Dépistage précoce de l'autisme : l'importance du suivi oculaire

Les troubles du spectre de l’autisme sont souvent diagnostiqués de façon trop tardive. Or, un repérage précoce peut permettre une mise en place rapide d’interventions qui aideront l’enfant dans son développement.

D’où l’importance de diagnostiquer au plus tôt ces troubles dès les premiers signes d’alerte. Pour cela, les professionnels de santé et de la petite enfance peuvent s’appuyer sur les recommandations émanant de la Haute Autorité de Santé (HAS) ainsi que sur un outil récent appelé « test de suivi oculaire ».

Une équipe de chercheurs américains a entrepris d’évaluer l’efficacité de ce test pour le diagnostic précoce de l’autisme. Zoom sur les résultats de leur étude. 

 

Autisme : l’importance d’un dépistage précoce  

Qu’est-ce que l’autisme ?

L’autisme désigne un trouble du neurodéveloppement aux origines multifactorielles et avec une composante génétique. Présent depuis la petite enfance, il se manifeste de façon très variable d’une personne à l’autre et les signes évoluent au fil du temps. C’est donc en raison de la multiplicité et de la diversité des symptômes qu’on parle de « troubles du spectre de l’autisme » plutôt que « d’autisme ».

C’est l’observation simultanée de deux signes qui fait suspecter l’existence d’un trouble du spectre de l’autisme chez l’enfant ou l’adolescent :

1.    Un déficit persistant de la communication et des interactions sociales.
2.    Une restriction des intérêts et des activités ainsi que des comportements répétitifs (comme une intolérance au changement, des rituels, une sensibilité excessive au bruit, etc). 

Ces troubles ont malheureusement des répercussions importantes sur la vie quotidienne et sociale de l’enfant et c’est son incapacité à répondre aux exigences sociales qui alerte souvent les parents.

L’importance d’un dépistage précoce 

Les troubles du spectre de l’autisme font l’objet d’une prise en charge personnalisée faisant appel à des thérapies comportementales et éducatives et parfois un traitement médicamenteux. L'objectif affiché ?  Aider l’enfant à améliorer ses compétences sociales, de communication et d'adaptation, tout en apportant du soutien à son entourage. 

Mais pour que cette prise en charge soit optimale, il est indispensable de repérer le trouble le plus tôt possible. Ce repérage précoce permettra en effet à l’enfant de se développer de la meilleure manière possible et de réduire au maximum le handicap.

Un diagnostic long et difficile  

Force est de constater que dans la réalité, le diagnostic des troubles du spectre de l’autisme est encore posé trop tardivement (entre 3 et 5 ans). Si les premiers signes d’alerte sont souvent repérés initialement par les parents, différents professionnels de santé comme des psychomotriciens, des pédiatres ou des psychiatres interviennent ensuite.

Ils procèdent à des évaluations quant à différents aspects du développement de l'enfant. Mais les manifestations des troubles du spectre de l’autisme sont tellement diverses que le diagnostic est parfois difficile et long à être posé.

Selon la Haute Autorité de Santé, un diagnostic dès l’âge de 18 mois permettrait pourtant une prise en charge précoce et plus efficace pour le développement de l’enfant. Dans cette perspective, l’instance a émis des recommandations et développé des outils de repérage destinés aux professionnels de santé et de la petite enfance pour les aider à accélérer les étapes jusqu’au diagnostic. 

Depuis février 2019, en cas de suspicion d’autisme chez un enfant, les médecins généralistes et les pédiatres peuvent réaliser une consultation longue et spécifique, remboursée 60 euros.

Depuis peu, les professionnels de santé peuvent également s’appuyer sur un outil récent appelé « test de suivi oculaire ».

Le test de suivi oculaire : utile au diagnostic précoce de l’autisme  

Le test de suivi oculaire désigne un outil innovant permettant de refléter les capacités d’attention sociale et non sociale de l’enfant.

Il évalue en effet le développement visuel de l’enfant, particulièrement sa façon de porter le regard vers tel ou tel élément à travers la mesure de différents marqueurs (temps de suivi de vidéos, taille de la pupille, durée de fixation, etc). Il livre ainsi de précieux renseignements sur l'état de son développement cognitif et social.

Cet outil innovant laisse entrevoir la possibilité de détecter plus précocement les troubles du spectre autistique chez l’enfant et de mettre en place une prise en charge plus rapide.

La capacité innée à se concentrer visuellement s’avère très différente chez les enfants présentant des troubles du spectre autistique. 

Dans ce contexte, des chercheurs américains ont entrepris d’évaluer l’efficacité du test de suivi oculaire pour le diagnostic précoce de l’autisme. Pour cela, ils ont recruté une cohorte composée de 146 enfants âgés de 14 à 48 mois dont :

• 71% de garçons,
  
• 70 % avaient été diagnostiqués comme souffrant d'autisme, sur la base de tests cliniques de référence réalisés par des professionnels de santé spécialisés. 

Après analyse des données, les chercheurs ont observé les résultats suivants : 

• Pour 77 % des enfants : résultats concordants pour le diagnostic d’autisme entre le test de suivi oculaire et le test clinique de référence. 
  
• Sensibilité du test de suivi oculaire évaluée à 77,5 %. 
  
• Sensibilité du diagnostic évaluée à 90,7 % en cas d’association des deux méthodes (suivi oculaire + test clinique de référence). 

Publiés dans la revue JAMA, ces résultats mettent en évidence l’utilité du test de suivi oculaire pour le diagnostic précoce des troubles du spectre de l’autisme en complément des méthodes de repérage traditionnelles. 

Sources :

• EGORA - Autisme : utilité du suivi oculaire pour le diagnostic précoce
• Haute Autorité de santé - Autisme de l’enfant – Rester en alerte pour dépister au plus tôt 
• AMELI - Comprendre l'autisme