Pour assurer les besoins de leur organisme, les adultes devraient boire 1,5 à 2 litres d’eau chaque jour, mais dans les faits, 77 % des Français n’en boivent pas suffisamment. L’Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire (Anses) le rappelle : pour assurer ses besoins quotidiens, il faut « boire beaucoup, un minimum de 1,5 à 2 litres d’eau par jour pour les adultes ». Or, souligne le Crédoc, 30 % de la population dans l’Hexagone boit moins d’un litre d’eau par jour. Pas de quoi couvrir les besoins de notre organisme, « composé à 65 % d’eau », indique le CNRS.
L'hydratation joue un rôle crucial dans le maintien du bien-être et de la santé, notamment lorsqu'il s'agit de faire face aux effets de la consommation d'alcool. En effet, la déshydratation est l'une des principales causes de la veisalgie plus connue sous le nom de gueule de bois, un état inconfortable qui survient après une consommation excessive d'alcool. Récemment, est apparu sur le marché des pastilles dites magiques hydratantes qui séduisent de plus en plus de consommateurs, notamment ceux qui cherchent à soulager les symptômes de la gueule de bois.
Mais sont-ils vraiment efficaces et sans danger ?
La gueule de bois est le résultat d'une consommation excessive d'alcool qui provoque un déséquilibre chimique dans le corps. L'alcool agit comme un diurétique, incitant les reins à produire davantage d'urine. Cela entraîne une perte importante d'eau et d'électrolytes, provoquant ainsi une déshydratation plus importante. Et en plus de la déshydratation, l'alcool irrite la muqueuse de l'estomac et de l'intestin, ce qui peut provoquer des inflammations et des nausées.
La déshydratation peut intensifier les symptômes de la gueule de bois, tels que :
Présents dans les pharmacies françaises depuis près de deux ans, ces pastilles promettent une hydratation plus rapide et plus importante et sont considérées par les consommateurs comme assurant des lendemains de fêtes plus faciles.
Aussi, l'offre de pastilles effervescentes favorisant une meilleure hydratation s'est enrichie ces dernières années et s’avère de plus en plus populaire auprès des consommateurs.
Les pastilles hydratantes sont généralement composées de sels minéraux tels que le sodium et le potassium, de glucose pour l’énergie, et d’oligo-éléments comme le zinc. Ces ingrédients, combinés de manière équilibrée, ont pour objectif de fournir une solution globale pour optimiser l'hydratation. On retrouve également de l'acide citrique combiné à du bicarbonate de potassium pour intensifier le goût mais aussi et surtout pour l’effet effervescent. À noter que la plupart des produits de ce type utilisent aussi de l’édulcorant pour renforcer le goût sucré de la boisson.
Mais ce petit goût sucré qui pose problème car il ne vient pas de nulle part. Pour éviter le sucre, ces entreprises, laboratoires ou marques utilisent souvent des édulcorants : de la sucralose notamment soit des dérivés de stévia. Certaines marques sont assez transparentes sur les quantités contenues dans leurs produits : en précisant le mg de sucralose par pastille allant de 8 à 10 mg.
Or, le Comité scientifique de l'alimentation (SCF) européen fixe une « dose journalière acceptable » à 15 mg par kilogramme. Pour être plus clair : un adulte de 60 kg pourrait ingérer 900 mg de sucralose au quotidien. Soit une dizaine de pastilles par jour. L'Efsa signale que « la plupart des édulcorants sont en cours de réévaluation » en Europe mais rien n’est encore affirmé ou infirmé.
Point d'attention, les édulcorants ne sont pas une solution miracle contre le diabète ou la consommation de sucre et ce pour plusieurs raisons : « Tout d'abord, ils participent à maintenir l'appétence pour le goût sucré, qui donne envie de consommer par la suite du sucre. Sur le long terme, mieux vaut essayer de tendre à s'en déshabituer », conseille Ariane Grumbach, diététicienne à Paris.
