Selon le CHU de Lille, ce sont près de 1 500 à 3 000 femmes qui sont touchées chaque année par le déni de grossesse. Ovulation, fécondation et développement de l’embryon se déroulent sans que la femme n’en ait conscience, et ce phénomène reste difficile à expliquer. Qu'est-ce qu'un déni de grossesse ? Quels sont les symptômes d'un déni de grossesse ? Quel test pour un déni de grossesse ? MEDADOM répond à toutes vos questions.
Phénomène physiologique aussi tabou qu’impressionnant, le déni de grossesse représente en moyenne un cas sur 450 à 500 naissances.
Le terme déni de grossesse désigne le fait d’être enceinte sans s’en apercevoir. Il s’agit donc d’une grossesse que l’on peut qualifier “d’invisible”.
C’est de ce fait l’extrême inverse de la grossesse nerveuse où une femme peut paraître enceinte sans l’être réellement. Le processus commence de manière classique, par la fécondation d’un ovule, mais dans un déni de grossesse, les étapes qui suivent se déroulent sans que la femme ressente les changements corporels habituels.
Si une femme découvre qu'elle est enceinte avant la quatorzième semaine d'aménorrhée (environ trois mois de grossesse), il ne s'agit pas d'un déni de grossesse, car le phénomène du déni est caractérisé par une absence de prise de conscience prolongée.
Avant ce seuil, la grossesse est généralement visible ou détectable par les méthodes habituelles (test de grossesse, symptômes physiques), même si elle peut être découverte tardivement par rapport aux premiers jours.
Le caractère tardif du déni de grossesse est important car, en France, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) n'est légale que jusqu'à la 14e semaine d'aménorrhée.
Une fois ce délai dépassé l'avortement n'est plus possible, sauf dans le cadre d'une interruption médicale de grossesse (IMG) pour raisons de santé graves.
La particularité d’un déni de grossesse est qu’au lieu d’avoir des symptômes, celui-ci est caractérisé par l’absence des symptômes courants d’une grossesse :
Si certains symptômes de la grossesse peuvent persister malgré un déni de grossesse, ces signes sont souvent mal interprétés, ce qui engendre un déni de grossesse partiel ou total.
Les hormones interviennent dans le développement de la grossesse, mais leur action peut passer inaperçue dans le cas d'un déni. Se pose alors une question : comment détecter un déni de grossesse si celui-ci se caractérise précisément par des absences des symptômes habituels d’une grossesse ?
Tout d’abord, un test de grossesse sera toujours positif pour une grossesse, même en cas de déni.
De plus, un examen médical peut permettre de lever le déni de grossesse. En effet, si les symptômes peuvent vous tromper, l’imagerie, elle, ne peut dissimuler une grossesse. Ainsi, lors d’un examen de routine chez votre médecin ou gynéco, avec une échographie ou une prise de sang, la femme peut se rendre compte qu’elle est enceinte. Ce type d’examen d’imagerie peut par exemple être prescrit si la patiente se plaint de douleurs abdominales.
Le professionnel de santé peut aussi détecter une grossesse par un toucher vaginal, car le vagin subit aussi des modifications pendant les mois de grossesse.
Le phénomène qui suit la levée du déni de grossesse est tout aussi impressionnant que le déni lui-même. En effet, cette réalisation libère complètement le corps et il est fréquent d’observer le ventre de la femme enceinte qui s’arrondit en seulement quelques heures dans le cas d’un déni partiel.
Malheureusement, dans le cas d’un déni de grossesse total, le moment de l’accouchement coïncide avec la levée du déni de grossesse. De fortes douleurs abdominales encouragent alors la future mère à se présenter aux urgences. Dans certains cas, l’accouchement se déroule directement à domicile (0,6 % des cas).
Dans certains cas de déni de grossesse total, le déni est levé de manière différée, après la naissance de l’enfant. En effet, la mère ne reconnaît pas immédiatement l’enfant comme étant le sien.
Le déni de grossesse est un phénomène aussi tabou qu’il est impressionnant. En effet, que le corps soit capable de dissimuler quelque chose d’aussi métamorphosant qu’une grossesse semble être presque impossible. On peut donc se demander comment cela est-il réellement possible : qu’est-ce qui provoque réellement un déni de grossesse chez une femme ?
En réalité, le déni de grossesse est un mécanisme de défense psychique et est catégorisé comme un trouble psychiatrique (trouble de la gestation psychique). En effet, le cerveau de la femme adopte cette stratégie de défense inconsciente pour la protéger d’une angoisse ou d’un traumatisme.
Ainsi, des femmes ayant une angoisse de porter un enfant, d’enfanter et/ou d’être mère peuvent déclencher ce mécanisme de défense. Certains éléments du présent (rapport au corps, rapport à la sexualité, etc.) et du passé (traumatisme dans l’enfance, trouble de l’adaptation, conflits intrapsychiques non résolus, etc.) de ces femmes peuvent par exemple être à l’origine de telles angoisses liées à la maternité.
