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Qu'est-ce que la rectocolite hémorragique ?
La rectocolite hémorragique est une maladie chronique, qui nécessite une prise en charge adaptée. Quels traitements et quelle alimentation ?

La rectocolite hémorragique est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) qui provoque une inflammation du rectum et souvent du côlon. En France, elle touche 1 personne sur 1000, soit 700 000 français, et 5 à 10 nouveaux cas par 100 000 habitants sont diagnostiqués annuellement.

Qu’est-ce que la rectocolite hémorragique ?

 

Qu'est-ce qui peut provoquer la rectocolite hémorragique ?

Une coloscopie est nécessaire pour diagnostiquer la rectocolite hémorragique

La rectocolite hémorragique (RCH) est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), au même titre que la maladie de Crohn.

Elle correspond donc à une inflammation chronique d’une partie du tube digestif : elle touche systématiquement le rectum et remonte fréquemment jusqu’au côlon. Contrairement à la maladie de Crohn, les lésions sont continues et ne sont pas entrecoupées de muqueuse saine. L’anus et l’intestin grêle ne sont jamais atteints.

Les causes de la rectocolite hémorragique sont encore inconnues mais certains facteurs favorisants ont d’ores et déjà été identifiés. 

Qui est touché par la rectocolite hémorragique ?

En France, environ 1 personne sur 1000 est atteint de rectocolite hémorragique. Cette pathologie touche légèrement plus les hommes que les femmes. 

On diagnostique en général la rectocolite hémorragique chez des sujets jeunes (20 à 30 ans), mais il existe un second pic de diagnostic, plus faible, entre 50 et 70 ans. Chez les enfants, la rectocolite hémorragique est possible, mais plus rare.

Les prédispositions génétiques de la RCH

Des gènes de prédisposition ont été identifiés dans le cadre de la rectocolite hémorragique. Cependant, leur impact serait modéré sur l’apparition de la maladie.

Par ailleurs, en cas d’antécédents familiaux de rectocolite hémorragique, le risque de présenter la maladie augmente de 6 à 10%.

Des facteurs environnementaux 

Avec l’augmentation de fréquence de la rectocolite hémorragique dans les pays en développement, des hypothèses suggèrent que la pollution pourrait être un facteur de risque.

Le stress psychologique a également été étudié, mais il apparaît que s’il serait capable d’aggraver la maladie, il ne serait pas responsable de son apparition.

Étonnement, et contrairement à la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique touche plutôt les non-fumeurs. En effet, le risque de développer une rectocolite hémorragique est 2,5 fois moins élevé chez les fumeurs, et quand elle se déclare chez ces derniers, la maladie est en général moins sévère.

Au vu des dangers cardiovasculaires et respiratoires du tabagisme, il n’est toutefois pas conseillé de fumer lorsque l’on est atteint de cette pathologie.

Les recherches constatent également un effet protecteur d’une appendicite avant 20 ans.

Un dysfonctionnement du système immunitaire

Un dysfonctionnement du système immunitaire en lien avec le microbiote intestinal pourrait également intervenir dans l’apparition de la rectocolite hémorragique. En effet, une dysbiose (déséquilibre de la flore intestinale) est fréquemment retrouvée chez les patients atteints de MICI.

La rectocolite hémorragique pourrait être une réaction anormale du système immunitaire face aux bactéries présentes dans le côlon.




Quels sont symptômes de la rectocolite hémorragique ?

 

Symptômes digestifs de la rectocolite hémorragique

L’un des premiers symptômes de la rectocolite hémorragique est la présence de diarrhée prolongée. Ce symptôme est d’autant plus évocateur si les diarrhées sont hémorragiques et/ou glaireuses. 

Par ailleurs, la présence de défécations glaireuses et/ou hémorragiques sans être accompagnées de selles est également un symptôme de la rectocolite hémorragique.

La présence de glaire ou de sang dans les selles doit être prise très au sérieux !

D’autres symptômes peuvent accompagner ma diarrhée si je suis atteint de rectocolite hémorragique :

  • J’ai mal au ventre
  • J’ai parfois des envies pressantes et impérieuses d’aller à la selle, mais rien ne se passe (on appelle ces fausses envies « épreintes »
  • Mon transit s’est modifié récemment et je suis fatigué, je perds du poids, j’ai de la fièvre


Symptômes généraux et extra-digestifs de la RCH

La rectocolite hémorragique peut également se manifester par des symptômes en dehors de la sphère digestive (chez au moins un tiers des patients) :

  • Je présente une altération de mon état général (fatigue, perte de poids, fièvre)
  • Je suis carencé en fer
  • Je présente un syndrome inflammatoire inexpliqué
  • J’ai des rhumatismes articulaires
  • J’ai des aphtes à répétition
  • Je présente des boules rouges ou violettes douloureuses sous la peau (érythème noueux)
  • J’ai une inflammation de la partie centrale des yeux (uvéite)

Tous ces symptômes de la rectocolite hémorragique peuvent être source d’une véritable souffrance psychologique et dégrader ma qualité de vie.

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Comment savoir si on a une rectocolite hémorragique ?


Le diagnostic de la rectocolite hémorragique se fait par une coloscopie. Cette exploration met en évidemment une atteinte du rectum, remontant plus ou moins et s’interrompant de façon brusque.

La muqueuse est fragile et peut saigner, montrant des signes d’ulcérations (une sorte de creusement dans le tissu).

 

Comment évolue la rectocolite hémorragique ?


Une évolution par poussées

La rectocolite hémorragique, au même titre que la maladie de Crohn, est une pathologie qui évolue par poussées, entrecoupées de périodes de rémission plus ou moins longues.

Chez certains patients, la rectocolite hémorragique évolue sur un mode presque continu, avec des exacerbations sur certaines périodes.

Les complications de la rectocolite hémorragique

Dans environ 15% des cas, la rectocolite hémorragique peut évoluer en colite aiguë grave. Dans ce cas, elle peut se compliquer, engendrant : une perforation, une dilatation du côlon, des thromboses veineuses ou des embolies pulmonaires. Dans ce dernier cas, le pronostic vital est engagé.

Par ailleurs, en cas d’atteinte étendue et ancienne du côlon, le risque de cancer colique est accru.

C’est pourquoi il est essentiel d’être bien suivi si je suis atteint de rectocolite hémorragique.

Quel traitement pour la rectocolite hémorragique ?


Traitements médicamenteux de la rectocolite hémorragique


Peut-on guérir de la rectocolite hémorragique ?

À ce jour, il n’existe malheureusement pas de traitement curatif pour la rectocolite hémorragique. En revanche, les médicaments anti-inflammatoires permettent un contrôle durable de la maladie, tout en maintenant une qualité de vie satisfaisante.


Traitement des poussées de la RCH

Le traitement des poussées de la rectocolite hémorragique dépend de la sévérité des poussées.

En première intention, le médecin prescrira des anti-inflammatoires de la famille des 5-aminosalicylés (5-ASA) par voie orale ou rectale, selon l’avancement lésions.

Si ce traitement n’est pas efficace, le médecin pourra alors prescrire une corticothérapie. Celle-ci sera la plus courte possible pour éviter une cortico-résistance et d'eventuels effets secondaires de ce traitement.

Enfin, si ce traitement est encore insuffisant pour réguler les poussées de la rectocolite hémorragique, le médecin pourra envisager un traitement à base d’immunosuppresseurs ou d’immunomodulateurs. Ces traitements réguleront la réponse immunitaire de l’organisme.

En parallèle, une supplémentation en fer sera conseillée en cas d’anémie et un traitement antibiotique, en cas de complication infectieuse.


Traitement d’entretien de la RCH

Le traitement d’entretien de la rectocolite hémorragique a pour objectif de maintenir une rémission la plus longue possible, afin de permettre aux lésions de cicatriser.

Des anti-inflammatoires seront alors utilisés.



Traitements naturels de la rectocolite hémorragique

À l’heure actuelle, aucun traitement « naturel » n’a fait ses preuves dans le cadre de la rectocolite hémorragique.

La nicotine a été testée de façon isolée du tabagisme (en patch par exemple), mais les résultats n’ont pas été concluants.

En parallèle, les probiotiques, bien que non-probants non plus, ne sont pas délétères et peuvent donc être testés.



Traitement chirurgical de la rectocolite hémorragique

Chez environ 15% des malades de la rectocolite hémorragique, un traitement chirurgical est indiqué, notamment en cas de colite aiguë grave, si le malade présente une forme plus chronique ou en cas de survenue de complications cancéreuses.