« L'autre problème avec les édulcorants, c'est qu'ils modifient et dégradent la flore bactérienne intestinale. On sait aujourd'hui qu'ils peuvent provoquer des diabètes sur le long terme. Tout dépend bien sûr des quantités. Si l'on en consomme occasionnellement, il n'y a aucun problème », indique Réginald Allouche, médecin nutritionniste et auteur de l'ouvrage Sucre, l'ennemi public n° 1, sorti en avril chez Albin Michel. Pour les risques de cancer liés aux édulcorants, dont on entend parfois parler, en revanche, il se veut rassurant : « on peut absolument faire confiance aux seuils » évoqués quelques lignes auparavant.
Au niveau européen avait été créé, en 1974, le Comité scientifique de l’alimentation humaine (Scientific Committee on Food – SCF), où des comités d’experts étaient également chargés d’évaluer l’absence de danger pour le consommateur européen de telle substance ou tel organisme. Il comportait ainsi, dès sa création, des groupes de travail dédiés aux additifs alimentaires, aux arômes ou aux matériaux de contact avec les denrées alimentaires.
Au SCF s’est substitué en 2002 l’Autorité européenne de sécurité des aliments (European Food Safety Authority – EFSA), qui siège à Parme, en Italie. Elle comprend un comité scientifique et dix groupes scientifiques thématiques regroupant des experts recrutés pour leurs compétences et leur indépendance, qui ont pour mission d’évaluer le risque pour le consommateur de tous les produits et substances régis par la réglementation européenne.
À l’échelon international, les évaluations du risque sont effectuées par des comités mixtes FAO/OMS, c’est-à-dire administrés conjointement par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : le Comité international mixte d’experts sur les additifs alimentaires (Joint Expert Committee on Food Additives – JECFA) et la Réunion conjointe sur les résidus de pesticide (Joint Meeting on Pesticide Residues – JMPR). Ces différents comités sont consultatifs, ils ne prennent pas de décision mais fournissent des avis aux gestionnaires du risque et aux décideurs politiques.
En ce qui concerne la gueule de bois, l'utilisation de ces pastilles soulève de sérieuses questions. Certains fabricants les conseillent après une consommation d'alcool pour "tenir le coup" le lendemain. Toutefois, dissimuler les symptômes de la gueule de bois peut être risqué.
Pour de nombreux professionnels de santé, le danger réside dans le message compris par les consommateurs, pensant que ces produits pourraient prévenir la gueule de bois et les inciteraient à boire encore plus.
Pour rappel, la gueule de bois est en réalité le résultat d'une intoxication de l'organisme par l'alcool. Les maux de tête, la fatigue et les nausées sont les signaux d'alerte que le corps envoie pour indiquer un excès. Certes, boire de l'eau enrichie en électrolytes peut atténuer certains symptômes, mais cela ne change rien à la toxicité de l'éthanol pour le corps. Les risques pour le système nerveux central, le foie (avec la possibilité d'hépatite ou de cirrhose), et le cœur (avec une augmentation de la pression artérielle) demeurent. De plus, la consommation d'alcool est associée à un risque accru de cancers, notamment ceux de la bouche, de l'œsophage, du côlon et du sein.
L'addictologue Géraldine Talbot considère même que de tels produits encouragent la consommation d’alcool : « Certains patients nous disent qu'ils protègent un peu leur santé et leurs cerveaux en les prenant, donc qu’ils peuvent faire moins attention… hépatite C’est ce retour d’expérience que nous, cliniciens, avons, et qui nous inquiète. », a -t-elle affirmé au micro de TF1.
Finalement, la prise régulière de pastilles hydratantes peut être avantageuse dans certaines circonstances, comme après un exercice physique intense, une randonnée, pendant des périodes de chaleur extrême, ou pour compenser une déshydratation accrue. Elles représentent également une option précieuse pour les personnes âgées, qui ont parfois des difficultés à boire suffisamment d'eau au quotidien.
Mais il convient de souligner que ces boissons contiennent pour beaucoup, du sucre et/ou des édulcorants notamment du sucralose, dont l’OMS alerte sur les effets à long terme tels qu’un risque accru de diabète de type 2, de maladies cardio-vasculaires et même de mortalité et qu’elles contribuent ainsi à entretenir l’addiction au sucre. Rien ne vaut une bonne hydratation à base d'eau et une consommation d'alcool modérée.
Si vous avez un doute ou une question vous pouvez téléconsulter sur le site MEDADOM des médecins généralistes sont disponibles pour vous aider.
Sources :