De plus, bien que n’importe quelle femme puisse faire un déni de grossesse, il existe plusieurs facteurs de risque connus qui peuvent en augmenter les risques :
Le déni de grossesse touche-t-il tous les types de femmes enceintes ?
Le déni de grossesse ne concerne pas uniquement les femmes n’ayant jamais eu d’enfant. Même les femmes ayant déjà eu un ou plusieurs enfants peuvent vivre une grossesse de ce type.
La prise en charge d'un déni de grossesse dépend du moment où il est découvert et des circonstances entourant la situation. Elle nécessite une approche pluridisciplinaire :
Prise en charge médicale | dès que la grossesse est découverte, une consultation médicale est nécessaire pour évaluer l'état de santé de la mère et du fœtus. En cas de déni levé tardivement, un suivi médical intensif est mis en place pour compenser l'absence de soins prénataux habituels (échographies, analyses, etc.). L'objectif est d'évaluer le développement du fœtus et d’anticiper les complications potentielles liées à une grossesse non suivie. |
Soutien psychologique | un déni de grossesse peut avoir des répercussions psychologiques importantes, que la femme en ait pris conscience avant ou après l'accouchement. Le déni est souvent lié à des mécanismes de défense inconscients. Un accompagnement psychologique est donc essentiel pour aider la femme à comprendre et à accepter la situation ! |
Accompagnement social | si le déni de grossesse survient dans un contexte de précarité ou de difficultés sociales, les services sociaux peuvent intervenir pour apporter un soutien adapté. Celui-ci peut prendre la forme d’un accompagnement dans la préparation à la maternité, des aides financières ou encore un suivi après la naissance pour faciliter la prise en charge de l'enfant. |
Aucune méthode contraceptive n’est totalement fiable, même la pilule ou le stérilet. Le risque de grossesse existe, surtout si la contraception est mal prise (oubli de pilule) ou mal posée (stérilet déplacé). Cela peut conduire à un déni de grossesse, car ces contraceptifs peuvent masquer les signes.
La pilule provoque des saignements artificiels, que certaines femmes peuvent confondre avec des règles normales. De même, le stérilet, en particulier hormonal, peut entraîner des règles très légères ou irrégulières, et rendre une grossesse encore plus difficile à détecter.
Une grossesse qui se déroule sans en avoir conscience pose question. En effet, les diverses réactions du corps lors d’une grossesse sont présentes pour permettre à la mère et à l’enfant à naître d’être tous les deux en bonne santé. Dans le cas d’un déni de grossesse, on peut alors se demander s'il existe des risques pour l’un ou l’autre.
Le premier risque réside dans les habitudes de la femme. Vous n’êtes pas sans savoir qu’une grossesse implique généralement une modification de certains rituels quotidiens.
Arrêt de la cigarette, arrêt de l’alcool, adaptation médicamenteuse, modification de l’alimentation… il est facile de s’adapter quand on a conscience qu’un fœtus est en train de se développer dans son ventre.
Continuer son train de vie comme si l’on n'était pas enceinte en consommant certaines substances peut ainsi avoir des répercussions sur le bon développement du fœtus.
Après un déni de grossesse, un accompagnement psychologique est souvent recommandé. Ce type de grossesse est habituellement particulièrement déstabilisant pour la mère, qui doit faire face à une situation imprévue.
La découverte tardive de la grossesse, ou même son dévoilement lors de l'accouchement, entraîne un choc émotionnel et une difficulté à se projeter dans son rôle de parent.
Un suivi psychologique post-grossesse aide la mère à surmonter les émotions contradictoires qu’elle peut ressentir, comme l’angoisse, la culpabilité ou la peur. Cet accompagnement est essentiel pour favoriser la création du lien mère-enfant, surtout dans le cas d'un déni total où ce lien peut être plus difficile à établir.
Les professionnels de santé proposent également ce soutien pour prévenir ou traiter des troubles comme la dépression post-partum, fréquente dans ces contextes.
L’accompagnement psychologique n’est pas systématique, mais il est souvent proposé par les médecins ou gynécologues qui détectent un besoin de suivi émotionnel chez la femme. Des consultations en couple ou en famille peuvent aussi être mises en place pour faciliter l’adaptation à cette nouvelle situation.
Encore tabou aujourd’hui, le déni de grossesse est un phénomène impressionnant qui peut arriver à toutes les femmes. Si les symptômes peuvent semer le doute, un examen ou un test de grossesse ne pourront mentir. En cas de doute, n’hésitez pas à en parler à un médecin.
Vous ne trouvez pas de médecin disponible pour vous recevoir rapidement ? Pensez à à la téléconsultation sans rendez-vous !
Sources :
Sciences et Avenir - Comment expliquer le déni de grossesse ? Publié le 24 août 2018.
Passeport Santé - Le déni de grossesse. Publié en juillet 2016.
Santé Magazine - Être enceinte sans le savoir : tout savoir sur le déni de grossesse. Publié le 25 octobre 2021.