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Grossesse et vomissement : ce qui est normal, ce qui ne l’est pas

Les vomissements pendant la grossesse sont un symptôme fréquent et souvent banalisé. Pourtant, derrière ce que l’on appelle les nausées matinales, il peut se cacher un déséquilibre à surveiller.

Du premier trimestre à la fin de grossesse, comment savoir si vomir est normal ou inquiétant ? Quelle est la différence entre nausées classiques et hyperémèse gravidique ? Dans cet article, vous trouverez des réponses médicales fiables, des solutions naturelles ou médicamenteuses, ainsi que les signes qui doivent alerter.

 

Vomir enceinte : est-ce normal ?


Vomir durant la grossesse est un phénomène très courant, touchant environ 50 à 80 % des femmes enceintes selon les études (Haute Autorité de Santé, 2020). Les nausées et vomissements apparaissent en général au début de la grossesse, souvent dès la 4ᵉ semaine, et sont considérés comme un symptôme physiologique normal dans la majorité des cas. Ce phénomène porte même un nom médical : les nausées et vomissements gravidiques.

Pourquoi les femmes enceintes vomissent-elles ?

Les causes principales du vomissement chez la femme enceinte sont hormonales et digestives, en lien avec les bouleversements physiologiques que subit le corps durant les premières semaines de gestation.

  • Fluctuations hormonales : L’une des hormones les plus impliquées est la β-HCG (gonadotrophine chorionique humaine), dont le taux augmente rapidement dans les premières semaines suivant la conception. Plus son taux est élevé, plus les risques de nausées et vomissements sont importants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les femmes enceintes de jumeaux ou de triplés, chez qui le taux de β-HCG est particulièrement élevé, sont souvent plus concernées par ces symptômes.

  • Progestérone : Cette hormone, elle aussi produite en grande quantité pendant la grossesse, a pour effet de relâcher les muscles lisses du corps, y compris ceux du tube digestif. Résultat : le transit intestinal est ralenti, l’estomac se vide plus lentement, ce qui favorise les nausées et les reflux acides.

  • Réactions digestives : Le système digestif est souvent perturbé par la grossesse. Le relâchement du sphincter œsophagien inférieur facilite les remontées acides. À cela s’ajoute une hypersensibilité aux odeurs, fréquente pendant le premier trimestre, qui peut à elle seule déclencher des vomissements. Enfin, la fatigue, fréquente en début de grossesse, rend l’organisme plus vulnérable à ces symptômes.

Quand apparaissent les vomissements pendant la grossesse ?

Les vomissements surviennent généralement entre la 4e et la 12e semaine de grossesse, avec un pic d’intensité vers la 9e semaine. Dans la grande majorité des cas, ils s’atténuent ensuite progressivement et disparaissent vers la fin du premier trimestre. Toutefois, chez environ 10 % des femmes, ils peuvent persister au-delà de la 20e semaine (MSD Manual). Une minorité développe une forme plus sévère, l’hyperémèse gravidique, qui nécessite un suivi médical spécifique.

Nausées du matin vs vomissements en soirée

Le terme de « nausées matinales » est quelque peu trompeur. En réalité, si certaines femmes ressentent une aggravation des symptômes le matin – souvent parce que l’estomac est vide – les vomissements peuvent survenir à tout moment de la journée. Pour certaines, ils sont plus fréquents en fin d’après-midi ou le soir, surtout en cas de fatigue accrue ou d’alimentation insuffisante au cours de la journée.

Le rythme des vomissements peut donc varier d’une femme à l’autre, en fonction de nombreux facteurs comme le mode de vie, l’alimentation, le sommeil ou le stress.

Les différentes formes de vomissements pendant la grossesse


Tous les vomissements ne se valent pas durant la grossesse. En fonction du moment de survenue, de leur fréquence et de leur intensité, ils peuvent avoir des significations et des conséquences très différentes. Il est donc essentiel de bien distinguer les types de vomissements pour savoir quand s’inquiéter ou consulter un professionnel de santé.

