Skip to main content

Le syndrome de l'intestin irritable ou colopathie fonctionnelle

Le syndrome de l’intestin irritable, aussi appelé « colopathie fonctionnelle », est un trouble fonctionnel digestif fréquent. Il touche près de 5% de la population française. Il ne met pas la vie en danger, mais ses maux de ventre et ses troubles intestinaux altèrent la vie quotidienne des patients souffrant de ce problème. Le syndrome implique l’ensemble du système digestif, incluant l’intestin grêle et le gros intestin, et provoque souvent des modifications du transit intestinal (constipation, diarrhées, ou alternance des deux).

 

Qu’est-ce que le syndrome de l’intestin irritable (SII) ?


Le SII se caractérise par des douleurs abdominales récurrentes, des ballonnements, des flatulences et une gêne intestinale ressentie sur plusieurs mois. Ces symptômes s’accompagnent de périodes de rémission et de poussées. Bien que les causes exactes ne soient pas entièrement élucidées, des anomalies dans la motricité intestinale, une sensibilité accrue des viscères, des déséquilibres du microbiote ou des facteurs psychologiques peuvent être en jeu.

 

La colopathie fonctionnelle : différents noms pour un même trouble

La colopathie fonctionnelle est connue sous différents termes : syndrome de l’intestin irritable (SII), syndrome du côlon irritable, ou troubles fonctionnels intestinaux. L’appellation « côlon irritable » tend à être abandonnée, car l’ensemble de l’intestin est concerné, du grêle au gros intestin. Ce trouble fonctionnel est donc un ensemble de troubles intestinaux qui impliquent plusieurs segments du tube digestif.


Pourquoi parle-t-on de colopathie fonctionnelle ?

On qualifie cette affection de « fonctionnelle » parce qu’aucune lésion organique n’explique les symptômes. Les organes sont intacts, mais leur fonctionnement est perturbé. Il ne s’agit pas d’une maladie purement psychosomatique. Des facteurs alimentaires, psychologiques et physiologiques s’entremêlent, ce qui peut exacerber les douleurs, les crampes et la colique (douleur abdominale d’origine intestinale), tout en modifiant la motricité du tube digestif.

Quelles sont les causes et facteurs déclencheurs du SII ?

Le ballonement peut être présent dans une colopathie fonctionnelle
Le SII est d’origine multifactorielle :

Anomalies de la motricité Les contractions intestinales deviennent irrégulières, aggravant le ballonnement et la douleur.
Hypersensibilité viscérale La paroi interne (la muqueuse) réagit de manière exagérée à des stimulations normales.
Déséquilibre du microbiote Une flore intestinale altérée après une grosse gastro-entérite, après des antibiotiques, favorise des fermentations excessives, des flatulences, et des douleurs. Les probiotiques sont parfois étudiés pour rétablir un équilibre.
Perturbations psychologiques Le stress, la dépression, l’angoisse, en lien avec le système nerveux entérique, majorent la symptomatologie. Dans certains cas, des antidépresseurs à faible dose sont prescrits.
Facteurs alimentaires Certaines intolérances (ex. lactose), le blé, ou une alimentation inadaptée peuvent favoriser l’inconfort.
Inflammation discrète Une faible composante inflammatoire peut accroître la sensibilité, alors même qu’aucune lésion n’est détectée.

 

Ce point est largement débattu dans le cadre du syndrome de l’intestin irritable : même si le stress n’est pas la cause de la maladie, il en accentuerait les symptômes.

 

Quels sont les symptômes et évolutions du SII ?


Les symptômes varient, mais certains sont particulièrement évocateurs :

  • Douleurs abdominales : Sensation de torsion, de spasmes, survenant souvent le matin ou après un repas.
  • Ballonnement et flatulences : Gêne ressentie, même si le ventre n’est pas toujours réellement distendu.
  • Troubles du transit intestinal : constipation, diarrhée, ou alternance des deux.
  • Autres signes : Sensation de lourdeur gastrique, fatigue, mal à la tête, insomnies.

Ces symptômes s’atténuent parfois en vacances ou lors de périodes plus sereines, mettant en évidence une influence du système nerveux. La diète et des modifications alimentaires aident parfois. Une évolution sur le long terme est fréquemment rapportée, avec des phases d’amélioration et de rechute.

Des sous-groupes de colopathes fonctionnels ont été définis selon l’échelle de Bristol, une échelle permettant d’évaluer la consistance des selles :

  • Le syndrome de l’intestin irritable avec constipation prédominante (SII-C) : Bristol 1-2 au moins 25% du temps et Bristol 6-7 moins de 25% du temps.
  • Le syndrome de l’intestin irritable avec diarrhée prédominante (SII-D) : Bristol 6-7 au moins 25% du temps et Bristol 1-2 moins de 25% du temps.
  • Le syndrome de l’intestin irritable avec alternance diarrhée-constipation (SII-M) : Bristol 1-2 25% du temps et Bristol 6-7 25% du temps.
  • Le syndrome de l’intestin irritable non-spécifié : absence de critères suffisants pour répondre aux critères du SII-C, SII-D ou SII-M.

En parallèle, le médecin peut mener des examens complémentaires pour éliminer d’autres pathologies ayant des symptômes similaires à ceux de la colopathie fonctionnelle : maladie cœliaque, intolérance au lactose, maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, lithiase biliaire… 

D’autres explorations peuvent alors être justifiées par des symptômes spécifiques, par exemple :

  • Une endoscopie digestive haute en cas de symptômes dyspeptiques (impression de mal digérer).
  • Une échographie abdominale si les symptômes compatibles avec une atteinte biliaire, pancréatique ou rénale.

