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Crise de spasmophilie : quel lien avec le trouble panique ?

La spasmophilie, terme popularisé dans les années 1970, fait encore débat : certains cliniciens y voient une entité spécifique, d’autres un spectre de trouble anxieux masqués. Pourtant, les épisodes hyperventilatoires, les paresthésies ou la sensation de perdre le contrôle demeurent bien réels pour les patients – majoritairement des femmes – souffrant de crises récurrentes.

Comprendre cette pathologie demande d’examiner à la fois les mécanismes neurobiologiques (fluctuations de la sérotonine, dysrégulation respiratoire) et les facteurs psychologiques (hypervigilance, anticipation d’un nouvel épisode).

 

Qu'est-ce que la spasmophilie ?

 

La spasmophilie désigne un ensemble de manifestations neuromusculaires – fourmillements, contractures, paresthésies – survenant souvent dans un contexte d’hyperventilation excessive. Les manifestations associent symptômes physiologiques (picotements, tremblements) et signes mentaux (peur de « devenir fou », impression d’imminence de crise cardiaque). Les épisodes s’accompagnent parfois d’atteintes digestives comme les nausées ou d’une gêne respiratoire liée à la baisse de CO₂ sanguin.

 

Spasmophilie et tétanie : quelle différence ?

La tétanie désigne une contracture musculaire durable, liée classiquement à une hypocalcémie. En spasmophilie, la contracture est brève, déclenchée par l’hypocapnie de l’hyperventilation. La distinction est clinique : la tétanie authentique nécessite une correction ionique urgente ; la spasmophilie relève davantage d’un trouble d’anxiété avec expression somatique.

 

Qu’est ce que le trouble anxieux ?

 

Le trouble anxieux est un syndrome vaste regroupant 6 types de manifestation :

Pour les chercheurs, la spasmophilie serait simplement une manifestation nerveuse du trouble panique.
En effet, lors d’une crise d’angoisse, de nombreux troubles psychiques et physiques peuvent survenir.

Parmi ceux-ci, une accélération de la respiration (hyperventilation) peut entraîner une tétanie périphérique, c’est-à-dire des contractions et des spasmes dans les extrémités. 

 

Quelles sont les causes possibles de la spasmophilie ?

 

Terrain anxieux et stress chronique

Une personnalité anxieuse, un vécu de peurs multiples ou des épisodes répétés de crises de panique créent un terrain propice. Les attaques de panique sont décrites comme des vagues de peur intense apparaissant soudainement ; la spasmophilie partage cette brusque montée d’angoisse, mais l’axe neurovégétatif domine.

Le cercle vicieux hyperventilation-hypocapnie amplifie ensuite paresthésies et contractures. La fatigue et le manque de sommeil, la consommation excessive d’alcool peuvent favoriser le déclenchement d’une crise.

Un des symptômes de la spasmophilie est une grande fatigue

Quelles sont les carences en magnésium ou calcium ?

De nombreuses études des années 1980 ont exploré la piste des déficits ioniques. Une hypomagnésémie légère – fréquente en période de stress ou dans l’adolescence – pourrait abaisser le seuil d’excitabilité neuromusculaire.

 

Pourquoi ces carences favorisent les crises ?

Le magnésium module la transmission calcique ; une carence modifie l’entrée de calcium dans la cellule et facilite la dépolarisation. En parallèle, la diminution du calcium ionisé due à l’hyperventilation renforce la tétanie périphérique. Ces modifications physiologiques ne suffisent pas seules : le stress agit comme facteur capable de déclencher la crise.

 

Quels sont les symptômes typiques d’une crise de spasmophilie ?

 

Quelles sont les manifestations physiques les plus fréquentes ?

  • paresthésies des mains et du visage ;
  • tremblements fins ou secousses musculaires ;
  • contractions carpopédales ;
  • oppression thoracique avec accélération du rythme cardiaque ;
  • maux de tête ;
  • crampes ;
  • gêne respiratoire, parfois dystonie laryngée transitoire.

Ces signes s’accompagnent souvent d’une sensation d’« avoir peur de mourir », de nausées et d’une spasmophilie aiguë.

 

Comment diagnostiquer la spasmophilie ?

 

Quand faut-il consulter un professionnel de santé ?

Toute première crises d’angoisse avec oppression thoracique ou étourdissements impose une évaluation pour éliminer une urgence organique (infarctus, embolie pulmonaire). Les personnes souffrant de récidives malgré l’apprentissage de la ventilation contrôlée doivent également être orientées.

 

Quels sont les examens médicaux utiles en cas de crise de spasmophilie ?

Le bilan standard inclut : ECG, ionogramme sanguin, gazométrie artérielle pendant la crise, dosage magnésium-calcium. Ces tests visent à documenter l’alcalose respiratoire et à exclure une étiologie pathologique organique.

 

Le diagnostic différentiel : spasmophilie ou autre trouble ?

Les tableaux à évoquer sont les suivants : attaque de panique, hypoglycémie, épilepsie partielle, hypocalcémie vraie, mais aussi anxiété généralisée où les symptômes persistent en dehors des crises. L’absence de marqueur biologique rend l’analyse diagnostique clinique, fondée sur l’analyse temporelle des symptômes et leur lien au stress.

Quels sont les traitements utiles contre la spasmophilie ?

 

Prise en charge médicale : que propose le médecin ?

En phase aiguë : respiration dans un sac, relaxation guidée, yoga, méditation. Lorsque l’angoisse déborde, une courte prescription d’anxiolytiques de la classe des benzodiazépines peut être discutée ; leur usage doit rester ponctuel pour éviter dépendance et évitement du travail psychothérapeutique. Les bêtabloquants réduisent les palpitations, mais n’agissent pas sur le noyau anxieux.

 

Quelles sont les approches naturelles et complémentaires ?

Voici deux approches efficaces : cohérence cardiaque et activité physique régulière. Ces mesures atténuent la réactivité neurovégétative et soutiennent la santé mentale globale.

 

Quelles sont les thérapies psychocorporelles efficaces ?

La thérapie comportementale et cognitive (TCC), pratiquée par le psychiatre ou le psychologue cible les pensées catastrophiques, l’hypervigilance corporelle et l’anticipation anxieuse. Des exercices d’exposition contrôlée à l’hyperventilation permettent de dissocier symptômes somatiques et crainte de perdre le contrôle.

La psychothérapie, seul ou en groupe, peut soulager la spasmophilie

Comment limiter les crises de spasmophilie ?

 

Respirer lentement par le nez, pratiquer une activité régulière, dormir suffisamment. Une hygiène de vie stable réduit les fluctuations neurovégétatives. Repérer les signaux précoces (paresthésies, hausse du rythme cardiaque) permet une intervention précoce avant l’escalade.

 

FAQ – Réponses aux questions fréquentes sur la spasmophilie

 

Quelle est la différence entre spasmophilie et crise d’angoisse ?

La crise d’angoisse se définit par une peur intense et un pic d’adrénaline ; la spasmophilie se manifeste surtout par des signes musculaires dus à l’hyperventilation, même si les deux entités se chevauchent.

La spasmophilie est-elle reconnue comme une maladie ?

Elle ne figure plus dans les classifications internationales, mais le corps médical reconnaît la réalité clinique des symptômes et l’influence d’un terrain anxieux.

Peut-on guérir de la spasmophilie ?

Avec un accompagnement multidisciplinaire, la majorité des patients apprennent à contrôler les épisodes ; la prévention prime sur le traitement curatif.

 


Propos écrits par Amanda Huguet-Millot, Diététicienne-Nutritionniste et Ingénieure en Alimentation & Santé

 

 

Sources :