Pourquoi les femmes vivent-elles plus longtemps que les hommes ?

L'espérance de vie est un indicateur clé pour évaluer la santé générale d'une population. Il est bien documenté que, dans de nombreuses régions du monde, les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes. En 2019, par exemple, l'espérance de vie des femmes européennes était de 84 ans contre 78,5 ans pour les hommes. Cette différence intrigue les scientifiques et pousse à la recherche de causes biologiques, sociales et comportementales. Cet article explore les raisons possibles de cette disparité, en se basant sur des recherches récentes et des modèles expérimentaux. 

Quelles sont les différences biologiques entre les hommes et les femmes ? 

Les différences biologiques entre les hommes et les femmes jouent un rôle dans la longévité. Plusieurs études montrent que les hormones sexuelles, comme les œstrogènes chez les femmes et la testostérone chez les hommes, influencent le vieillissement et la santé globale.

Quel est le rôle des hormones sexuelles ? 

• Œstrogènes et protection cardiovasculaire : Les œstrogènes, hormones sexuelles féminines, ont des effets protecteurs sur le système cardiovasculaire. Elles améliorent le profil lipidique, réduisent l'inflammation et favorisent la vasodilatation, ce qui diminue le risque de maladies cardiovasculaires, l'une des principales causes de mortalité.

• Testostérone et risque accru : La testostérone, hormone sexuelle masculine, peut avoir des effets négatifs sur la santé cardiovasculaire en augmentant l'agressivité et les comportements à risque, ainsi que la masse musculaire et le métabolisme basal, ce qui peut conduire à un stress oxydatif accru et à une inflammation. 

Quel est le rôle des cellules germinales ? 

Des recherches menées par des scientifiques de l'Université d'Osaka sur le killifish, un poisson d'eau douce, ont révélé que les cellules germinales (ovules et spermatozoïdes) jouent un rôle important dans la régulation de la longévité.

• Impact des ovules : Chez les femelles de killifish, l'absence d'ovules réduit la production d'œstrogènes, augmentant ainsi le risque de maladies cardiovasculaires, et raccourcissant l'espérance de vie.

• Impact des spermatozoïdes : Chez les mâles, l'absence de spermatozoïdes augmente la production de vitamine D, ce qui peut améliorer la santé générale et prolonger la vie.

Ces observations suggèrent que les mécanismes endocriniens régulés par les cellules germinales peuvent influencer la longévité de manière sexuellement différenciée.

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Quel est l'impact des facteurs génétiques ? 

Les facteurs génétiques contribuent également à la différence d'espérance de vie entre les sexes. Les femmes semblent avoir une résistance génétique accrue aux maladies liées à l'âge.

Le rôle des chromosomes sexuels   

Les femmes possèdent deux chromosomes X, tandis que les hommes n'en ont qu'un seul. Le chromosome X contient plusieurs gènes impliqués dans la réparation de l'ADN et la régulation du métabolisme. La présence d'un deuxième chromosome X chez les femmes offre une redondance qui peut compenser les mutations délétères.

Les hommes, ayant un seul chromosome X, sont plus vulnérables aux mutations génétiques et aux anomalies chromosomiques qui peuvent affecter leur santé et leur longévité.

Le rôle des télomères 

Les télomères, structures protectrices situées à l'extrémité des chromosomes, jouent un rôle clé dans le vieillissement cellulaire. Plusieurs études montrent que les femmes ont des télomères plus longs que les hommes, ce qui pourrait contribuer à une meilleure capacité de régénération cellulaire et à une protection accrue contre les maladies liées à l'âge.

Quel rôle jouent les facteurs sociaux et comportementaux ? 

Au-delà des aspects biologiques, les différences de comportements et de rôles sociaux influencent également l'espérance de vie des hommes et des femmes.

Les comportements à risques 

Les hommes sont plus susceptibles d'adopter des comportements à risque qui augmentent la mortalité prématurée.

• Tabagisme et alcool : Les taux de consommation de tabac et d'alcool sont généralement plus élevés chez les hommes, ce qui augmente le risque de cancers, de maladies cardiovasculaires, et de maladies du foie.

• Accidents et violences : Les hommes sont plus souvent impliqués dans des accidents de la route, des violences et des comportements dangereux.

L'accès aux soins de santé 

Les femmes ont tendance à utiliser les services de santé plus régulièrement que les hommes.

• Dépistage et prévention : Les femmes sont plus enclines à participer aux programmes de dépistage et de prévention, tels que les mammographies et les examens gynécologiques, ce qui permet de détecter et de traiter les maladies plus tôt.

• Consultations médicales : Les femmes consultent plus fréquemment les professionnels de santé, ce qui leur permet de gérer plus efficacement les problèmes de santé chroniques.

La différence d'espérance de vie entre les hommes et les femmes est le résultat d'une interaction complexe entre facteurs biologiques, génétiques, sociaux et comportementaux. Les recherches récentes sur des modèles animaux, comme le killifish, offrent des perspectives nouvelles pour comprendre les mécanismes sous-jacents. Cependant, il est essentiel de poursuivre les études pour mieux appréhender les causes de cette disparité et développer des stratégies pour améliorer la santé et la longévité de tous les individus, indépendamment de leur sexe.

Sources :

Kota Abe et al. Sex-dependent regulation of vertebrate somatic growth and aging by germ cells. Sciences Advances. Juin 2024.