Tout le monde, ou presque, connaît le Nutriscore. En 2020, sa notoriété atteignait les 93%, d’après Santé Publique France, et 18% des individus le citait comme critère d’évaluation nutritionnelle des aliments.
Pourtant, même si l’on reconnaît facilement le Nutriscore sur les emballages, on ne sait pas toujours comment il est calculé et comment il peut nous aider à faire de meilleurs choix nutritionnels.
Le Nutriscore est-il efficace et fiable ? Des alternatives existent-elles ? MEDADOM vous explique tout.
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Le Nutriscore est un logo affiché sur les emballages des produits alimentaires, donnant une note de A (vert foncé) à E (orange foncé).
Issu de la Loi de modernisation de notre système de santé, ce système d’information nutritionnelle complémentaire vise à permettre de décrypter rapidement et facilement la qualité nutritionnelle des produits alimentaires : des plus favorables sur le plan nutritionnel (A) au moins favorables (E, à consommer avec modération).
Le Nutriscore est donc un système à 5 couleurs, classifiant les aliments de A à E, selon un score calculé pour 100g d’aliment ou 100ml pour les boissons.
Pour cela, le NutriScore prend en compte la quantité :
À chaque élément, qu’il soit à favoriser ou à limiter, est attribué un nombre de points selon sa teneur pour 100g dans le produit. On soustrait ensuite la somme des points positifs à la somme des points négatifs et on obtient le score final, auquel correspond une lettre et une couleur.
Selon la catégorie d’aliments (matières grasses, fromages ou boissons par exemple), des variations de ce calcul peuvent exister pour prendre en compte les spécificités de certaines familles d’aliments.
Afin de renforcer la prévention et la promotion de la santé, la Loi de modernisation de notre système de santé datant de 2016 prévoyait de recommander un « système d’étiquetage nutritionnel simplifié et graphique, compréhensible par tous ». C’est dans ce cadre qu’a été sélectionné le Nutriscore.
En effet, la nutrition n’est pas une discipline évidente et déchiffrer une étiquette alimentaire peut relever du casse-tête. Ainsi, il a été décidé de sélectionner un système pour permettre d’identifier rapidement les aliments les plus favorables sur le plan nutritionnel.
Pour cela, une évaluation en conditions réelles d’achat a été menée pour tester 4 systèmes différents :
À l’issue de cette expérimentation en supermarché, les résultats étaient les suivants :
C’est pour ces deux dernières raisons que le Nutriscore a été choisi comme système de référence et est apposé sur des produits alimentaires depuis 2017.
Ainsi, en France, plus de 93% des consommateurs connaissent aujourd’hui le Nutriscore, d’après Santé Publique France.
En termes d’efficacité, le Nutriscore améliorerait de 4,45% la qualité nutritionnelle des aliments achetés, selon l’étude menée en conditions réelles en 2016.
Toutefois, le Nutriscore ne peut être rendu obligatoire en France car l’étiquetage des produits alimentaires est soumis à une réglementation homogénéisée en Europe, afin de faciliter la libre circulation des marchandises. Le Nutriscore ne pourra donc être rendu obligatoire que si la Commission Européenne le décide.
En revanche, si une entreprise décide d’apposer le NutriScore sur l’un de ses produits, elle devra également le faire sur l’intégralité de ses produits, et pas seulement sur ceux ayant un Nutriscore favorable.
Le Nutriscore permettrait donc de choisir des aliments plus favorables d’un point de vue nutritionnel. Toutefois, le Nutriscore présente plusieurs inconvénients qu’il ne faut pas négliger.
La note indiquée sur l’emballage du produit ne prend en compte que la qualité nutritionnelle d’un produit et non pas son intégration dans une alimentation variée et équilibrée. Ainsi, ne consommer que des aliments au Nutriscore A ou B, par exemple, limiterait considérablement le choix des aliments et exclurait d’office certains groupes, pourtant essentiels (tels que les matières grasses), autant pour l’équilibre alimentaire que pour le plaisir !
Ainsi, certains aliments très caloriques disposent d’un Nutriscore D ou E, alors que les quantités consommées sont généralement assez faibles. À l’inverse, il peut aussi être déconseillé de consommer de grandes quantités d’un aliment, sous le simple prétexte qu’il est noté A.
De nombreux aliments possédant un Nutriscore A ou B (51%) entrent dans la catégorie des aliments ultra-transformés. Or, la consommation en excès de ces derniers est associée à une augmentation du risque de maladies chroniques (diabète, cancers…).
