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Définition et traitement du fécalome
Traiter la constipation chronique

Le fécalome, appelé communément « bouchon de selles », est l’accumulation de matières fécales sèches et dures dans le rectum. Le plus souvent conséquence d’une constipation chronique, il peut se compliquer et entraîner des troubles graves, telle que l’occlusion intestinale.

 

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Qu’est-ce qu’un fécalome ?

Définition médicale du fécalome


Un fécalome est un bouchon de matières fécales, qui s’accumulent et stagnent dans la partie finale du tube digestif (côlon terminal et ampoule rectale), voire parfois plus haut.

En restant dans cette partie de l’intestin pendant plusieurs jours, l’eau des selles est réabsorbée, rendant les selles sèches, déshydratées et donc très dures.

On parle parfois d’impaction fécale pour définir l’accumulation de matières fécales dans le rectum, sans évacuation possible sur plusieurs jours. Les selles sont alors encore molles.

Le fécalome est donc la forme sévère d’impaction fécale, en générant une masse compacte, douloureuse et souvent irritante.

 


Causes du fécalome


La cause la plus répandue du fécalome est la constipation chronique. En effet, en cas de transit ralenti, l’intestin réabsorbe davantage d’eau présente dans les selles.

La constipation peut elle-même avoir plusieurs causes, notamment :

 

  • Une motricité intestinale abaissée, ralentissant la progression des matières fécales.
  • Un trouble de l’évacuation et des réflexes de défécation.
  • Une hygiène de vie délétère.

 

En deçà de 2 selles par semaine, dures, nécessitant un effort de poussée important et/ou provoquant une sensation d’exonération incomplète, on parle de constipation. Si la constipation dure plus de 3 mois, on parle de constipation chronique.

Dans 30% des cas, la constipation se complique en une impaction fécale, avec comme forme la plus sévère, le fécalome.

 

Je suis plus à risque de développer une constipation chronique et donc un fécalome si :

 

  • Je suis sédentaire et pratique peu ou pas d’activité physique.
  • J’ai un régime pauvre en fibres (fruits et légumes, céréales complètes, légumes secs…).
  • Je ne bois suffisamment d’eau.
  • Je prends certains médicaments ralentissant le transit (antidépresseurs, anti-diarrhéiques, neuroleptiques, chimiothérapie, antalgiques morphiniques ou codéinés…).
  • J’ai des troubles du système nerveux.
  • Je suis âgé.
  • Je dois rester alité.
  • Je suis une femme.
  • Je prends depuis longtemps beaucoup de laxatifs.
  • J’ai vécu un bouleversement récent de mon mode de vie.

 

D’autres causes du fécalome existent, telles que :

 

  • Une immobilisation récente sur une longue période, notamment des muscles abdominaux, qui entraîne une baisse des mouvements intestinaux (péristaltisme).
  • Les suites d’une opération chirurgicale.
  • Certaines pathologies ralentissant le transit : l’hypothyroïdie, la maladie de Parkinson, une tumeur colique gênant le passage des selles et désorganisant les mouvements intestinaux.

 

Tous ces facteurs de la constipation chronique peuvent entraîner l’accumulation de selles desséchées dans le rectum, générant un bouchon qui gêne l’évacuation naturelle des matières fécales. Une fois le fécalome constitué, l’exonération des selles devient plus douloureuse et difficile car son diamètre dépasse celui des selles habituelles. Une irritation des parois rectales et une inflammation peuvent s’installer, entraînant une sécrétion d’eau et une « fausse diarrhée ».

 

En combien de temps se constitue un fécalome ?

Un fécalome se constitue sur plusieurs jours, le temps que les matières fécales s’accumulent et se dessèchent. 

Pendant ce temps, le transit se désorganise, et il arrive que la constipation passe inaperçue à cause de fausses diarrhées. Ces dernières se manifestent par des selles très liquides, qui passent outre le fécalome, mais ne permettent pas une évacuation complète des selles.

 

 

Comment déceler un fécalome ?

 

Symptômes du fécalome

Les douleurs abdominales et les faux besoins sont des symptômes du fécalome

Le fécalome se manifeste souvent comme une constipation, avec quelques particularités. Les symptômes peuvent également être atypiques, ce qui peut compliquer le diagnostic.

Si je présente un fécalome, je peux ressentir les symptômes suivants :

 

  • Ma constipation ne passe pas avec les traitements habituels, elle dure depuis plus d’une semaine.
  • J’ai une envie permanente et impérieuse d’aller à la selle (épreinte), mais sans résultat (faux besoins).
  • Je peux présenter une diarrhée ou des suintements anaux, mais j’ai quand même l’impression d’être constipé (« fausse diarrhée »).
  • Je ressens un poids au niveau de mon rectum.
  • J’ai des douleurs internes au niveau de l’anus (ténesme), voire des douleurs abdominales.
  • Plus rarement, je peux vivre une agitation, avoir des douleurs pelviennes ou faire de la rétention urinaire.

 

En cas de fécalome, l’évacuation des selles peut être accompagnée d’un peu de sang et être douloureuse, à cause de l’irritation des parois rectales.

Si ces signes se manifestent depuis plusieurs jours et ce, même si je prends des laxatifs, il est probable qu’il s’agisse d’un fécalome.

Dans les cas les plus graves, une perte d’appétit, des nausées et des vomissements peuvent laisser craindre une complication.

 



Diagnostic du fécalome

 

Le diagnostic du fécalome est orienté par la présence des symptômes typiques et atypiques. Pour confirmer le diagnostic, le médecin réalisera un toucher rectal.

