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L'ulcère gastrique ou duodénal
L'ulcère toucherait environ 1 personne sur 10 au cours de sa vie. Les traitements permettent une guérison rapide dans la majorité des cas

L’ulcère gastrique, aussi appelé ulcère gastro-duodénal est une pathologie très fréquente touchant l’estomac ou le début de l’intestin. On estime que 10% de la population des pays développés développera un ulcère durant sa vie.

Chaque année, on recense 90 000 nouveaux cas d’ulcères, diagnostiqués par endoscopie.

Un autre symptôme ? Découvrez notre page symptômes.

C'est quoi un ulcère ?


Quelle est la définition de l’ulcère ?


L’ulcère gastro-duodénal est une perte de substance en profondeur de la paroi gastrique et/ou duodénale (première partie de l’intestin). Il résulte de l’inflammation chronique de la paroi.

Même si l’ulcère est une complication de la gastrite, la différence se situe sur la profondeur d’atteinte des lésions.

L'ulcère devient chronique et récidivante, évoluant par poussées. La gastrite est normalement passagère. 



Combien de personnes ont un ulcère en France ?


En France, on estime que 10% de la population développera un ulcère gastrique ou duodénal au cours de sa vie. Les ulcères duodénaux sont 4 fois plus fréquents que les ulcères gastriques.

En moyenne, l’ulcère duodénal survient entre 50 et 60 ans, et l’ulcère gastrique à 65 ans.

Concernant la répartition homme-femme, l’ulcère duodénal touche 3 hommes pour 1 femme, tandis que l’ulcère gastrique ne présente pas de prédominance.



Qu'est ce qui provoque un ulcère ?

L’ulcère gastro-duodénal résulte de la faillite des mécanismes de protection de la muqueuse gastrique, dans la continuité de la gastrite chronique. Le mucus (gel protecteur de la paroi) et le bicarbonate tamponnant l’acidité gastrique ne jouent plus correctement leur rôle face aux facteurs agresseurs. L’acidité du liquide gastrique attaque alors la paroi en profondeur, créant une inflammation chronique et une érosion. La paroi va alors s’affiner : c’est l’ulcère.

L’ulcère gastro-duodénal est influencé par des facteurs génétiques, mais également par des facteurs environnementaux. Parmi ces facteurs modifiant l’équilibre protection-acidité (ou agression-défense), on retrouve :

  • Helicobacter pylori, une bactérie qui est fréquemment retrouvée dans les cas d’ulcères (90% dans les cas d’ulcère duodénal et 70% des ulcères gastriques, contre 15 à 30% de la population générale). Cette bactérie, résistante à l’acidité de l’estomac, perturbe l’équilibre et la protection de l’estomac et du duodénum, entraînant une gastrite chronique pouvant évoluer en ulcère.
  • Une prise chronique et/ou excessive d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) tels que l’ibuprofène ou l’aspirine : les AINS altèrent les mécanismes de défense de la muqueuse et favorisent la survenue d’ulcères, plus fréquemment gastriques.
  • Un stress intense qui cause un polytraumatisme, des brûlures étendues ou une intervention chirurgicale lourde.
  • La maladie de Crohn provoque des ulcères particuliers.
  • Une consommation excessive et régulière d’alcool, irrite la muqueuse.
  • La consommation tabagique, qui augmente la sécrétion d'acide.




Ulcère : est-ce grave ?

 

Quels sont les symptômes de l’ulcère ?


L’ulcère peut être asymptomatique et confondu avec des reflux gastro-œsophagiens ou une gastrite.

En cas de symptômes, je peux ressentir des douleurs épigastriques (partie haute, au milieu de l’abdomen), à type de crampe d’estomac et plus rarement à type de brûlure. Le plus souvent, ces douleurs n’irradient pas dans d’autres localisation et sont soulagées par les prises alimentaires ou d’antiacides.

Mes douleurs durent de quelques dizaines de minutes à quelques heures, puis je vis des phases sans symptôme (généralement de 1 à 3h). Les douleurs de l’ulcère sont rythmées par les repas : quelques heures après le repas dans l’ulcère duodénal, et avant de manger pour l’ulcère gastrique (« faim douloureuse »).

Je peux également ressentir une douleur atypique sous les côtes, non-rythmée par alimentation.

Mes douleurs peuvent également être rythmées par les saisons : généralement accentuées en automne et au printemps.

L’évolution est chronique, avec des poussées douloureuses de 2 à 4 semaines, suivies de rémissions plus ou moins longues.

Je peux également constater d’autres symptômes non-spécifiques de l’ulcère : nausées et vomissements, parfois des diarrhées ou des saignements digestifs. Ces symptômes sont parfois évocatrices des complications.



Comment savoir si j'ai un ulcère ?

La palpation lors d'un ulcère gastrique ne montre généralement pas d'anomalie

Le diagnostic de l’ulcère se base d’une part sur les symptômes et d’autre part sur l’interrogatoire des facteurs de risques. Le médecin pourra me questionner sur ma prise d’AINS, sur ma consommation tabagique et d’alcool.

La palpation épigastrique douloureuse peut être évocatrice d’un syndrome douloureux atypique.

Le diagnostic de l’ulcère sera confirmé par une endoscopie digestive haute sous anesthésie locale ou générale, accompagnée d’une biopsie. Elle permet de visualiser les voies digestives jusqu’au duodénum, en insérant une petite caméra. On constatera alors une perte de substance, comme un creux dans la paroi, spécifique de l’ulcère.

La présence d’Helicobacter pylori sera systématiquement recherchée dans la biopsie.


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Quelles sont les complications de l’ulcère ?

