“J’ai mal partout” : les symptômes de la fibromyalgie sont multiples
La fibromyalgie est une pathologie qui demeure mal connue en France. De surcroît, c’est l’un des syndromes les plus contestés du fait qu’il n’existe aucune traduction biologique des nombreux symptômes décrits par les patients qui estiment souvent avoir “mal partout” et de manière chronique.
Qu’est-ce que la fibromyalgie ?
La fibromyalgie est complexe et se caractérise par des douleurs chroniques et des douleurs diffuses, sans lésion organique clairement identifiée. La maladie touche principalement les muscles et les tissus mous.
Décrite pour la première fois en 1976, ce n’est qu’en 1990 qu’elle est reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Depuis 2018, elle est officiellement classée comme une "douleur chronique généralisée" dans la classification internationale des maladies CIM.
Cette maladie est considérée comme un syndrome qui regroupe plusieurs symptômes, notamment des troubles du système nerveux central, des réponses inflammatoires atypiques et des altérations du fonctionnement neurologique.
Les personnes atteintes rapportent fréquemment une gêne importante dans leurs activités quotidiennes en raison de douleurs musculaires persistantes et de l'impact psychologique et physique de la maladie.
Le diagnostic de la fibromyalgie peut être posé à tout âge. Selon Orphanet, le portail d’information sur les maladies rares créé par l’Inserm, elle touche entre 1 et 5 % de la population, soit plus de 680 000 personnes en France, avec une prévalence quatre fois supérieure chez les femmes.
Quels sont les symptômes de la fibromyalgie ?
Les douleurs diffuses associées à la fatigue sont les principaux symptômes, mais l’absence de symptômes biologiques évocateurs d’inflammation rend leur caractérisation et leur reconnaissance difficiles.
Les symptômes de la fibromyalgie décrits sont nombreux et à l’examen clinique, le patient explique “avoir mal partout” et tout le temps. Les symptômes répertoriés sont donc divers, mais la fatigue et les douleurs chroniques sont quasiment systématiquement retrouvées (100 % pour les douleurs et 96 % pour la fatigue selon l’Association de la fibromyalgie de Laval).
Les douleurs semblent être ainsi un point commun à tous les patients souffrant de fibromyalgie. On retrouve de ce fait différents symptômes de la fibromyalgie, en fonction des patients :
Les douleurs chroniques
La fibromyalgie se caractérise par des douleurs chroniques qui commencent souvent de façon localisée avant de devenir diffuses. Ces douleurs concernent principalement les zones musculaires et articulaires.
Bien qu’aucune inflammation visible ne soit détectée, des mécanismes inflammatoires au niveau du système nerveux pourraient expliquer la persistance des symptômes.
La fatigue chronique et l’épuisement
La fatigue chronique est l’un des symptômes les plus invalidants de la fibromyalgie. Les personnes souffrant de cette maladie ressentent un épuisement constant, même après du repos. Cette fatigue s'accompagne fréquemment d'une raideur musculaire, ce qui rend des activités simples comme marcher, se tenir debout ou effectuer des tâches ménagères particulièrement difficiles.
Le système nerveux central semble intervenir dans ce phénomène, car un dysfonctionnement de la régulation énergétique et de la perception de l’effort aggrave l’état d'épuisement.
Cette gêne persistante impacte la vie quotidienne, entraîne des arrêts de travail fréquents et une diminution significative de la qualité de vie.
Quelles sont les causes et les facteurs de risque de la fibromyalgie ?
Alors que cette pathologie a souvent été considérée comme "fictive", car non expliquée médicalement, une publication de l’INSERM d’octobre 2020 permet d’entrapercevoir une explication plus fine à la fibromyalgie par des “anomalies biologiques” mais également des troubles “périphériques”.
En effet, d’une part, l’INSERM s’est basé sur des analyses d’imagerie qui indiquent un dysfonctionnement du cerveau face à la douleur. Selon une vidéo de l’INSERM (2020), “une réponse exacerbée du cerveau à des stimuli normalement non douloureux, appelé "sensibilisation centrale” est la plus probable”.
Toutefois, les chercheurs n’expliquent pas cette réaction, mais penchent pour des facteurs d’ordre psychologique comme un traumatisme ou un stress important.
D’autre part, des études menées dans les dernières décennies amènent l’INSERM à penser que des troubles “périphériques” pourraient être incriminés.
On parle notamment d’un dysfonctionnement des cellules qui apportent l’énergie aux muscles (les mitochondries) ou une atteinte de fibres nerveuse “qui conduisent l’influx douloureux des organes à la moelle épinière” sans certitude que ce phénomène ne soit pas plutôt une conséquence de la fibromyalgie plutôt qu’une cause.
Des études plus approfondies devraient être menées dans les années à venir.
Ainsi, on pense que la fibromyalgie serait la résultante d'un ou plusieurs facteurs :
- Un abaissement du seuil de la sensibilité douloureuse (et donc une sensibilité accrue aux douleurs) ;
- Des facteurs traumatiques (pouvant avoir eu lieu dans l’enfance) ;
- Un contexte de stress, de surmenage ;
- Une atteinte cellulaire ;
- Une atteinte nerveuse ;
- Des facteurs génétiques ne sont pas exclus : les premières données d’une étude franco-suisse qui sera publiée en 2022 émet l’hypothèse qu’un variant génétique pourrait être associé à la fibromyalgie.
La fibromyalgie n’a aucune conséquence physiologique dans le sens où elle n'entraîne aucune répercussion visible sur le corps. Ainsi, aucune constante ne sera modifiée et aucun dosage biologique n’explicitera la maladie.