Nausées matinales

Les nausées matinales, souvent accompagnées de vomissements légers, sont les plus fréquentes. Elles apparaissent généralement au premier trimestre, entre la 4ᵉ et la 12ᵉ semaine de grossesse. Leur cause principale est hormonale, liée à la hausse rapide de la β-HCG et de la progestérone.
Contrairement à leur nom, ces nausées peuvent survenir à tout moment de la journée, mais elles sont souvent plus intenses au réveil, l’estomac étant vide. Bien que désagréables, elles sont sans gravité dans la majorité des cas et disparaissent naturellement à la fin du premier trimestre.

Vomissements post-repas

Ces vomissements peuvent survenir tout au long de la grossesse, particulièrement après les repas copieux ou gras. Le ralentissement du transit digestif, la compression de l’estomac par l’utérus en croissance, et le reflux gastro-œsophagien favorisent ce type de vomissement.
Leur fréquence est variable, souvent liée à l’alimentation et à la position adoptée après les repas. Ils sont en général modérément gênants, mais peuvent affecter la qualité de vie s’ils deviennent fréquents.

Hyperémèse gravidique

Il s’agit de la forme la plus sévère de vomissements gravidiques. Elle touche entre 0,5 % et 2 % des grossesses et apparaît souvent avant la 14ᵉ semaine. Elle se manifeste par des vomissements incoercibles, plusieurs fois par jour, pouvant entraîner perte de poids, déshydratation et troubles électrolytiques (Vidal.fr – Hyperemesis gravidarum).
Cette situation nécessite une prise en charge médicale urgente, parfois avec hospitalisation, perfusions et surveillance biologique.

Vomissements en fin de journée

Beaucoup de femmes ressentent une augmentation des nausées ou vomissements en fin de journée, souvent à cause de la fatigue accumulée, du stress ou d’un estomac trop vide ou trop plein. Ce type de vomissement est souvent bénin mais peut être atténué par une bonne hygiène de vie : petits repas fréquents, hydratation et repos.

Vomissements en fin de grossesse

S’ils apparaissent au troisième trimestre, les vomissements doivent être surveillés de près. Ils peuvent être dus à un reflux gastrique aggravé, mais aussi, plus rarement, signaler des complications comme une prééclampsie ou une cholestase gravidique. Dans ce contexte, ils s'accompagnent souvent d'autres signes (maux de tête, œdèmes, douleurs abdominales) et justifient une consultation rapide.

Symptômes typiques de grossesse et vomissement

Grossesse et vomissement : fille ou garçon, mythe ou réalité ?


Parmi les nombreuses croyances populaires qui entourent la grossesse, l’idée selon laquelle des nausées intenses indiqueraient que l’on attend une fille est largement répandue. Cette théorie repose sur l'observation subjective selon laquelle les femmes enceintes de filles auraient plus de symptômes digestifs – notamment des vomissements – que celles qui attendent un garçon. Mais qu’en est-il réellement ?

Une croyance populaire… mais peu fondée

Dans l’imaginaire collectif, une grossesse « difficile » avec beaucoup de nausées ou de vomissements serait le signe d’une petite fille, tandis qu’une grossesse plus « tranquille » indiquerait un garçon. Cette croyance est ancienne, transmise de génération en génération, souvent alimentée par des récits personnels ou familiaux.

Pourtant, aucune étude scientifique rigoureuse n’a démontré un lien direct et systématique entre le sexe du bébé et l’intensité des vomissements gravidiques. Les experts en obstétrique s’accordent à dire qu’il s’agit d’un mythe, sans valeur médicale. Les nausées dépendent de nombreux facteurs : taux d’hormones (notamment la β-HCG), prédisposition individuelle, stress, fatigue, alimentation, antécédents médicaux…

Une légère corrélation observée dans certains cas

Certaines études ont toutefois suggéré qu’il pourrait y avoir une légère surreprésentation des filles chez les femmes souffrant d’hyperémèse gravidique, une forme sévère de vomissements durant la grossesse. Par exemple, une étude publiée dans The Lancet (2004) a montré que 55 % des femmes hospitalisées pour hyperémèse attendaient une fille, contre 45 % pour un garçon. Mais cette corrélation statistique reste faible et ne permet en aucun cas de prédire le sexe du bébé avec fiabilité.

