les cas, en cas de suspicion de péritonite secondaire à la perforation d’un ulcère, aucune endoscopie digestive haute (le passage d’une caméra par la bouche ou le nez) ne sera réalisée.
Vous êtes malade (sans signes de gravité) et ne trouvez pas de médecins ?
Comment se soigne la péritonite ?
Une urgence chirurgicale
Quelle qu’en soit la cause, le traitement de la péritonite associe toujours :
- Un traitement symptomatique : par la prescription d’anti-douleurs, la correction de la pression artérielle…
- Une antibiothérapie à large spectre, puis plus spécifique avec les résultats d’analyse
- Une prise en charge chirurgicale
Au-delà du traitement de l’infection par des antibiotiques et la gestion des symptômes, la péritonite requiert donc un traitement chirurgical.
Pour cela, je serai mis à jeun afin de reposer mon tube digestif. L’opération sera réalisée via une incision dans l’abdomen (laparotomie) ou par de petites incisions à l’aide d’une caméra (coelioscopie).
L’opération de la péritonite comporte plusieurs objectifs :
- D’une part, traiter la cause : l’organe impliqué sera alors retiré (appendice, vésicule biliaire, partie du côlon où se situe le diverticule perforé…) ou réparé (dans le cas de l’estomac ou de l’intestin)
- De l’autre, nettoyer le péritoine
Durant l’opération, le chirurgien pourra prélever du liquide dans la cavité péritonéale afin de déterminer quel germe y est présent et donc quel antibiotique utiliser. Je serai sous antibiotique pendant 5 à 7 jours.
Comment se nourrir après une péritonite ?
Dans les jours qui suivent l’opération, je pourrai reprendre une alimentation normale progressivement. Au début, je mange des repas légers et j’évite les aliments difficiles à digérer, tels que :
- Les repas riches en graisses, notamment cuites (surtout les fritures)
- L’alcool
- Les aliments qui fermentent et pourraient me provoquer des ballonnements : légumineuses, choux, etc.
- Les plats épicés
Une alimentation restrictive sur le moyen ou le long-terme après une péritonite n’est pas indiquée.
En cas de retrait de ma vésicule biliaire, un médecin ou un diététicien pourront m’accompagner dans l’adaptation de mon alimentation.
Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :
- Abrégé d’hépato-gastro-entérologie. Péritonite aiguë. Editions Elsevier-Masson 2ème édition - Partie « Connaissances » - 2012
- Manuel MSD – Péritonite bactérienne spontanée
- Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) – Péritonite