Deux types d’interventions existent, selon l’avancement des lésions de la rectocolite hémorragique et la raison de la chirurgie :

  • La colectomie subtotale, qui consiste en une ablation partielle du côlon et une connexion entre la dernière partie de l’intestin grêle (l’iléon) et le rectum. Dans ce cas, le malade reste exposé une récidive sur le rectum restant
  • La coleprotectomie totale, qui consiste en une ablation totale du côlon et du rectum, en conservant l’anus. On crée un nouveau réservoir dans l’iléon et on lie ensuite l’iléon à l’anus. Dans ce cas, le malade guérit car les organes touchés par la maladie sont enlevés totalement

Ces opérations ne sont évidemment pas sans conséquences et ne sont donc indiquées que dans des cas particuliers de la rectocolite hémorragique et après concertation médicale. 

En parallèle, la transplantation fécale est aujourd’hui à l’étude pour la rectocolite hémorragique. Celle-ci consiste en l’implantation d’une nouvelle flore saine (avec de « bonnes bactéries ») dans le côlon du sujet malade, pour rééquilibrer la flore intestinale. Cette méthode n’a toutefois qu’une réussite relative, puisqu’elle ne fonctionne que sur moins de la moitié des patients.

 



Quelle alimentation pour la rectocolite hémorragique ?


En phase de rémission de la rectocolite hémorragique, l'alimentation doit être équilibrée

Lors des phases de rémissions de la RCH

Lors des phases de rémission de la rectocolite hémorragique, je peux manger normalement. Aucun régime n’a fait la preuve d’un effet positif ou négatif sur la réapparition des troubles. Il n’est donc pas nécessaire d’exclure d’aliment de mon alimentation.

Par ailleurs, les saignements liés aux lésions de la rectocolite hémorragique peuvent entraîner une carence en fer. Une alimentation équilibrée, accompagnée ou non d’une supplémentation, est nécessaire pour corriger l’anémie.

Pendant la rémission, l’objectif est de cicatriser les lésions occasionnées par les poussées. Il m’est donc conseillé d’éviter les aliments irritants, comme une grande quantité d’alcool ou de graisses (en particulier les graisses cuites, difficiles à digérer).


L’alimentation de la rectocolite hémorragique pendant les phases de rémission doit donc simplement être équilibrée. 

 


Lors des phases de poussées de la RCH

Lors des poussées de la rectocolite hémorragique, l’objectif est de mettre le tube digestif au repos. Il n’y a pas de restriction alimentaire en tant que tel, mais un régime sans fibres ou sans résidu peut être recommandé durant les poussées.

On limitera alors au maximum les résidus non-digestibles des aliments afin de réduire la diarrhée, les douleurs abdominales et les risques d’occlusion liés aux lésions de la rectocolite hémorragique.

Pour cela, je peux limiter les aliments suivants :

  • Les fruits et légumes fibreux ou qui contiennent des pépins ou peaux épaisses (raisin, ananas, poireau…)
  • Les légumes secs (lentilles, pois chiche, haricot blanc…)
  • Les céréales complètes
  • Les viandes fibreuses
  • Le lait (à cause du lactose), mais je peux continuer à consommer du fromage (qui contient peu de lactose)
  • Les matières grasses cuites
  • Les aliments sans sucres qui contiennent des polyols (sorbitol, maltitol, xylitol…)

Ces aliments peuvent augmenter le ballonnement et accélérer le transit intestinal, accentuant la diarrhée.

De plus, la diarrhée, symptôme de la rectocolite hémorragique, entraîne un risque de carence pour lequel mon médecin peut me prescrire une supplémentation.

Je suis ce régime sur une période la plus courte possible en fonction de mes symptômes et douleurs. Je réintroduis ensuite ces aliments lors des phases de rémission jusqu’à reprendre une alimentation équilibrée.

Si ma rectocolite hémorragique nécessite un traitement par corticoïdes, j’adapte mon alimentation selon les conseils du médecin et du diététicien.

Pour vivre au mieux ma rectocolite hémorragique, je me fais accompagner.

 

Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

Sources : 

  • Abrégé d’hépato-gastro-entérologie – Maladie de Crohn et rectocolite hémorragique (2ème édition - Editions Elsevier-Masson)
  • Ameli – Rectocolite hémorragique
  • Conseil National Professionnel d’Hépato-Gastroentérologie (CNPHGE) – Rectocolite hémorragique
  • Club de Réflexion des Cabinets et Groupes d’Hépato-Gastroentérologie (CREGG) – Vivre avec une MICI – L’Alimentation
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) - MICI
  • Physiopathologie – bases physiopathologiques de la diététique. Editions Lavoisier 2ème édition - 2014
  • Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) – Rectocolite hémorragique