Qu’est-ce qu'un polype colorectal ?
Définition du polype colorectal
Un polype est une petite tumeur localisée au niveau de la paroi de divers organes tels que le côlon, la vessie, l’utérus, les cordes vocales, ou encore le nez. Un polype colorectal est ainsi une excroissance se développant sur la muqueuse du côlon ou du rectum. La taille et la forme des polypes peuvent toutefois être diverses :
- Une saillie arrondie, semblable à un verre de montre, est appelée « polype sessile ».
- Une forme de champignon avec un pied et une tête caractérise le polype pédiculé.
- Un léger relief, pour le polype plan.
- Un creux dans la paroi interne du côlon ou du rectum met en évidence un polype « déprimé » ou « ulcéré ».
Pouvant être bénins ou malins, les polypes sont le plus souvent retirés afin de prévenir l’apparition d’un éventuel cancer colorectal.
Lorsque l’on retrouve plus de 10 polypes, on parle de polypose.
Les causes des polypes varient mais elles peuvent être d’ordre héréditaire, avec l’existence de prédispositions génétiques.
Quels sont les différents types de polypes du côlon et du rectum ?
Il n’existe pas un, mais plusieurs types de polypes colorectaux. On les distingue selon les cellules sur lesquelles ils se développent et selon leurs risques d’évolution en cancer colorectal.
On retrouve ainsi les polypes ayant un fort risque de cancer :
- Les polypes adénomateux (appelés également polyadénomes ou adénomes) : de formes différentes, ce type de polypes représente 2/3 des polypes du côlon et du rectum. On les classe par leur forme histologique (sessile, plan ou pédiculé) et leur nombre d'anomalies des cellules annonciatrices d’une transformation cancéreuse (degré de dysplasie).
- Les polypes festonnés ou dentelés : sont des polypes adénomateux ayant un aspect dentelé lors de l’analyse au microscope, d’où leur nom.
D’autres types de polypes colorectaux existent, avec des risques moindres d’évoluer en cancer colorectal. C’est notamment le cas de :
- Polypes hyperplasiques : accompagnés d’une augmentation du volume et des modifications des glandes localisées dans la muqueuse du côlon.
- Polypes hamartomateux : beaucoup plus rares, ces polypes sont caractérisés par une modification de la structure de la muqueuse liée à une croissance excessive de cellules naturellement présentes dans le côlon.
Enfin, dans le cas de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), des pseudo-polypes peuvent apparaître secondairement aux processus d’inflammation et de cicatrisation de la muqueuse du côlon et du rectum. On les retrouve donc habituellement chez les personnes souffrant de rectocolite hémorragique ou de la maladie de Crohn.
Quels sont les symptômes d'un polype ?
La plupart du temps, les polypes du côlon et du rectum sont asymptomatiques et sont découverts lors d’une coloscopie de contrôle, dans le cadre :
- Du dépistage d’un cancer colorectal après la découverte de sang dans les selles.
- De la surveillance d’une maladie chronique : MICI ou maladie cœliaque par exemple.
- En cas d’antécédents personnels ou familiaux de polype, de polypose ou de cancer colorectal.
Plus rarement, quelques signes digestifs peuvent se manifester en cas de polype colorectal :
- La présence de sang rouge ou noir dans les selles.
- Une constipation.
- Des douleurs abdominales.
- Une anémie, liée à une perte invisible mais prolongée de sang et mise en évidence par un bilan sanguin.
Est-il normal d'avoir un polype ?
Quelles sont les causes des polypes ?
Bien qu’il ne soit pas « normal » de présenter des polypes colorectaux, leur prévalence est plutôt élevée. Les polypes adénomateux toucheraient près de 30% des personnes de 65 ans, dont deux fois plus d’hommes que de femmes. Les polypes hyperplasiques, quant à eux, atteindraient 20 à 30% des sujets de 50 ans.
Toutefois, le risque de présenter des polypes augmente avec :
- L’âge ;
- L’hérédité et les antécédents familiaux, notamment si un parent, un frère ou une sœur a déjà eu des polypes ou un cancer colorectal ;
- La récidive et les antécédents personnels : le risque de récidive est élevé, d’où l’importance d’une surveillance régulière après la 1ère découverte ;
- Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ;
- Le surpoids et l’obésité ;
- Un régime alimentaire pauvre en fibres ;
- L’alcoolisme et le tabagisme ;
- La sédentarité...
De plus, il existe également des formes familiales de polyposes rares, telles que la polypose adénomateuse familiale. Cette maladie héréditaire, qui présente un risque de transmission de 50% à chaque enfant, se manifeste par une centaine de polypes de type adénome précancéreux. Ces polypes se développent au niveau du côlon et du rectum dès l’enfance ou l’adolescence et évoluent en cancer autour de la quarantaine. Ce type de polypose est responsable de 1% des cancers colorectaux.