Les douleurs sont initialement concentrées, mais rapidement étendues. Le poids sur la santé mentale est important, les douleurs étant constantes. On parle de “cercle vicieux” dans lequel le patient est enfermé, rompant ainsi avec son environnement, ses relations et de la vie professionnelle.
L’évolution est variable et dépend de chaque patient. Certains patients parviennent à guérir. La prise en charge est donc adaptée à chaque individu présentant un syndrome fibromyalgique.
Quels sont les traitements de la fibromyalgie ?
Le médecin traitant est le professionnel de santé qui est l'interlocuteur privilégié. Il adaptera la prise en charge en fonction du patient, une prise en charge qui sera personnalisée.
Toutefois, la fibromyalgie atteignant divers organes et ayant souvent un impact psychologique très fort, une équipe médicale et paramédicale multidisciplinaire peut se construire en fonction des cas, autour d’un patient : psychologues, neurologues, rhumatologues, kinésithérapeutes, etc.
Quelles sont les approches médicamenteuses ?
Du côté des médicaments pour le traitement de la fibromyalgie, les anti-inflammatoires ne sont généralement pas efficaces en l'absence d'inflammation.
Le paracétamol, en tant qu'antalgique de première intention, est habituellement prescrit pour soulager la douleur. En seconde intention, selon l'évaluation du médecin et le tableau clinique, des médicaments plus ciblés peuvent être proposés. Il peut s’agir d’anticonvulsivants et d’antidépresseurs qui agissent sur les neuromédiateurs pour atténuer la douleur, même en l’absence de dépression.
Des antiépileptiques peuvent également être utilisés pour moduler les signaux nerveux responsables des douleurs chroniques.
Ces traitements thérapeutiques ne sont pas dénués d’effets secondaires. On retrouve par exemple des troubles digestifs, de la somnolence ou des sensations de vertige. Leur utilisation nécessite donc un suivi médical rigoureux pour garantir un équilibre entre les bénéfices et les risques !
Quelles sont les thérapies non médicamenteuses ?
Couplée à un traitement médical adapté, une thérapie non médicamenteuse permet l'amélioration de la qualité de vie des patients atteints de fibromyalgie, en agissant sur la douleur, la mobilité et le bien-être mental.
- L’activité physique adaptée (APA) est essentielle pour renforcer les muscles, soulager les articulations et réduire les douleurs grâce à une stimulation douce et progressive. Des exercices comme la natation détendent les muscles tout en améliorant la mobilité.
- L’acupuncture, les massages ou la neurostimulation transcutanée (TENS) utilisant des électrodes peuvent apporter un soulagement en agissant sur les douleurs nerveuses et musculaires. Ces approches favorisent également la relaxation.
- L’éducation thérapeutique aide les patients à mieux gérer leur douleur et leur quotidien. Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) apportent aussi un soutien face à l’impact psychologique de la maladie.
Différentes associations de patients atteints de fibromyalgie existent. Elles soutiennent, écoutent, forment et appuient la recherche :
- L’association Fibromyalgie France a été créée en 2001 allie soutien aux patients, meilleure compréhension de la maladie et mène des actions d’appel aux dons pour la recherche.
- L'Association nationale fibromyalgieSOS propose une écoute tous les jours du lundi au vendredi de 10 h à 12 h et de 16 h à 19 h. L’écoute et le partage sont fondamentaux pour des patients qui se sentent souvent incompris.
- D’autres associations plus généralistes comme AFLAR, l’Association Française de Lutte antirhumatismale qui inclut la fibromyalgie dans son périmètre d’action.
Comment vivre avec la fibromyalgie au quotidien ?
Vivre avec la fibromyalgie implique d’apprendre à écouter son corps et d’adapter son quotidien en fonction de ses limites. Il est essentiel de maintenir une routine équilibrée en alternant périodes d’activité et de repos pour éviter le surmenage.
L’organisation et la planification des tâches permettent de mieux gérer la fatigue. Prendre des pauses régulières, se fixer des objectifs réalistes et prioriser les activités peuvent aider à préserver son énergie.
Enfin, il est important de cultiver un réseau de soutien, que ce soit auprès de ses proches ou d’associations pour rompre l’isolement et partager son expérience avec d’autres personnes dans la même situation !
F.A.Q
La fibromyalgie est-elle une maladie chronique ?
La fibromyalgie est chronique et se caractérise entre autres par des douleurs diffuses, une fatigue persistante et une sensibilité à la pression, ce qui la distingue de maladies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde.
Quels examens faire pour diagnostiquer la fibromyalgie ?
Le diagnostic repose sur l’évaluation clinique des symptômes. Aucun examen biologique ou radiologique ne permet de confirmer la fibromyalgie.
La fibromyalgie est-elle héréditaire ?
La fibromyalgie n'est pas considérée comme une maladie héréditaire, mais une prédisposition familiale peut être observée.
Peut-on guérir de la fibromyalgie ?
Il n'existe pas de traitement curatif, mais des approches adaptées permettent de réduire les symptômes et d'améliorer la qualité de vie, y compris pour les douleurs chroniques et la migraine.
Quels sports pratiquer en cas de fibromyalgie ?
Les sports doux comme la marche, le yoga ou la natation sont recommandés pour améliorer la mobilité et aider à réduire les douleurs sans surcharger le corps.
Sources :
- AMELI - Fibromyalgie
- INSERM - Fibromyalgie
- INSERM - Fibromyalgie : Une douleur chronique et diffuse, enfin reconnue
- VIDAL - Fibromyalgie
- Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles - La fibromyalgie
- Fondation pour la recherche médicale - Fibromyalgie : où en est la recherche ?