Le toucher rectal est un geste médical courant, consistant en l’introduction d’un doigt ganté et lubrifié dans le rectum. En moins de 3 minutes, il permet de mettre en évidence la présence de matières fécales dures dans le côlon ou le rectum, typique du fécalome. Une radiographie de l’abdomen sans préparation, suivie d’une coloscopie, recherchera une potentielle affection du côlon.

 

 

Complications du fécalome


Le fécalome, de par son aspect obstructif et irritant, peut être la source de nombreuses complications.

Tout d’abord, l’occlusion intestinale, qui se caractérise par un arrêt total ou partiel des matières fécales et des gaz. Elle se manifeste par des vomissements, voire des inhalations chez la personne âgée. L’occlusion intestinale nécessite une prise en charge en urgence.

Le fécalome peut également entraîner une incontinence anale, se traduisant par l’émission involontaire de gaz et de selles.

Une ulcération rectale, la formation d’une plaie au niveau du rectum, peut également se développer à cause de l’irritation des parois par le fécalome.

 

Lorsque le fécalome est plus haut dans le côlon, des complications graves peuvent également apparaître :

 

  • Une inflammation du péritoine (péritonite), secondaire à la perforation du rectum
  • Un arrêt de l’irrigation altérant le côlon (infarctus colique), par compression des artères
  • Une décompensation respiratoire due à la distension de l’abdomen, chez des patients fragiles

 

En cas de doute, je n’attends pas. Je consulte un médecin partenaire en téléconsultation.

Traitement du fécalome


L’évacuation du
fécalome


Le traitement du fécalome consiste en son évacuation. Selon les situations, sa position et la douleur ressentie, plusieurs méthodes pourront être utilisées. La principale méthode est dite « mécanique », par évacuation au doigt. Peu agréable, elle reste pourtant efficace.

 

Le retrait au doigt peut être associé ou non à :

 

  • La prise de laxatifs à forte dose, si le fécalome est volumineux et/ou douloureux.
  • Des lavements ou micro-lavements par voie rectale : peu efficaces seuls en général, ils peuvent ramollir les selles et lubrifier le rectum.
  • Une purge, telle que celles utilisées en préparation à la coloscopie, souvent mieux tolérée par les patients.

 

En dernier recours, si le retrait au doigt n’est pas possible, un lavement évacuateur peut être réalisé aux urgences.

En combien de temps s’évacue un fécalome ?

La durée d’évacuation du fécalome dépend de la procédure pratiquée par le médecin. Un temps de préparation, de mise en place respectant le ressenti du patient et de suivi sera nécessaire.

Avec un traitement efficace, l’évacuation au doigt du fécalome est très rapide, en quelques minutes.

 

 

Après le fécalome

Après un fécalome, une alimentation riche en fibres est recommandée

La surveillance après un fécalome permet de vérifier qu’aucune complication de celui-ci ou du traitement n’est présente.

Il sera également indispensable que je mette en place des mesures pour éviter de développer un nouveau fécalome. Pour cela, je prends de bonnes habitudes pour lutter contre la constipation.

Du côté alimentation contre le fécalome, je suis les recommandations générales :

 

  • J’enrichis mon alimentation en fibres : je consomme 5 fruits et légumes par jour (dont au moins 1 cru à chaque repas), je choisis des produits céréaliers complets, je consomme des légumineuses au moins 2 fois par semaine.
  • J’évite la consommation de riz blanc, qui a tendance à constiper. Je favorise le riz complet.
  • Je bois au moins 1,5L d’eau par jour, que je peux choisir riche en magnésium pour faciliter mon transit.
  • Je consomme des matières grasses de bonne qualité.

 

Si je me sens constipé et que je crains un nouveau fécalome, je peux également me tourner vers des aliments reconnus pour leurs effets laxatifs : pruneau et jus de pruneau, café… Pris à temps, la constipation n’évolue pas en fécalome.

Au-delà de l’alimentation, d’autres habitudes peuvent aider à prévenir la constipation et le fécalome :

 

  • Je pratique une activité physique régulière, même douce. Je peux par exemple marcher 30 minutes tous les jours, dès que mon emploi du temps me le permet.
  • Je me présente à la selle dès que l’envie se présente, afin de rééduquer mon réflexe d’exonération des selles.

 

Si mes traitements médicamenteux sont à l’origine de ma constipation et du fécalome, j’en parle à mon médecin pour qu’il puisse adapter mon traitement.

Si je souffre d’un syndrome de l’intestin irritable, je consulte un médecin ou un diététicien pour m’aider à réduire les épisodes de constipation chronique.

Si je mets en place ces bonnes habitudes, ma constipation devrait régresser et le risque de développer un nouveau fécalome s’amenuiser. Dans tous les cas, je n’attends pas pour consulter un médecin pour ces troubles, qui peuvent se compliquer et entraîner des conséquences graves.

 

 

 

Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

 

Sources : 

  • Association Française de Formation Médicale Continue en Hépato-Gastro-Entérologie – Constipation sévère
  • Direction des communications du ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec – Constipation et fécalome
  • Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) – Lavement évacuateur
  • Recommandations pour la pratique clinique dans la prise en charge et le traitement de la constipation chronique de l’adulte. Gastroenterol Clin Biol 2007;31:125-135
  • Société Nationale Française de Colo-Proctologie (SNFCP) - Fécalome
  • Société Nationale Française de Gastro-Entérologie (SNFGE) – Constipation chronique