Les polypes sont-ils dangereux ?
Bien que 60 à 80% des cancers colorectaux apparaissent à partir des polypes du côlon et du rectum, tous les polypes ne sont pas à risque d’évoluer en cancer colorectal.
Par ailleurs, il faut en général plus de dix ans pour que les polypes ne se transforment en cancer. Grâce à une surveillance régulière et des dépistages, il est possible de visualiser et retirer les polypes lors d’une coloscopie et ainsi réduire le risque de développer un cancer colorectal.
Comment se débarrasser des polypes ?
Diagnostic des polypes colorectaux
Le diagnostic des polypes colorectaux se base sur un examen de visualisation de l’intérieur du rectum et du côlon à l’aide d’une petite caméra, appelé « rectocoloscopie » ou simplement « coloscopie ».
Cet examen permet à la fois d’observer la muqueuse du côlon et du rectum, d’effectuer des prélèvements en cas de présence de lésions suspectes mais également de retirer les polypes identifiés.
Afin d’obtenir les résultats de l’examen les plus fiables possible, une préparation à la coloscopie est nécessaire. Cette préparation consiste en un régime alimentaire limitant les résidus digérés dans la fin du tube digestif et un lavement. La préparation colique conditionne la performance de la coloscopie et l’identification des polypes.
La coloscopie est réalisée par un gastro-entérologue, sous anesthésie générale de courte durée. Elle ne nécessite pas d’hospitalisation prolongée. En cas de suspicion de polypes colorectaux et de contre-indication à la coloscopie, une coloscopie virtuelle par scanner et la vidéocapsule colique peuvent être proposés en alternative.
Traitement des polypes du côlon et du rectum
En cas de détection de polypes colorectaux lors d’une coloscopie, une ablation de l’intégralité des polypes est réalisée (polypectomie endoscopique) et ceux-ci sont analysés pour en connaître la nature et la présence éventuelle de cellules cancéreuses.
Par ailleurs, si les polypes ont été détectés par une coloscopie virtuelle, il sera nécessaire de réaliser une coloscopie pour les retirer. S’il n’est pas possible de réaliser cette intervention, une surveillance accrue des polypes sera indiquée.
Trois méthodes endoscopiques de traitement des polypes du côlon et du rectum sont utilisées, en fonction de la taille et de la profondeur du polype :
- La polypectomie à l’anse froide ou chaude : pour retirer le polype et empêcher le saignement.
- La mucosectomie : permet de décoller le polype pour l’enlever plus facilement à l’aide de la 1ère méthode, grâce à une injection de sérum physiologique sous la muqueuse.
- La dissection sous-muqueuse : du sérum physiologique est injecté sous la muqueuse avant la dissection du polype, notamment pour ceux profondément insérés dans la paroi colorectale.
Si l’exérèse des polypes colorectaux n’est pas possible par coloscopie, une ablation par chirurgie est également possible.
Quelle surveillance après l'ablation d'un polype du côlon ou du rectum ?
Après l’ablation d’un polype du côlon ou du rectum, une surveillance est essentielle.
En effet, le risque de récidive des polypes adénomateux (à risque d’évolution en cancer colorectal) est élevé : ils réapparaissent dans 1/3 des cas. Il est donc indispensable de surveiller régulièrement la muqueuse du côlon et du rectum afin de détecter et d’enlever les nouveaux adénomes « à temps ».
Le rythme des coloscopies de contrôle dépend des caractéristiques du ou des polypes retirés, mais aussi des antécédents personnels et familiaux de polypes et cancers colorectaux.
Les polypes sont ainsi classés en haut risque s’ils présentent l’une des caractéristiques suivantes :
- Il y a 3 polypes adénomateux ou plus.
- Ils mesurent 10mm ou plus.
- Le risque d’évolution en cancer colorectal (dysplasie) est important.
En revanche, ils sont dits à « bas risque » s’il y en a moins de 3, si leur taille est inférieure à 10mm et que leur dysplasie est peu importante ou absente. La présence de polypes à haut risque augmente la fréquence recommandée de surveillance.
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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :
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Collégiale des Universitaires en Hépato-gastro-entérologie. Hépato-gastro-entérologie. Chirurgie digestive. Tumeurs du côlon et du rectum. Editions Elsevier-Masson 4ème édition - 2018
-
Ameli – Polypes du côlon et du rectum
- ELSAN - Polype : définition, causes, traitements
- Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) – Polypes colorectaux : facteurs prédictifs de polypes à haut risque
VIDAL - Causes et prévention du cancer colorectal