De plus, face à la demande croissante des consommateurs d’apposer le Nutriscore sur leurs produits, les industriels reformulent parfois leurs produits afin d’obtenir un meilleur Nutriscore. Si l’objectif est louable, la démarche les mène parfois à substituer les éléments jugés défavorables (sucre, sel…) par des (exhausteurs de goût, édulcorants…), ces derniers n’étant pas pris en compte dans le calcul du Nutriscore.
Lors de l’étude en magasin de 2016, un Nutriscore vert (A ou B) induisait en erreur les consommateurs, leur laissant penser que le produit était issu de l’agriculture biologique. Puisque le Nutriscore est aujourd’hui connu de presque tous, il est possible que cet effet se soit atténué.
Enfin, le Nutriscore n’est pas du tout adapté à certaines catégories de produits. C’est notamment le cas des aliments destinés à une alimentation particulière, pour lesquels l’utilisation du Nutriscore n’est pas recommandée. En effet, ces produits disposent de leurs propres règles de composition, afin de s’approcher au mieux des besoins spécifiques :
Le Nutriscore pénaliserait donc ces aliments alors que leur composition est spécifiquement adaptée à leur cible.
Si l’on veut utiliser le Nutriscore pour faire de meilleurs choix alimentaires, il est essentiel de savoir comment bien l’utiliser.
Tout d’abord, avant de se référer à l’étiquetage, il est important de connaître ses besoins. Le corps dispose de systèmes de régulation nous permettant de savoir ce qu’il nous faut manger. En écoutant ses signaux (faim, envies et appétits spécifiques, rassasiement et satiété), il est possible d’identifier les aliments dont nous avons besoin.
Une alimentation variée et équilibrée, adaptée à nos besoins est indispensable à une bonne santé. Le Nutriscore permet, à partir de ce moment-là, de faire les meilleurs choix nutritionnels lors des achats :
Attention toutefois, car le plaisir ne se substitue pas ! Choisir un aliment simplement parce qu’il a un meilleur Nutriscore peut impacter les capacités de régulation de l’organisme.
En effet, une envie de manger (ou appétit spécifique) est l’expression d’un besoin du corps, qu’il s’agisse d’un besoin nutritionnel ou émotionnel (besoin de réconfort). Ainsi, lorsque nous avons envie de chocolat praliné aux noisettes par exemple, choisir du chocolat noir à 90% de cacao car il présente un meilleur Nutriscore ne permettra pas de supprimer l’envie de chocolat praliné. Le goût étant différent, le corps ne considèrera pas que l’on a répondu au besoin, et pourra continuer à réclamer le chocolat praliné tant que l’on ne lui aura pas apporté. Le risque devient alors de faire une compulsion alimentaire.
Enfin, il n’est absolument pas recommandé d’exclure les aliments ayant un Nutriscore D ou E. S’il peut être recommandé d’en limiter la fréquence ou la quantité consommée, cela ne signifie pas qu’ils sont mauvais pour la santé.
Comme indiqué plus haut, le Nutriscore ne permet pas, à lui seul, de faire les meilleurs choix en termes d’alimentation.
Il existe notamment des outils pour mieux identifier les aliments ultra-transformés :
Les applications de notation des aliments (telle que Yuka par exemple), quant à elles, proposent le plus souvent une méthode de calcul arbitraire, comprenant parfois l’utilisation du Nutriscore, mais ne permettant pas toujours de faire les meilleurs choix pour sa santé.
Enfin, en 2022, une étude s’est penchée sur l’utilisation d’un « score épicurien ».
En effet, de plus en plus d’études mettent en évidence que les interventions basées sur les sensations (alimentation en pleine conscience, concentration sur les aspects sensoriels des aliments…) peuvent être des alternatives viables aux interventions basées sur la nutrition (tel que le Nutriscore), pour réguler sa consommation alimentaire. Ainsi, la création d’un étiquetage épicurien, c’est-à-dire la mise en avant des caractéristiques sensorielles des aliments (présentation, goût, odeur…), permet de réduire la quantité consommée, tout en augmentant la valeur perçue des plats. Cela s’explique par une attention accrue lors de la dégustation et ce phénomène est particulièrement notable en France, pays de la gastronomie !
Ainsi, l’utilisation du Nutriscore peut être intéressante pour comparer des produits entre eux, mais ne devrait pas se substituer à l’écoute de ses besoins et à la recherche de variété alimentaire.
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Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :