Qu’est-ce que la spasmophilie ?
La spasmophilie
La spasmophilie est un mal encore difficile à saisir car elle n’est pas reconnue par les classifications médicales et ne dispose d’aucune définition officielle. Derrière ce terme, on retrouve souvent des crises d’angoisse ou de tétanie.
En France, le terme « spasmophilie » est donc utilisé pour décrire des attaques de panique, associées à des symptômes musculaires et de l’hyperventilation (provoquant des contractures musculaires), déclenchée par un stress et liée à un déficit en calcium ou en magnésium.
C’est pour cette raison que la spasmophilie peut aussi être caractérisée de « tétanie chronique constitutionnelle » ou « tétanie latente constitutionnelle idiopathique ».
La spasmophilie : une manifestation du trouble anxieux ?
Le trouble anxieux est un syndrome vaste regroupant 6 types de manifestation :
- L’anxiété chronique
- Le trouble panique, aussi appelé « crises d’angoisses »
- La phobie, caractérisée par une peur irrationnelle (le trouble anxieux le plus commun)
- La phobie sociale, dont l’agoraphobie
- Le trouble obsessionnel compulsif (TOC)
- Le trouble de stress post-traumatique (TSPT), survenant après un évènement traumatisant
Pour les chercheurs, la spasmophilie serait simplement une manifestation nerveuse du trouble panique.
En effet, lors d’une crise d’angoisse, de nombreux troubles psychiques et physiques peuvent survenir. Parmi ceux-ci, une accélération de la respiration (hyperventilation) peut entraîner une tétanie périphérique, c’est-à-dire des contractions et des spasmes dans les extrémités.
Quelles sont les causes de la spasmophilie ?
Bien que les études sur la spasmophilie ne soient pas nombreuses, quelques théories ont été avancées pour expliquer ses causes. Dans la plupart de ces théories, la spasmophilie se manifeste chez des personnes présentant un état constitutionnel d’hyperexcitabilité neuromusculaire (spasmorythmie).
Les facteurs déclencheurs des crises de spasmophilie cités dans ces théories seraient alors :
- Le stress
- La fatigue et le manque de sommeil
- Les difficultés de l’individu à s’adapter à son mode de vie, qu’elles soient endogènes (une hypersensibilité émotionnelle) ou exogènes (à causes d’un mode de vie particulièrement dur)
- Un déficit en magnésium
- La consommation d’alcool ou de drogues
Si la spasmophilie est encore décriée, les mécanismes à sa racine font probablement intervenir des facteurs variés d’ordre physiologique, biologique, psychologique et génétique.
Quels sont les symptômes de la spasmophilie ?
Comment savoir si je fais une crise de spasmophilie ?
En l’absence d’une définition officielle de la spasmophilie, plusieurs symptômes sont fréquemment cités pour la caractériser :
- La crise est subite, le plus souvent après un évènement stressant
- Je respire rapidement, je me sens oppressé et j’ai l’impression d’étouffer
- Je ressens des spasmes dans les muscles de mon visage et dans mes paupières
- Je ressens des fourmillements, des picotements ou je n’arrive plus à bouger mes membres supérieurs (doigts, mains, bras…)
- Je ressens un grand coup de fatigue et une sensation de malaise généralisé
D’autres symptômes moins spécifiques sont fréquemment associés à la spasmophilie :
- L’anxiété
- Des maux de tête
- Des troubles du sommeil
- Des vertiges
- Des palpitations cardiaques
- Des crampes
- Des sueurs ou des frissons
- Des troubles digestifs…
Tous ces symptômes peuvent également évoquer une crise d’angoisse. C’est pourquoi il est nécessaire de consulter un médecin pour poser un diagnostic et confirmer ou non la spasmophilie.
Combien de temps dure une crise de spasmophilie ?
La spasmophilie peut se manifester de manière aléatoire et imprévisible. Les crises durent en général entre plusieurs minutes et une heure et disparaissent progressivement.
En cas d’anxiété générée par les symptômes, ces derniers peuvent se prolonger ou se manifester de nouveau rapidement après la crise.
Les symptômes de la spasmophilie sont-ils permanents ?
Les symptômes de la spasmophilie peuvent générer du stress et de la fatigue, auto-entretenant les symptômes.
En effet, les symptômes physiques peuvent être inquiétants (douleurs, palpitations…) ou être à l’origine de la fatigue (troubles du sommeil, troubles digestifs…), ce qui augmente la sécrétion d’adrénaline et donc l’excitabilité neuromusculaire. C’est pourtant cette hyperexcitabilité qui serait à l’origine des crises de spasmophilie.
On est alors face à un cercle vicieux où les symptômes deviennent les causes, même en l’absence de facteur extérieur déclenchant.
En l’absence de traitement, les symptômes de la spasmophilie peuvent donc s’accentuer et isoler progressivement la personne qui en souffre.
Quel traitement pour la spasmophilie ?
Comment éviter les crises de spasmophilie ?
Puisque le corps médical peine à s’accorder sur le sujet de la spasmophilie, aucun traitement officiel n’est aujourd’hui validé pour la prévenir ou la traiter.
Pourtant, si la spasmophilie est une manifestation du trouble anxieux, je peux mettre en place des bonnes pratiques pour éviter la survenue d’une crise :
- Je limite ma consommation d’alcool et je ne consomme pas de drogue
- Je réduis ma consommation de caféine et de boissons excitantes
- Si je prends un traitement médicamenteux, je le suis scrupuleusement et je ne l’interromps pas sans avis médical
- J’adopte un mode de vie sain, en mangeant équilibré et en pratiquant une activité physique régulière
- Je mets en place de bonnes pratiques de sommeil
Le déficit en magnésium a été identifié dans les causes possibles de spasmophilie. Je peux donc consommer des aliments riches en magnésium, tels que les céréales complètes, des algues, du cacao, des graines oléagineuses (tournesol, pavot…) et des noix.
La spasmophilie étant accentuée par le stress, je peux également me tourner vers un psychologue ou un psychiatre. Les thérapies cognitives et comportementales ont fait leur preuve pour le traitement des troubles anxieux.
Enfin, les techniques de relaxation et de gestion du stress peuvent aider à prévenir les crises de spasmophilie. Je peux alors :
Si malgré tous ces conseils, les crises de spasmophilie se répètent, une prise en charge plus complète peut être nécessaire.
Comment soigner efficacement la spasmophilie ?
Soulager la crise de spasmophilie
En cas de crise de spasmophilie, l’objectif est d’interrompre la crise le plus tôt possible pour éviter le cercle vicieux des symptômes.
La pratique régulière de techniques de respiration et de méditation peut aider à limiter l’hyperventilation responsable de la tétanie.
Les méthodes conseillées pour la gestion d’une crise d’angoisse peuvent également être appliquées pour calmer la crise de spasmophilie :
- Je m’isole dans un endroit calme, loin des facteurs qui ont déclenché la crise
- Je me fais rassurer par quelqu’un qui connaît ma situation ou un médecin
- Je me concentre sur l’anxiété et non sur mes symptômes, en me répétant par exemple « Je suis en train de faire une crise de spasmophilie, les symptômes que je ressens ne mettent pas ma vie en danger. Ma crise va passer d’ici quelques minutes. »
- J’essaye de respirer calmement et normalement, en me concentrant sur ma respiration
- Je regarde l’heure pour constater que seulement quelques minutes se sont écoulée depuis le début de la crise, même si le temps paraît long
- Je visualiser des images relaxantes et apaisantes
Traiter la spasmophilie
Si la spasmophilie se manifeste de façon imprévisible, un traitement pourrait aider à espacer les crises, voire à les éliminer sur le long-terme.
Les psychiatres considèrent la spasmophilie comme une manifestation du trouble anxieux. Il est donc nécessaire de travailler sur l’anxiété.
Les psychothérapies ont fait leurs preuves dans le traitement des troubles anxieux et sont parfois suffisantes pour régler le problème. En général, il faut 10 à 25 séances de thérapie cognitive et comportementale (TCC), seul ou en groupe, pour réduire l’anxiété responsable de la spasmophilie.
Lors de ces séances, je pourrai en apprendre plus sur mon trouble et me familiariser avec les symptômes, pour réduire leur caractère anxiogène. Je travaillerai également sur les comportements renforçant l’anxiété et la spasmophilie.
Certains médicaments peuvent également être prescrits par un psychiatre ou un médecin pour réduire les crises d’angoisse aiguës. Il s’agit principalement des antidépresseurs. Toutefois, ces médicaments présentent des effets secondaires et ne sont pas proposés en première intention.
En cas de déficit en magnésium ou en calcium, une supplémentation peut être indiquée. En effet, le magnésium joue un rôle fondamental dans l’excitabilité neuromusculaire et son déficit peut accentuer les mécanismes d’anxiété et d’émotivité, ainsi que les troubles du sommeil.
La spasmophilie est un trouble complexe qui nécessite une prise en charge par un professionnel de santé.
Quel médecin consulter pour la spasmophilie ?
Si je pense être atteint de spasmophilie, je peux tout d’abord consulter un médecin généraliste qui m’orientera vers un spécialiste.
En cas d’anxiété, je peux également me tourner vers un psychologue ou un psychiatre pour commencer une psychothérapie.
Si les crises de spasmophilie empiètent sur ma vie privée et professionnelle, je n’attends pas pour consulter. La prise en charge précoce de la spasmophilie évitera de tomber dans le cercle vicieux des symptômes et l’isolement qui peut en découler.
Vous faîtes face à un problème de santé aigu ? Pensez à la téléconsultation !
Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé
Sources :
- Ameli - Qu'est-ce qu'un trouble panique ?
- Christel Veyret Arnaud. Données récentes sur la spasmophilie. Sciences pharmaceutiques. 1993.
- Delvaux, Muriel & Fontaine, Philippe & Bartsch, Pierre & Fontaine, Ovide. (1998). Tétanie, spasmophilie, syndrome d'hyperventilation : synthèse théorique et thérapeutique. Revue médicale de Liège. 53.
- VIDAL – Les symptômes et les causes de l’anxiété