L’idée que vomir beaucoup signifie attendre une fille relève avant tout du folklore. Le seul moyen fiable de connaître le sexe du bébé reste l’échographie morphologique ou le test ADN fœtal.

Quand faut-il s’inquiéter des vomissements pendant la grossesse ?

Les nausées et vomissements font partie des symptômes classiques du premier trimestre de grossesse. Mais dans certains cas, ces signes digestifs peuvent devenir préoccupants. Il est essentiel de savoir reconnaître les signaux d’alerte pour éviter des complications pour la mère et le fœtus.

Vomissements grossesse : les signaux d’alerte

Bien que les vomissements soient fréquents, certains indicateurs doivent pousser à consulter un professionnel de santé sans tarder :

  • Vomissements très fréquents : plus de trois épisodes par jour, en particulier s’ils se prolongent plusieurs jours d’affilée, peuvent entraîner une déshydratation ou des déséquilibres métaboliques.

  • Perte de poids significative : une perte de plus de 5 % du poids corporel initial est un signal inquiétant, notamment si elle survient rapidement.

  • Incapacité à s’alimenter ou s’hydrater : lorsque la femme enceinte ne parvient plus à garder ni liquides ni aliments, cela peut entraîner une hospitalisation pour réalimentation et réhydratation.

  • Vomissements accompagnés de fièvre ou de douleurs abdominales : ces symptômes peuvent indiquer une infection, une occlusion intestinale ou une pathologie obstétricale plus grave.

  • Présence de sang dans les vomissements : appelée hématémèse, cette situation constitue une urgence médicale. Elle peut résulter d’une irritation ou d’une rupture des muqueuses digestives, et nécessite une prise en charge rapide.

 

Focus : l’hyperémèse gravidique

L’hyperémèse gravidique est une forme sévère et rare de vomissements pendant la grossesse, touchant environ 0,5 à 2 % des femmes enceintes. Contrairement aux nausées classiques, elle se caractérise par des symptômes plus invalidants.


Symptômes caractéristiques :

  • Vomissements incoercibles : survenant plusieurs fois par jour, sans répit.

  • Déshydratation sévère : bouche sèche, urines foncées, hypotension.

  • Fatigue extrême et état de faiblesse générale, parfois avec vertiges ou tachycardie.


Traitement médical :

  • Antihistaminiques comme la doxylamine, souvent utilisés en première intention.

  • Antiémétiques tels que le métoclopramide ou l’ondansétron peuvent être prescrits, mais uniquement sous surveillance médicale stricte en raison des effets secondaires potentiels.

Femme enceinte allongée souffrant de grossesse et vomissement

 

Que faire contre les vomissements de grossesse ?

Les vomissements pendant la grossesse, bien que fréquents et généralement bénins, peuvent avoir un impact important sur la qualité de vie. Heureusement, des mesures simples et des traitements adaptés permettent de mieux les gérer au quotidien, sans risque pour la future maman ni le bébé.

Alimentation et gestes quotidiens

Une bonne hygiène de vie et quelques ajustements alimentaires peuvent considérablement soulager les nausées et limiter les vomissements :

  • Fractionner les repas : mangez en petites quantités mais plus souvent (toutes les 2 à 3 heures) pour éviter d’avoir l’estomac vide, ce qui aggrave souvent les nausées.

  • Manger sec au réveil : garder quelques crackers, pain grillé ou biscotte sur la table de nuit et les consommer avant de se lever permet de réduire les nausées matinales.

  • Éviter les aliments gras ou épicés, difficiles à digérer, tout comme les plats à odeur forte.

  • Boire régulièrement, mais par petites gorgées : de l’eau fraîche, de la tisane au gingembre ou de l’eau citronnée peuvent apaiser l’estomac.

  • Aérer régulièrement la pièce pour éviter les odeurs désagréables ou persistantes qui peuvent déclencher un réflexe nauséeux.