 
La coloscopie n’est pas indiquée en première intention chez un sujet jeune (20-30 ans) sans antécédents familiaux lorsque son bilan biologique est normal. 

 

Quand consulter pour ces troubles ?

Les symptômes que je vis à cause du syndrome de l’intestin irritable m’handicapent dans ma vie de tous les jours, je peux alors consulter un médecin.
Par ailleurs, je prends rendez-vous rapidement si je suis dans l’une des situations particulières ci-dessous :

  • Il y a du sang dans mes selles.
  • J’ai des antécédents familiaux de cancer colorectal.
  • J’ai plus de 50 ans et j’ai ces symptômes pour la première fois.
  • Je perds du poids sans le vouloir.
  • Mes symptômes apparaissent la nuit.
  • J’ai de la fièvre.
  • Mes symptômes sont apparus après un voyage dans un pays tropical

 

Alimentation et mode de vie : que manger avec un côlon irritable ?


À l’heure actuelle, aucun argument formel ne permet de conclure sur un régime pour soulager les symptômes du syndrome de l’intestin irritable. Toutefois, des pistes intéressantes peuvent être creusées à l’aide d’un médecin et/ou d’un diététicien.

Comment adapter son régime alimentaire ?

Aucune alimentation universelle n’est validée. Cependant, adapter sa diète peut réduire l’inconfort :

  • Mangez à heures régulières, en mastiquant lentement pour optimiser l’absorption des nutriments.
  • En cas de constipation, augmenter progressivement les fibres alimentaires (fruits, légumes, céréales complètes) sans excès.
  • Limiter certaines légumineuses si elles provoquent trop de flatulences.
  • Évaluer la tolérance aux aliments fermentescibles (FODMAPs) : lactose, fructose, polyols. Un suivi avec un gastro-entérologue ou un diététicien est conseillé.
  • Tester les infusions de menthe poivrée ou de menthe, parfois recommandées pour soulager les spasmes.
  • Réduire les aliments mal tolérés (certains sucres, le blé chez certains individus sensibles).
  • Ajuster certaines pratiques diététiques sous conseil médical.

 

En cas de troubles digestifs liés au syndrome de l’intestin irritable, voici quelques conseils simples listés par le Club de Réflexion des Cabinets et Groupes d’Hépato-Gastroentérologie (CREGG).

Liste des aliments à éviter : notamment les FODMAPs

Certains aliments contiennent des FODMAPs (Fermentable Oligo-, Di-, Monosaccharides and Polyols), des glucides fermentescibles qui pourraient être responsables de ballonnements, douleurs abdominales et de gaz. En effet, non-absorbés par le tube digestif, ils fermentent dans le côlon et provoquent des inconforts. Chez les patients atteints de colopathie fonctionnelle, une intolérance aux FODMAPs pourrait déclencher les symptômes.

Parmi ces FODMAPs, on retrouve notamment :

  • Le fructose, principalement présent dans le miel et les fruits.
  • Le lactose, présent dans le lait et certains de ses dérivés.
  • Le fructane, que l’on retrouve dans des aliments contenant du gluten, expliquant une amélioration des symptômes du syndrome de l’intestin irritable à l’éviction du gluten.
  • Les polyols (sorbitol, maltitol, xylitol…) présents dans les aliments sans sucres.


Les aliments contenant des FODMAPs étant nombreux, je me fais accompagner d’un médecin et/ou d’un diététicien formé à ce type de régimes pour limiter le risque de carence et évaluer la pertinence dans le cadre de ma colopathie fonctionnelle.
Une prise en charge du syndrome de l’intestin irritable peut grandement améliorer mes symptômes et me permettre de mieux vivre ma colopathie fonctionnelle. 

Quelles sont les solutions pour réguler le transit intestinal ?

Pour soutenir un bon transit intestinal et atténuer les symptômes :

  • Boire suffisamment d’eau et intégrer graduellement plus de fibres alimentaires solubles (avoine, graines de lin).
  • En cas de constipation, des laxatifs doux peuvent être envisagés après avis médical.
  • Si des diarrhées surviennent, des ralentisseurs du transit ou des substrats favorisant l’évacuation régulière dans de bonnes conditions sont proposés.
  • Les probiotiques ciblés sont étudiés pour améliorer l’équilibre microbien.
  • L’exercice physique régulier, l’activité modérée, aident la motricité digestive.
  • Une consultation chez un gastro-entérologue permet d’adapter le traitement.

 

Quels sont les traitements et la prise en charge globale du SII ?  
La colopathie fonctionnelle peut générer de l’anxiété

Aucun traitement miracle n’existe. La prise en charge est globale, combinant approches médicales et non-médicales :

Médicaments  Antispasmodiques pour calmer les spasmes, pansements intestinaux protégeant la muqueuse, régulateurs du transit, et parfois antidépresseurs à faible dose pour réduire l’hypersensibilité. Certains produits agissant sur le microbiote (par ex. certains probiotiques) sont évalués.
Hygiène de vie Relaxation, hypnose, techniques de respiration, activité physique et gestion du stress aident à moduler la symptomatologie.
Équilibre alimentaire Adapter la régime, ajuster les fibres alimentaires, limiter les aliments mal tolérés, et solliciter un suivi spécialisé.
Suivi médical Le gastro-entérologue analyse les symptômes et recherche d’éventuelles intolérances ou pathologies associées. Si nécessaire, des examens complémentaires (endoscopie, imagerie) précisent la situation.
Facteurs alimentaires Certaines intolérances (ex. lactose), le blé, ou une alimentation inadaptée peuvent favoriser l’inconfort.
Inflammation discrète Une faible composante inflammatoire peut accroître la sensibilité, alors même qu’aucune lésion n’est détectée.

 

Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

Sources :