Les complications de l’ulcère sont de moins en moins fréquentes grâce aux traitements. 


L’hémorragie digestive

L’hémorragie digestive se manifeste par la présence de sang dans les vomissements (hématémèse) et/ou dans les selles (méléna, selles noires contenant du sang digéré). 

Elle peut également être plus insidieuse et entraîner une anémie.

Cette conséquence est surtout retrouvée pour les ulcères chez les plus de 65 ans et les personnes consommant des AINS de façon chronique.


La perforation de la paroi 

Suite à la perte de substance de la paroi gastrique ou duodénale, la paroi peut se perforer. Elle peut alors entraîner un abcès. Il y aura alors une accumulation de pus dans le péritoine (cavité de l’abdomen).

L’abcès se manifeste par une douleur brutale et intense épigastrique (en coup de poignard), des nausées et vomissements, une pâleur, un pouls rapide et le ventre dur. 

Dans certains cas, l’abcès peut s'étendre vers un autre organe, comme le pancréas.

Cette complication de l’ulcère est moins fréquente que l’hémorragie digestive mais constitue une urgence médicale.

Elle est également favorisée par la prise d’AINS.

La sténose

La sténose ne se retrouve que dans le cas de l’ulcère duodénal. L’inflammation rétrécit progressivement le diamètre du tube digestif, obligeant à un hyperpéristaltisme (contractions exagérées pour faire avancer le bol alimentaire) afin de dépasser l’obstacle. 

La sténose se manifeste par des douleurs tardivement après le repas, calmées par les vomissements.


Le cancer

Le risque de cancer est faible et n’est présent que pour l’ulcère gastrique. En effet, le risque de dégénérescence dans l’estomac y est important. Cela justifie la nécessité des biopsies lors de l’endoscopie.

Dans le cas de l’ulcère duodénal, celui-ci ne peut pas évoluer en cancer car le duodénum ne présente pas de cancer propose

Chaque année, on dépiste environ 90 000 cas d’ulcères, dont 20 000 au stade de complications. Le taux de mortalité des complications ulcéreuses est de l’ordre de 10%. Il est donc essentiel de diagnostiquer l’ulcère au plus tôt.

Comment peut-on guérir d'un ulcère ?

L'ulcère peut parfois être douloureux

Mesures hygiéno-diététiques

J’évite les irritants gastriques

Ma muqueuse digestive étant malmenée à cause de l’inflammation et de l’ulcère, je choisis des aliments faciles à digérer et j’évite les irritants gastriques :

  • Les aliments acides : comme le jus de citron pur, le vinaigre, les jus d’agrumes, qui pourraient agresser la paroi digestive dont les capacités de défense sont diminuées
  • Les aliments trop gras : notamment les graisses cuites et les produits frits, qui surchargeront le travail de mon estomac
  • Les aliments trop épicés
  • Les aliments trop chauds ou trop froids
  • L’alcool et les boissons excitantes (café, thé) : surtout pendant les poussées ulcéreuses


Je favorise le repos de mon organisme

Je peux également fractionner mes repas pour éviter d’alourdir mon estomac. Cinq prises légères pourront alors être mieux tolérées que 3 prises copieuses en cas d’ulcère.

Je mange dans le calme, lentement et en mastiquant bien pour faciliter le travail de digestion de mon estomac.

J’essaye également de limiter au maximum les sources de stress.

Enfin, j’essaie d'arrêter de fumer et je consulte mon médecin pour trouver des alternatives à ma prise d’AINS.

 

Quel est le traitement médicamenteux ?


Les objectifs du traitement médicamenteux sont multiples : cicatriser mon ulcère, réduire mes symptômes et prévenir les récidives et complications.

Selon la cause de l’ulcère et la prescription du médecin, je pourrais être amené à prendre :

  • des antisécrétoires : qui inhibent la sécrétion d’acide chlorhydrique, responsable de l’acidité de mon estomac;
  • des antiacides : qui neutralisent l’acidité gastrique (traitement du symptôme de l’ulcère);
  • un pansement gastrique : qui s’interpose entre la paroi gastrique et le contenu gastrique acide pour éviter l’irritation (traitement du symptôme de l’ulcère);
  • des antibiotiques : si je suis porteur d’Helicobacter pylori.

Dans 70% des cas, le traitement permet la guérison et une suppression rapide de mes symptômes.

Un mois après la fin du traitement, je fais un contrôle avec le médecin pour vérifier si l’ulcère a correctement cicatrisé.

 

Quel est le traitement chirurgical ?


Le traitement chirurgical de l’ulcère est indiqué seulement si les traitements médicamenteux ont échoué. On pourra alors opter pour :

  • la coagulation des tissus et vaisseaux sanguins en cas d’hémorragie ;
  • le retrait d’une partie de l’estomac (gastrectomie) dans le cas d’ulcère gastrique : on retirera alors la partie antrale où est contrôlée la sécrétion acide ;
  • la suppression de la stimulation vagale (vagotomie) et donc de la sécrétion acide.

Ces interventions (notamment gastrectomie et vagotomie) peuvent toutefois mener à des effets secondaires, c’est pourquoi elles ne sont utilisées qu’en dernière intention dans le traitement de l’ulcère.

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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

Sources : 

  • Ameli – Ulcère
  • Abrégé d’hépato-gastro-entérologie. Ulcère gastrique et duodénal. Gastrite. Editions Elsevier-Masson 2ème édition - Partie « Connaissances » - 2014
  • Physiopathologie – bases physiopathologiques de la diététique. Editions Lavoisier 2ème édition - 2014
  • Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) – Ulcère