Médicaments et traitements naturels

Lorsque les mesures diététiques ne suffisent pas, certains médicaments peuvent être envisagés sous contrôle médical :

Médicaments autorisés pendant la grossesse :

  • Association Doxylamine + Pyridoxine : c’est le traitement de première intention, reconnu comme sûr pendant la grossesse.

  • Dompéridone ou métoclopramide : efficaces en cas de vomissements plus marqués, mais nécessitent un avis médical, car ils peuvent avoir des effets secondaires.

Compléments et alternatives naturelles :

  • Le gingembre, en gélules ou en infusion, est souvent recommandé pour soulager les nausées, même si les preuves scientifiques restent modérées.

  • L’acupuncture ou l’homéopathie sont parfois proposées comme alternatives douces. Leur efficacité n’est pas prouvée, mais leur utilisation est généralement sans danger.


En cas de doute ou de symptômes persistants, une consultation à distance avec un médecin peut être une solution pratique. Le médecin ou la sage-femme pourra évaluer la gravité des vomissements et vous orienter vers un traitement adapté, sans attendre un rendez-vous en cabinet.

 

Vomissements en fin de grossesse : attention au reflux ou aux signes d’accouchement


Si les vomissements sont fréquents au premier trimestre, ils peuvent aussi survenir en fin de grossesse, pour des raisons très différentes. À ce stade, ils sont souvent liés au reflux gastrique, mais peuvent également être le signe annonciateur du travail. Il est donc essentiel de bien comprendre leur origine pour savoir comment réagir.

Vomissements et reflux gastro-œsophagien (RGO)

À mesure que l’utérus grossit, il exerce une pression importante sur l’estomac. Cette compression favorise la remontée du contenu acide vers l’œsophage, provoquant des brûlures d’estomac, des nausées et parfois des vomissements post-prandiaux (après les repas).

Le reflux est particulièrement fréquent au troisième trimestre, surtout en position allongée ou après un repas copieux. Heureusement, plusieurs gestes simples permettent de soulager ces symptômes :

  • Dormir avec un oreiller ou un coussin légèrement surélevé pour limiter les remontées acides.

  • Privilégier des repas légers, peu épicés et pauvres en graisses.

  • Éviter de se coucher juste après avoir mangé ; il est conseillé d’attendre au moins une heure.

Dans les cas les plus gênants, un traitement antiacide compatible avec la grossesse peut être prescrit après avis médical.

Vomissements et début du travail ?

Moins connu, le vomissement peut aussi être un signe annonciateur du début du travail. Certaines femmes rapportent des nausées soudaines ou des vomissements juste avant les premières contractions efficaces, parfois même pendant celles-ci.

Cela s'expliquerait par la montée d’adrénaline et le bouleversement hormonal qui précèdent l’accouchement. Si les vomissements sont accompagnés de douleurs pelviennes rythmées, de pertes vaginales inhabituelles ou de tensions utérines régulières, ils peuvent marquer l’entrée en travail actif.

Il est donc important de surveiller les autres signes : rythme des contractions, perte du bouchon muqueux, sensation de pression dans le bassin ou envie fréquente d’aller à la selle.

Ce qu'il faut retenir

Les vomissements pendant la grossesse sont fréquents, mais ils ne doivent jamais être négligés. Bien que souvent bénins, ils peuvent impacter fortement la qualité de vie des futures mamans. Comprendre la différence entre nausées normales et signes plus préoccupants est essentiel pour vivre sereinement sa grossesse. Si les vomissements deviennent trop fréquents, s’accompagnent de perte de poids ou de fatigue intense, il est important de consulter rapidement. Des solutions existent, qu’elles soient naturelles, alimentaires ou médicales.

Retenez que chaque grossesse est unique : écoutez votre corps et n’hésitez pas à demander de l’aide. En étant bien informée, vous pouvez mieux gérer les épisodes de grossesse et vomissement et préserver votre bien-être ainsi que celui de votre futur bébé.

 

Sources :